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Le procès de Carl Girouard est entré dans son dernier droit mercredi avec le début des plaidoiries.
Dans le dernier droit du procès de Carl Girouard, l'avis des experts venus témoigner s'est de nouveau retrouvé discréditer de part et d'autre lors des plaidoiries mercredi.
La défense, qui tente de convaincre que son client était dans un état de délire au moment de perpétrer une série d'agressions au sabre dans les rues du Vieux-Québec, le soir de l'Halloween 2020, a lancé le bal.
Procès de Carl Girouard- plaidoiries- La Défense revient sur certains passages du rapport de son expert qui appuient son diagnostic selon lequel l'accusé souffre de schizophrénie et qu'il était en délire lorsqu'il a tué des gens avec un sabre. #noovoinfo
— Laurence Royer (@laurenceroyer4) May 11, 2022
L'avocat Pierre Gagnon s'est attaqué à la crédibilité des deux experts appelés par la poursuite, le psychiatre Dr Sylvain Faucher et le neuropsychologue William Pothier. Tous les deux ont rejeté la thèse selon laquelle l'accusé souffrait de schizophrénie lors des meurtres.
Me Gagnon a reproché aux témoins de la Couronne d'avoir basé leurs analyses en ignorant la prise d'un médicament antipsychotique chez Girouard, une «erreur fondamentale», selon l'avocat.
«Au moment où (Dr Pothier) lui fait passer des tests, il est d'avis que Carl Girouard n'a pas reçu de médication antipsychotique. (...) Mais, c'est faux, on le sait maintenant», a fait valoir Me Gagnon.
«Quelle valeur peut-on donner à ces résultats quand les prémisses sont fausses?», s'est questionné Me Gagnon, estimant que l'absence de cette information s'est ensuite répercutée sur le travail du Dr Faucher.
Girouard avait cessé de prendre du Seroqual- un médicament pour traiter les symptômes de la schizophrénie- depuis trois semaines ou un mois au moment des tests psychométriques, a indiqué l'avocat, et ce médicament peut faire effet jusqu'à un mois, d'après les explications de l'expert de la défense, le Dr Gilles Chamberland.
L'avocat a également reproché au Dr Faucher d'avoir donné des «exemples boiteux» et de s'être livré à un «duel» avec la défense lors du contre-interrogatoire.
En revanche, Me Gagnon a vanté pendant plusieurs minutes le parcours professionnel du Dr Chamberland. Le psychiatre a déclaré aux jurés que le soir des meurtres, l'accusé souffrait de schizophrénie et de délire psychotique.
Me Gagnon a invité les jurés à prendre en compte l'expérience «hors pair» et l'expertise reconnue du psychiatre durant leurs délibérations.
Me Gagnon a repris plusieurs passages du rapport du Dr Chamberland pour souligner que plusieurs comportements de l'accusé se rattachent à la schizophrénie et le trouble du spectre de l'autisme. Si cette dernière condition n'a pas contribué aux événements, elle a dissimulé l'apparition de la schizophrénie chez Girouard, a soutenu l'avocat.
L'achat de différents masques pour un total de 2500 $ et de plusieurs sortes de gants avant de commettre ses gestes, est un des indicateurs pointant vers un état de délire, a souligné Me Gagnon.
L'accusé, âgé de 26 ans, fait face à deux chefs de meurtre au premier degré et à cinq chefs de tentative de meurtre. Il a reconnu les attentats, mais maintient qu'il n'était pas criminellement responsable de ses actes pour cause de troubles mentaux.
L'avocat de la Couronne a pour sa part invité les membres du jury à s'interroger sur certains manquements au travail du Dr Chamberland.
Me François Godin a reproché entre autres à l'expert de la défense de ne pas avoir demandé les rapports des différents intervenants qui ont rencontré Girouard immédiatement après les événements et dans les jours suivants.
«N'était-il pas de sa responsabilité d'avoir le maximum d'informations avant de soumettre son opinion?», a soutenu l'avocat, qui avance que les gestes criminels de l'accusé étaient prémédités et qu'il savait distinguer le bien du mal lors des attaques.
D'entrée de jeu dans son plaidoyer, Me Godin a déclaré que la question «cruciale» pour le jury est: comment l'accusé a-t-il pu sortir de sa psychose en «un claquement de doigts» sans médication?
Si plus tard un antipsychotique lui a été prescrit, il s'agissait d'abord d'une dose pour dormir et ensuite d'une dose «basse», a déclaré l'avocat de la Couronne.
La disparition soudaine de la «mission» que Girouard a dit combattre pendant des années suscite aussi un questionnement. Tout comme le but derrière d'alerter ses «alter-ego», a évoqué Me Godin.
«Comment expliquer que 48 à 72 heures après, ça n'existe plus? Il n'en parle jamais. (...) En aucun temps, il ne parlera du bien-fondé de sa mission», a soutenu Me Godin.
Les précautions qu'il prend, sa démarche, son comportement et sa posture, avant et pendant les événements, démontrent que Girouard savait ce qu'il faisait, selon la poursuite.
«Alors qu'il serait en psychose, comment expliquer qu'il rentre le bon trajet GPS, respecte les limites de vitesse, met ses clignotants, fait ses arrêts obligatoires, se stationne en parallèle dans les rues étroites du Vieux-Québec?», a soumis l'avocat au jury.
La manipulation d'un sabre mesurant 77 centimètres de long nécessite un certain niveau de conscience, a également évoqué Me Godin.
Le jury doit débuter ses délibérations en début de semaine prochaine, après que le juge aura donné ses dernières indications jeudi et lundi.