Début du contenu principal.
Justin Trudeau a dressé un parallèle mardi entre le dossier des allégations d'ingérence chinoise dans les campagnes électorales de candidats fédéraux en 2019 et la remise en question, aux États-Unis, de la légitimité des dernières élections.
Le premier ministre Justin Trudeau a dressé un parallèle mardi entre le dossier des allégations d'ingérence chinoise dans les campagnes électorales de candidats fédéraux en 2019 et la remise en question, aux États-Unis, de la légitimité des dernières élections.
À son arrivée à une réunion du conseil des ministres, M. Trudeau a assuré que son gouvernement «prend très au sérieux» les informations rapportées par le réseau Global plus tôt ce mois-ci. Or, il a du même souffle maintenu que les rapports faits par un «comité indépendant» en matière de renseignements ont conclu que l'intégrité des deux dernières élections fédérales, en 2019 et en 2021, «n'a pas été compromise».
«L'important, c'est qu'on est en train de voir un petit peu, en ce moment, des gens jouer des jeux qu'on a vus au sud de la frontière, de dire ''ah, les élections ont été non légitimes, on a perdu à cause de l'influence d'autres pays". Ça, c'est extrêmement sérieux comme allégations», a-t-il dit.
Selon le reportage de Global qui a remis à l'avant-plan la question des tentatives d'ingérence étrangères, des sources anonymes ont affirmé que le premier ministre a été informé en janvier dernier que la Chine avait notamment financé au moins 11 candidats aux élections fédérales de 2019.
À lire également : Trudeau dit ne pas avoir été informé du financement chinois à des candidats en 2019
Comme il l'a fait au courant de la fin de semaine à Djerba, en Tunisie, le premier ministre a nié avoir reçu une quelconque information en ce sens. Invité à dire s'il allait poser des questions à ses conseillers au sujet de ce reportage, il s'est défendu.
«On s'est tourné vers nos services de renseignement et on a dit ''Regardez attentivement ces rapports. Allez au fond des choses, et en plus rapportez ce que vous allez pouvoir dire au comité parlementaire qui va être établi là-dessus".»
Le lien fait par M. Trudeau entre les allégations concernant la Chine et la négation des résultats électoraux américains ayant porté au pouvoir Joe Biden a fait bondir le leader parlementaire bloquiste Alain Therrien.
«Quand les oppositions questionnent, il fait le fanfaron. Ce matin en point de presse, il les a comparées à Donald Trump. Un vrai champion!», a-t-il déploré durant la période des questions, accusant M. Trudeau de manquer de transparence.
Selon M. Therrien, M. Trudeau contourne la réelle question dans ce dossier. «Il n'y a personne qui remet en doute l'intégrité des élections. Ce n'est pas ça l'enjeu, mais qu'il y a une puissance étrangère qui essaie d'interférer dans notre démocratie et le premier ministre ne donne pas l'heure juste.»
L'opposition officielle croit aussi que le chef libéral évite des questions puisqu'ils estiment, pour leur part, que ce dernier se limite à dire qu'il n'a pas été informé de paiements visant les 11 candidats.
«Cela ne répond pas, bien entendu, à la réponse plus large, à savoir si le premier ministre a été mis au courant d'une ingérence de Pékin. L'a-t-il été, oui ou non?» a lancé le porte-parole conservateur en matière de réforme démocratique, Michael Cooper. Pam Damoff, secrétaire parlementaire du ministre de la Sécurité publique, a donné la réplique pour reprendre, grosso modo, les propos de M. Trudeau, mais sans référence aux États-Unis.
Questionné en mêlée de presse sur le rapprochement avec le contexte américain, son collègue Pierre Paul-Hus a répondu que son parti «veut simplement savoir, vraiment, ce qui s'est passé».
Aux yeux du chef adjoint du Nouveau Parti démocratique (NPD), Alexandre Boulerice, M. Trudeau fait preuve de désinvolture. «Je pense qu'il essaie de s'en laver les mains, il essaie de repousser ça au plus loin alors qu'il y a un paquet de questions qui ne sont pas répondues», a-t-il affirmé en appelant le gouvernement à déposer des documents pertinents dans cette affaire devant le comité de sécurité publique de la Chambre des communes.
Devant un autre comité parlementaire qui a prolongé une enquête déjà entamée sur l'ingérence étrangère, le directeur général des élections, Stéphane Perrault, a fait savoir qu'il n'était pas «en position de se prononcer sur l'exactitude des contenus des récents reportages».
Il a ajouté ne pas avoir connaissance de détails à ce chapitre dans le cadre de ses fonctions à Élections Canada.
M. Perrault a aussi soutenu qu'«il faut faire attention quand on a un article de journal, des médias». «Je ne veux pas remettre en cause le travail journalistique, mais on n'a pas une enquête. On ne sait pas ce qui est arrivé dans quelle circonscription», a-t-il insisté.
Il a aussi mentionné que si de l'argent a bel et bien été versé, il reste à éclaircir s'il `est allé à des candidats pour des campagnes ou pour des fins personnelles'.
Le directeur général des élections a en outre précisé que si des allégations spécifiques survenaient, il ne serait pas la personne en charge d'une enquête sur le sujet. Le dossier tomberait plutôt dans le giron de la commissaire aux élections fédérales.
Avec des informations de Marie-Danielle Smith