Passer au contenu principal
À voir:

Début du contenu principal.

International

Assaut du Capitole: Biden pardonne des personnes qui pourraient être ciblées par Trump

«Notre nation a une dette de gratitude envers ces fonctionnaires pour leur engagement inlassable en faveur de notre pays.»

Comité chargé enquêté sur l'assaut du 6 janvier - photo datant d'octobre 2022
Comité chargé enquêté sur l'assaut du 6 janvier - photo datant d'octobre 2022
Colleen Long et 
Zeke Miller / Associated Press

Le président Joe Biden a gracié le docteur Anthony Fauci, le général à la retraite Mark Milley et les membres de la commission de la Chambre qui a enquêté sur l'attaque du 6 janvier contre le Capitole, utilisant les pouvoirs extraordinaires de sa fonction dans ses dernières heures pour se prémunir contre une éventuelle vengeance de la nouvelle administration Trump.

La décision de M. Biden intervient après que Donald Trump eut prévenu qu'il avait une liste d'ennemis bien garnie, comprenant ceux qui l'ont contrarié politiquement ou qui ont cherché à lui demander des comptes sur sa tentative d'annuler sa défaite électorale de 2020 et son rôle dans la prise d'assaut du Capitole américain le 6 janvier 2021. 

M. Trump a sélectionné des candidats au cabinet qui ont soutenu ses mensonges électoraux et qui se sont engagés à punir ceux impliqués dans les efforts pour enquêter sur lui. 

«L’octroi de ces pardons ne doit pas être interprété comme une reconnaissance de la responsabilité d’un individu, ni comme une reconnaissance de culpabilité pour une quelconque infraction», a déclaré M. Biden dans un communiqué.

«Notre nation a une dette de gratitude envers ces fonctionnaires pour leur engagement inlassable en faveur de notre pays.»
- Extrait d'un communiqué de Joe Biden

À VOIR AUSSI | «Risque d'une guerre commerciale»: les impacts des tarifs douaniers de Donald Trump

Il est de coutume pour un président d’accorder la clémence à la fin de son mandat, mais ces actes de clémence sont généralement offerts à des Américains ordinaires qui ont été reconnus coupables de crimes. Mais Joe Biden a utilisé ce pouvoir de la manière la plus large et la moins courante: en pardonnant ceux qui n’ont même pas encore fait l’objet d’une enquête. Et avec l’acceptation vient un aveu tacite de culpabilité ou d’acte répréhensible, même si ceux qui ont été graciés n’ont pas été formellement accusés d’un quelconque crime.

«Ce sont des circonstances exceptionnelles, et je ne peux pas, en toute conscience, ne rien faire», a soutenu le président sortant, ajoutant que «même lorsque des individus n’ont rien fait de mal – et, en fait, ont fait ce qu’il fallait – et seront finalement exonérés, le simple fait de faire l’objet d’une enquête ou de poursuites peut nuire irrémédiablement à la réputation et aux finances». 

Des personnalités controversées

Le docteur Fauci a été directeur de l’Institut national des allergies et des maladies infectieuses pendant près de 40 ans et a été le conseiller médical en chef de M. Biden jusqu’à sa retraite en 2022. Il a aidé à coordonner la réponse de la nation à la pandémie de COVID-19 et a suscité la colère de M. Trump lorsqu’il a refusé de soutenir ses allégations infondées. Il est devenu la cible d’une haine intense de la part des gens de droite, qui lui reprochent les obligations de masque et d’autres politiques qui selon eux portaient atteinte à leurs droits, alors même que des dizaines de milliers d’Américains mouraient. 

Mark Milley, ancien chef d’état-major, avait qualifié M. Trump de fasciste et avait détaillé sa conduite lors de l’insurrection meurtrière du 6 janvier 2021. Il a dit qu'il était reconnaissant à M. Biden de l'avoir gracié.

«Je ne souhaite pas passer le temps qui me reste à lutter contre ceux qui cherchent injustement à se venger de ce qu'ils perçoivent comme une insulte», a-t-il affirmé par communiqué. «Je ne veux pas faire subir à ma famille, à mes amis et à ceux avec qui j'ai servi, les distractions, les dépenses et l'anxiété qui en découlent.»

Joe Biden accorde également des pardons aux membres et au personnel de la commission du 6 janvier, notamment aux anciens représentants Liz Cheney et Adam Kinzinger, tous deux républicains, ainsi qu’aux agents de la police du Capitole américain et de la police métropolitaine de Washington qui ont témoigné devant la commission. 

«Ces fonctionnaires ont servi notre nation avec honneur et distinction et ne méritent pas d'être la cible de poursuites injustifiées et motivées par des considérations politiques», a-t-il ajouté par communiqué.

Joe Biden a promis une transition en douceur vers la prochaine administration, invitant M. Trump à la Maison-Blanche et affirmant que la nation s’en sortirait bien, même s’il a mis en garde lors de son discours d’adieu contre une oligarchie croissante. Il a passé des années à avertir que l’ascension de M. Trump à la présidence constituerait une menace pour la démocratie. Sa décision de rompre avec les normes politiques avec les grâces préventives a été motivée par ces préoccupations. 

Un record des pardons

M. Biden a établi le record présidentiel du plus grand nombre de grâces et de commutations individuelles accordées. Il a annoncé vendredi qu'il commuerait les peines de près de 2500 personnes reconnues coupables d'infractions non violentes liées à la drogue. 

Il avait précédemment annoncé qu'il commuait les peines de 37 des 40 personnes dans le couloir de la mort fédéral, convertissant leurs peines en réclusion à perpétuité quelques semaines seulement avant l'entrée en fonction de Donald Trump, un fervent partisan de l'extension de la peine capitale. 

Au cours du premier mandat de M. Trump, une vague d'exécutions sans précédent, 13, s'était déroulée dans un laps de temps prolongé pendant la pandémie de COVID-19.

M. Biden n'est pas le premier à envisager de telles grâces préventives. Des collaborateurs de M. Trump l'ont envisagé pour M. Trump et ses partisans impliqués dans ses efforts infructueux pour renverser l'élection présidentielle de 2020, qui ont culminé avec la violente émeute au Capitole. Mais les grâces de M. Trump ne se sont jamais concrétisées avant qu'il ne quitte ses fonctions il y a quatre ans.

En 1974, le président Gerald Ford a accordé un « pardon complet, libre et absolu » à son prédécesseur, Richard Nixon, à la suite du scandale du Watergate. Il estimait qu'un éventuel procès « provoquerait un débat prolongé et conflictuel sur l'opportunité d'exposer à un nouveau châtiment et à une nouvelle dégradation un homme qui a déjà payé la peine sans précédent de renoncer à la plus haute fonction élective des États-Unis », comme l'indique la proclamation de grâce.

Colleen Long et 
Zeke Miller / Associated Press