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«Là où il n’y a pas d’ordonnance, les charlatans apparaissent.»
L’influenceur québécois Lou Leclair fait la manchette depuis quelques jours depuis qu’il a effectué la promotion du jeûne à ses quelque 62 000 abonnés, et ce, en ne possédant aucune expertise en nutrition. Le jeune homme vantait la pratique en la qualifiant d'«incroyable».
Dans une publication désormais effacée, Lou Leclair-Pronce (@louleclair) affirmait s’être privé de nourriture pendant 62 heures et écrivait qu’on nous a «rendu dépendant de la surconsommation […] et de tout pleins (sic) d'illusions». Ses propos ont été dénoncés par plusieurs spécialistes du milieu.
Les déclarations de l'instagrammeur sont pourtant loin d’être uniques. Noovo Info s’est penché sur la question.
Pour le nutritionniste Bernard Lavallée, connu également sous le pseudonyme Le Nutritioniste Urbain (@nutritionnisteurbain), ces discours sont largement répandus sur les réseaux sociaux. Ce dernier affirme qu’il y a une «explosion de gens sur les médias sociaux qui vont se nommer comme des spécialistes de la nutrition, des coachs en nutrition, professionnels de la perte de poids qui sont, au fond, associés à des compagnies de marketing». Ces compagnies font des affaires en vendant des produits tels des shakes, des poudres pour l'entraînement et autres suppléments nutritifs.
Bernard Lavallée ajoute que plusieurs se présentent comme des «consultants» ou des coachs sportifs, et vont également fournir des conseils sur la santé. Les déclinaisons «sont multiples», remarque le professionnel.
Prodiguer des conseils en santé sans expertise est une pratique qui peut s'avérer illégale. «Une personne ne peut pas utiliser le titre de (diététiste ou nutritionniste), ou un autre titre qui laisse croire qu’il est membre d'un ordre», a soutenu Paule Bernier, présidente de l’Orde des Diététistes-nutritionnistes du Québec, lors d’une entrevue accordée à Noovo Info. Parmi les titres qui ne peuvent être utilisés sans réelles expertises, on retrouve notamment : coach en nutrition, expert en nutrition, nutritionniste holistique.
«Si la personne détient une ordonnance d’un médecin qui lui a dit d’aller voir une nutritionniste, c’est une activité réservée pour les nutritionnistes; là où il n’y a pas d’ordonnance, c’est à ce moment qu’on voit apparaître tous les charlatans», précise Mme Bernier.
La présidente de l’Ordre a par ailleurs confirmé qu’une demande a été effectuée pour que le Code des professions soit modifié afin de «sceller la faille».
D'après un reportage de Camille Lopez pour Noovo Info