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Un juge du Québec a ordonné à la Sûreté du Québec (SQ) et au Service de police de Montréal (SPVM) de verser plus de 290 000 $ en dommages-intérêts à quatre victimes de la fusillade du soir des élections de 2012 à Métropolis.
La classe politique à Québec accueille avec satisfaction le jugement de la Cour supérieure qui écorche le travail des policiers lors de l'attentat du Métropolis survenu le soir des élections du 4 septembre 2012 alors que Pauline Marois prononçait le discours de la victoire de son gouvernement péquiste. La Sûreté du Québec (SQ) assure, quant à elle, avoir appris de cet événement tragique.
Le tribunal a rendu sa décision dans la poursuite civile intentée par des survivants contre la SQ et le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM). Le juge Philippe Bélanger a condamné les deux corps policiers à verser une indemnisation totalisant près de 292 000 $ aux quatre machinistes travaillant ce soir-là dans la salle de spectacle du centre-ville de Montréal.
Guillaume Parisien, Audrey Dulong-Bérubé, Jonathan Dubé et Gaël Ghiringhelli ont dit avoir avoir souffert de troubles de stress post-traumatique et d'autres troubles psychologiques à la suite de cette tragédie où un tireur avait comme but de tuer Mme Marois, alors nouvellement première ministre.
Voyez le reportage de Simon Bourassa au bulletin Noovo Le Fil 17 dans la vidéo.
Avec une seule balle, Richard Henry Bain a tué Denis Blanchette et a blessé gravement David Courage, un autre technicien. Bain a été reconnu coupable, en 2016, d'un chef de meurtre au deuxième degré et de trois chefs de tentative de meurtre.
Le juge a conclu que «l'absence de présence policière et d'un périmètre de sécurité à l'arrière du Métropolis constituait une faille importante (du) plan de sécurité (de la police), dont a tragiquement profité Richard Henry Bain».
Ce constat n'étonne pas le nouveau ministre de l'Éducation, Bernard Drainville, qui était présent sur les lieuxalors qu'il venait d'être réélu pour une troisième fois sous la bannière péquiste .
«Depuis que c'est arrivé, on se demande comment ce gars-là a pu s'approcher d'aussi près de la nouvelle première ministre et de tous ces gens réunis au Métropolis. On l'a échappé belle cette journée-là», a déclaré M. Drainville.
Il espère que les services policiers en ont tiré des leçons pour éviter de nouveau ce genre de drame. Un souhait partagé par le chef intérimaire du Parti libéral du Québec, Marc Tanguay.
«C'était une attaque à toute la démocratie québécoise. (...) Je pense qu'il y a une bonne sécurité autour des élus, mais c'est toujours perfectible. Et je pense que là les corps policiers ont une analyse à faire pour dire: ``il faut s'assurer que plus jamais ça ne se produise»«, a commenté le leader de l'opposition officielle.
La SQ a réagi par voie de communiqué à la décision du tribunal. Par l'entremise de l'inspecteur-chef Patrice Cardinal, elle assure avoir «ajusté ses façons de faire» depuis cet événement.
Parmi les ajustements apportés, il y a un meilleur arrimage avec ses différents partenaires pour la planification et la sécurisation des sites, ainsi que des changements en matière d'élaboration des plans de sécurité, des formations et de l'évolution du renseignement, énumère le corps policier.
«Il est à noter que tous ces moyens ont déjà été déployés lors de précédentes campagnes et que les élections de 2014, de 2018 et de 2022 se sont déroulées sans incident», indique M. Cardinal.
Le porte-parole de Québec solidaire pour la métropole, Vincent Marissal, affirme avoir en effet observé des améliorations dans la sécurité autour des élus. Il considère par ailleurs le jugement comme une «bonne étape de guérison» pour les victimes.
«On va se le dire franchement: la police a merdé ce soir-là, c'est clair. Prenons en note. Si la police n'a pas fait son travail, il faut que ce soit dit quelque part», a affirmé le député de Rosemont.
Le chef du PQ, Paul St-Pierre Plamondon, a aussi constaté que la SQ a apporté «beaucoup de changements» qui ont pu être visibles au cours de la dernière campagne électorale, mentionne-t-il. La formation souverainiste déplore toutefois que le corps policier ait tenté de camoufler pendant le procès des informations sur l'enquête de l'attentat.
«Si on a cherché à cacher certains aspects de ce qui s'est passé au Métropolis, ça ce n'est pas acceptable. Mais est-ce que la situation a évolué en termes de manière de fonctionner? Vraisemblablement oui», a soutenu M. St-Pierre Plamondon.
Son confrère Joël Arseneau, député des Îles-de-la-Madeleine, espère que les services policiers n'iront pas en appel de la décision.