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«Je pense que ce sont des nouvelles très importantes, surtout pour aider le grand public.»
Une perte de vision non traitée et une hypercholestérolémie comptent dorénavant parmi les facteurs de risque modifiables de la maladie d'Alzheimer.
Dévoilé tard mercredi, le rapport 2024 de la Commission permanente du journal médical The Lancet sur la prévention, l'intervention et les soins de la démence ajoutent ces deux facteurs aux 12 précédemment identifiés, pour un total de 14.
«Je pense que ce sont des nouvelles très importantes, surtout pour aider le grand public à bien comprendre quels sont les facteurs de risque modifiables de la maladie d'Alzheimer», a commenté Claire Webster, la fondatrice et présidente de Caregiver Crosswalk, une société de conseil qui propose des services de formation et de soutien pour aider les personnes à traverser le parcours de la maladie d'Alzheimer et/ou des maladies apparentées à la démence.
Les 12 facteurs de risque modifiables identifiés par l'édition 2020 du rapport étaient un plus faible niveau d'éducation, un traumatisme crânien, la sédentarité, le tabagisme, une consommation excessive d'alcool, l'hypertension, l'obésité, le diabète, la perte auditive, la dépression, des contacts sociaux occasionnels et une exposition à la pollution atmosphérique.
L'adoption de mesures pour réduire l'impact de ces facteurs, souligne The Lancet, «pourrait potentiellement prévenir 40 % de tous les cas de démence».
«Dans l'ensemble, il existe des preuves de haute qualité, cohérentes et biologiquement plausibles que l'hypercholestérolémie LDL au milieu de la vie est un facteur de risque de démence», peut-on lire dans le rapport.
L'excès de cholestérol dans le cerveau est associé à un risque accru d'accident vasculaire cérébral et au dépôt d'amyloïde ß et de tau dans le cerveau, suggérant un mécanisme potentiel pour le lien entre le cholestérol LDL et la démence, expliquent les auteurs du rapport.
De plus en plus de données confirment l'existence d'un lien entre la perte de vision non traitée et le risque de démence, ajoutent par ailleurs les auteurs, qui disent que «notre Commission n'a jamais considéré la perte de vision comme un facteur de risque de démence, mais de nouvelles données considérables sont apparues».
Les auteurs du rapport mentionnent notamment une méta-analyse qui a constaté une association entre les cataractes et la rétinopathie diabétique et une hausse du risque de démence. Aucune association du genre n'a toutefois été constatée avec le glaucome ou la dégénérescence maculaire liée à l'âge.
«Les mécanismes à l'origine de ces associations pourraient être une maladie sous-jacente, comme le diabète, qui est un facteur de risque de démence; la perte de vision elle-même, comme cela pourrait être le cas pour un effet possible de la chirurgie de la cataracte; ou des processus neuropathologiques communs à la rétine et au cerveau», écrivent-ils.
Il est clair que le traitement de la perte de vision présente une occasion de prévention de la démence, précisent les auteurs du rapport, au même titre que l'utilisation d'appareils auditifs semble réduire le risque de démence.
Tout comme un problème d'audition, a rappelé Mme Webster, une vision défaillante peut isoler l'individu socialement et possiblement mener à une dépression ― deux facteurs de risque modifiables déjà identifiés par The Lancet.
«Ça nous montre qu'il est très important de bien gérer nos comorbidités, a dit Mme Webster, qui est également la fondatrice du programme d’éducation de l’Université McGill sur la démence. L'hypertension artérielle ou le cholestérol LDL ne sont pas toujours évidents, surtout chez les gens qui sont en forme.»
Règle générale, poursuit-elle, le public comprend mal «la corrélation entre la santé de notre cœur et la santé de notre cerveau, et la meilleure façon de bien nous occuper de notre cerveau est de prendre soin de notre santé cardiovasculaire».
«Les gens ne comprennent pas que pour éviter la démence, vous devez vraiment gérer votre santé cardiaque, ce qui signifie gérer votre cholestérol, votre tension artérielle, votre poids, ne pas fumer», a ajouté Mme Webster, qui plaide en faveur d'une sensibilisation des jeunes aux facteurs de risque.
«Tout le monde a peur de la démence, mais les gens ne comprennent pas qu'il faut faire de l'exercice, gérer son poids et gérer sa consommation d'alcool.»
On estime que 57 millions de personnes vivaient avec une forme de démence en 2019, un nombre qui devrait bondir à 153 millions d'ici 2050.