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Certaines maladies caractérisées par des dépôts anormaux de protéine tau pourraient un jour être chose du passé grâce aux travaux d'un chercheur montréalais et de son équipe.
Certaines maladies caractérisées par des dépôts anormaux de protéine tau pourraient un jour être chose du passé grâce aux travaux d'un chercheur montréalais et de son équipe.
Ces maladies, dont les plus connues sont possiblement la maladie d'Alzheimer et le glaucome, sont collectivement connues sous le nom de tauopathies. Elles ont en commun une accumulation intracellulaire anormale de la protéine tau, au point où cela en devient toxique pour les neurones et mène à leur dégénérescence.
Le docteur Michel Cayouette, de l'Institut de recherches cliniques de Montréal, et ses collègues ont toutefois découvert qu'il est possible non seulement de faire disparaître ces dépôts, mais aussi de renverser les symptômes qu'ils causent en influant sur les niveaux d'une protéine appelée Numb.
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Les chercheurs ont tout d'abord constaté que l'inactivation de Numb dans des neurones de la rétine et dans les motoneurones de la moelle épinière accélérait la progression de la maladie et la perte de neurones, ce qui les a mis sur la piste de la découverte annoncée jeudi.
«On s'est demandés si on pouvait faire l'inverse, a dit le docteur Cayouette. Est-ce qu'on pourrait trouver un moyen d'augmenter les niveaux de cette protéine Numb dans les cellules? Et est-ce que ça pourrait devenir un outil thérapeutique?»
L'attention des chercheurs a rapidement été retenue par une forme bien spécifique de la protéine Numb, la Numb-72. Quand cette protéine était surexprimée et introduite dans les cellules neuronales malades, une diminution «très importante» des niveaux de tau était observée.
«Ça devient un outil thérapeutique parce qu'on peut cibler les niveaux de tau et les réduire simplement en introduisant une forme très spécifique de la protéine Numb dans les cellules neuronales», a résumé le docteur Cayouette.
Qui plus est, quand les chercheurs ont traité des souris malades vers la fin de leur étude, ils ont constaté non seulement un ralentissement de la progression de la maladie, à savoir que les neurones de la rétine mouraient moins rapidement que chez les souris traitées avec un placebo, mais aussi que la vision des petites bêtes s'améliorait ― en d'autres mots, que les symptômes de la maladie s'atténuaient.
Cette amélioration, a dit le docteur Cayouette, survient «fort probablement» parce que les niveaux de tau dans les neurones ont été ramenés à des niveaux fonctionnels.
«C'est super excitant, parce qu'il semble qu'en introduisant cette protéine Numb-72 dans les cellules, on réussit à améliorer la fonction neuronale, s'est enthousiasmé le chercheur. Même si on attrape les cellules à un moment où on en a perdu un certain nombre, on peut sauver les neurones qui restent. Et non seulement les sauver, mais les rendre encore plus fonctionnels et donc améliorer leur capacité à répondre et à médier la vision dans ce cas-ci.»
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Et comme la Numb-72 semble très précisément dédiée à la régulation de tau, les chercheurs n'ont pour le moment détecté aucun effet secondaire indésirable découlant de sa surexpression. Plusieurs autres études seront toutefois nécessaires afin de valider leurs conclusions, notamment sur des neurones humains et dans d'autres modèles animaux.
Ils envisagent le développement possible, dans plusieurs années, d'un médicament qui serait une forme tronquée de Numb-72, de manière à ne conserver que les parties vraiment essentielles de la protéine pour combattre les dépôts de tau.
«Ça fait presque 20 ans maintenant que j'ai un groupe de recherche ici, à l'IRCM, puis je dirais que c'est probablement la découverte qui est la plus proche d'une application possible chez l'humain», a conclu le docteur Cayouette.
Les conclusions de cette étude ont été publiées par le journal Science Advances.