Début du contenu principal.
Les autorités ont indiqué que certaines personnes avaient été blessées en s'enfuyant après les explosions.
Deux explosions survenues en Iran lors d'une commémoration pour un général ont fait au moins 95 morts et 211 blessés, mercredi, alors que la région reste sous tension en raison de la guerre menée par Israël contre le Hamas dans la bande de Gaza.
Le bilan initial faisait état de 103 morts, mais il a été revu à la baisse à 95 victimes en raison de doublons qui s'étaient glissés sur la liste publiée peu de temps après les détonations, selon le ministre de la Santé de l'Iran, Bahram Einollahi.
Personne n'a immédiatement revendiqué la responsabilité de ce qui semble être l'attaque militante la plus meurtrière à viser l'Iran depuis sa révolution islamique de 1979. Les dirigeants iraniens ont promis de punir les responsables des explosions, qui ont blessé au moins 211 personnes.
Les deux explosions, qui se sont produites à quelques minutes d'intervalle, ont secoué la ville de Kerman, à environ 820 kilomètres au sud-est de la capitale, Téhéran, et ont projeté des éclats d'obus dans une foule hurlante qui fuyait la première explosion.
Le rassemblement marquait le quatrième anniversaire de l'assassinat du général Qassem Soleimani, chef de la force d'élite des Gardiens de la révolution, lors d'une attaque de drone américain en Irak. Les explosions se sont produites près de sa tombe, alors que de longues files de personnes se rassemblaient pour l'événement.
La télévision d'État et les autorités iraniennes ont décrit les attaques comme des attentats à la bombe, sans donner immédiatement de détails précis sur ce qui s'est passé.
Le ministre iranien de l'intérieur, Ahmad Vahidi, a déclaré à la télévision d'État que la première bombe avait explosé vers 15 heures et que l'autre avait été déclenchée une vingtaine de minutes plus tard. Il a précisé que c'est la seconde explosion qui a fait le plus de morts et de blessés.
Les images et les vidéos diffusées sur les réseaux sociaux semblent correspondre aux récits des autorités, qui ont déclaré que la première explosion s'était produite à environ 700 mètres de la tombe de Soleimani, dans le cimetière des martyrs de Kerman, près d'un stationnement. La foule s'est ensuite précipitée vers l'ouest, le long de la rue Shohada, où la seconde explosion s'est produite à environ 1 kilomètre de la tombe.
Une seconde explosion retardée est souvent utilisée par les militants pour faire plus de victimes en ciblant le personnel d'urgence qui intervient lors d'une attaque.
Attention, la vidéo suivante pourrait ne pas convenir à toutes les audiences.
La télévision d'État iranienne et l'agence de presse gouvernementale IRNA ont cité des responsables des services d'urgence pour expliquer le nombre de victimes. Les autorités ont déclaré que la journée de jeudi serait une journée de deuil national.
Le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, a déclaré que les auteurs de l'attentat feraient l'objet d'une «réponse sévère», sans toutefois nommer de suspects éventuels. Le président iranien Ebrahim Raisi a ajouté qu’ «il ne fait aucun doute que les auteurs et les responsables de cet acte lâche seront bientôt identifiés et punis».
L'Iran a de nombreux ennemis qui pourraient être à l'origine de cet assaut, notamment des groupes d'exilés, des organisations militantes et des acteurs étatiques.
Si Israël a mené des attaques en Iran au sujet de son programme nucléaire, il a procédé à des assassinats ciblés et non à des attentats à la bombe faisant de nombreuses victimes. Des groupes extrémistes sunnites, dont le groupe État islamique, ont mené par le passé des attaques de grande envergure qui ont tué des civils dans l'Iran à majorité chiite, mais pas à Kerman, une ville relativement paisible.
L'Iran a également été le théâtre de manifestations de masse ces dernières années, notamment à la suite de la mort de Mahsa Amini, 22 ans, en 2022. Le pays a également été la cible de groupes d'exilés lors d'attaques remontant aux troubles qui ont entouré la révolution islamique de 1979.
L'Iran lui-même a armé des groupes militants au fil des décennies, notamment le Hamas, la milice chiite libanaise Hezbollah et les rebelles houthis du Yémen. Alors qu'Israël mène une guerre dévastatrice à Gaza après les attaques du Hamas qui ont fait 1200 morts le 7 octobre, le Hezbollah et les Houthis ont lancé des attaques contre Israël qu'ils disent être menées au nom des Palestiniens.
Israël est soupçonné d'avoir lancé une attaque mardi qui a tué un chef adjoint du Hamas à Beyrouth, mais cette attaque a fait peu de victimes dans un quartier densément peuplé de la capitale libanaise. La semaine dernière, une frappe israélienne présumée a tué un commandant des gardiens de la révolution en Syrie.
Un porte-parole des Houthis, Mohammed Abdel-Salam, a cherché à relier les attentats à la bombe au «soutien de l'Iran aux forces de la résistance en Palestine et au Liban», bien qu'il n'a pas spécifiquement accusé qui que ce soit d'être à l'origine de l'attaque.
À Beyrouth, le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a qualifié les personnes qui ont péri dans les attentats de «martyrs qui sont morts sur la même route, pour la même cause et dans la même bataille que celle menée par» Soleimani.
Le président russe Vladimir Poutine a qualifié l'attentat de «choquant par sa cruauté et son cynisme», tandis que le président turc Recep Tayyip Erdogan a condamné les «attaques terroristes odieuses».
L'Irak, pays voisin, a présenté ses condoléances et l'Union européenne a publié une déclaration dans laquelle elle exprime sa «solidarité avec le peuple iranien».
Soleimani était l'architecte des activités militaires régionales de l'Iran et est considéré comme une icône nationale par les partisans de la théocratie iranienne. Il a également contribué à consolider le gouvernement du président syrien Bachar Assad après que les manifestations du printemps arabe de 2011 contre ce dernier se soient transformées en une guerre civile, puis régionale, qui fait toujours rage aujourd'hui.
Soleimani était relativement peu connu en Iran jusqu'à l'invasion de l'Irak par les États-Unis en 2003. Sa popularité et sa mystique se sont accrues après que des responsables américains ont demandé son assassinat pour avoir aidé à armer des militants avec des bombes pénétrantes placées en bord de route, qui ont tué et mutilé des troupes américaines.
Dix ans et demi plus tard, Soleimani est devenu le commandant iranien le plus connu sur le champ de bataille. Il a ignoré les appels à entrer en politique, mais il est devenu aussi puissant, sinon plus, que les dirigeants civils.
Finalement, une attaque de drone lancée par l'administration Trump a tué le général, dans le cadre d'une escalade d'incidents qui ont suivi le retrait unilatéral de l'Amérique, en 2018, de l'accord nucléaire conclu entre Téhéran et les puissances mondiales.
La mort de Soleimani a donné lieu à de grandes processions par le passé. Lors de ses funérailles en 2020, une bousculade a éclaté à Kerman et au moins 56 personnes ont été tuées et plus de 200 ont été blessées alors que des milliers de personnes se pressaient dans le cortège.
Jusqu'à mercredi, l'attentat le plus meurtrier commis en Iran depuis la révolution était l'attentat au camion piégé perpétré en 1981 contre le siège du Parti républicain islamique à Téhéran. Cet attentat a tué au moins 72 personnes, dont le chef du parti, quatre ministres du gouvernement, huit vice-ministres et 23 membres du parlement.
En 1978, juste avant la révolution, un incendie intentionnel au Cinema Rex d'Abadan a tué des centaines de personnes.