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Air Canada affirme que le syndicat est inflexible face aux «demandes salariales déraisonnables».
Le premier ministre Justin Trudeau a déclaré qu'il appartenait à Air Canada et au syndicat de ses pilotes de trouver une entente pour éviter de perturber les voyageurs et les entreprises.
Présent à un événement à Saint-Anne-de-Bellevue, au Québec, vendredi, M. Trudeau a affirmé qu'il ne favoriserait aucune des deux parties, tout en refusant de dire s'il obligerait les pilotes à retourner au travail.
«On comprend à quel point c'est important pour les syndicats et pour les travailleurs de pouvoir défendre leur intérêt. À quel point c'est important pour les employeurs d'être raisonnables tout en créant des emplois et de la croissance économique, a dit M. Trudeau. C'est pour ça qu'on appuie toujours les négociations et on ne va pas s'ingérer, on ne va pas prendre action avant un moment où vraiment ça devient très clair qu'il n'y a pas de travail ou de bonne volonté à la table de négociation pour résoudre ces ententes-là.»
Le premier ministre a ajouté qu'il ne veut pas «commencer à être dans un monde où les employeurs ou les syndicats peuvent dire, "ah non, on va attendre que le gouvernement règle les choses". Ça ne marche pas comme ça.»
La compagnie aérienne et les pilotes seront en mesure de donner un préavis de grève ou de lock-out de 72 heures à partir de dimanche.
La compagnie aérienne a indiqué que cet avis déclencherait son plan de réduction progressive de trois jours et donnerait le coup d'envoi à un arrêt de travail complet qui pourrait survenir dès le 18 septembre.
Le service de fret d'Air Canada a déjà cessé d'accepter certains articles comme les denrées périssables, mais affirme que jusqu'à présent, il n'a pas eu à annuler de vols en raison des négociations collectives.
Air Canada a déclaré qu'une fermeture affecterait les plus de 110 000 passagers qui voyagent avec elle quotidiennement. Cela prendra du temps pour que les opérations reviennent à la normale, même si l'arrêt des activités est partiel.
La compagnie aérienne offre aux voyageurs qui devaient prendre l'avion entre le 15 et le 23 septembre la possibilité de modifier leur vol gratuitement et a déclaré qu'elle informerait tous les voyageurs de tout changement avant leur vol.
«Le gouvernement du Canada doit agir rapidement pour éviter une autre interruption de travail qui aurait un impact négatif sur les voyages et le commerce transfrontaliers, un résultat préjudiciable pour les personnes et les entreprises», ont déclaré les chambres de commerce et le Conseil canadien des affaires dans un communiqué vendredi.
Des Québécois qui doivent s'envoler bientôt avec Air Canada ont avoué au micro de Noovo Info être inquiets des répercussions de la grève.
«J'ai regardé plein d'options, elles sont trois à quatre fois le prix. Ça va coûter extrêmement cher. Ça va nous prendre au moins 15h pour arriver chez nous», déplore un usager.
Un autre avoue avoir réservé auprès d'autres compagnies, de peur d'être affecté par le conflit.
Selon le président de l'Association des agents de voyages du Québec, Moscou Côté, l'offre déposée auprès des pilotes d'Air Canada est «très raisonnable».
«Malheureusement, ils ne semblent pas intéressés à accepter l'offre. Il y a de fortes chances que la grève commence mercredi», lance-t-il.
Le vice-président du Conseil 254 de l'Air Line Pilots, Hugo Desrochers, relance toutefois la balle à Air Canada.
«Ce sont eux qui ont les cartes en main. On a proposé un plan qui permet la pérennité, la durabilité, l'efficacité, la sécurité du transport aérien au Canada. Notre but, c'est de trouver une entente à la table, une entente négociée de bonne foi avec Air Canada, sans l'intervention gouvernementale», explique-t-il.
Cette menace de fermeture survient peu après que les deux principales compagnies ferroviaires canadiennes ont connu des lock-out en août qui ont été rapidement résolus grâce à l'action du gouvernement, tout comme la grève des mécaniciens de WestJet pendant la longue fin de semaine de la fête du Canada.
Le ministre fédéral du Travail, Steve MacKinnon, qui a rencontré jeudi les pilotes et le syndicat pour souligner l'importance qu'ils trouvent une entente entre eux, a dit qu'il y avait des différences entre le conflit d'Air Canada et celui avec les chemins de fer.
Les négociations, qui durent depuis plus de 16 mois, bloquent sur la question des salaires, le syndicat réclamant certains des gains salariaux importants obtenus par les pilotes des transporteurs américains.
La compagnie aérienne affirme que le syndicat est inflexible face à des «demandes salariales déraisonnables. Air Canada affirme avoir proposé des augmentations salariales de plus de 30 % ainsi que des améliorations des avantages sociaux aux pilotes.
L'Association internationale des pilotes de ligne a rétorqué que c'est la cupidité des entreprises qui retarde les négociations, alors qu'Air Canada continue d'afficher des bénéfices records tout en s'attendant à ce que les pilotes acceptent une rémunération inférieure à celle du marché.
Elle indique qu'environ un quart des pilotes déclarent occuper un deuxième emploi, et qu'environ 80 % d'entre eux le font par nécessité.
Les deux parties se rencontrent vendredi pour tenter de parvenir à une entente.
De nombreux groupes d'affaires ont demandé au gouvernement d'intervenir dans ce dossier, notamment la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante et les chambres de commerce du Canada et des États-Unis.