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«Le caribou est menacé. Il nous a permis de survivre pendant des millénaires, c'est à nous maintenant de le protéger.»
Le Conseil des Innus de Pessamit a mandaté ses conseillers juridiques afin de préparer une mise en demeure au gouvernement du Québec pour qu'il protège le caribou. À défaut d'une réponse satisfaisante, le Conseil ira de l'avant avec un recours judiciaire.
C'est ce qu'a indiqué le chef du Conseil des Innus de Pessamit, Jean-Marie Vollant, mercredi, après la visite des membres de la Commission indépendante sur les caribous forestiers et montagnards.
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Le chef demande une rencontre dans les plus brefs délais avec le gouvernement afin de mettre de l'avant le projet d'aires protégées dans le secteur du lac Pipmuacan.
«En tout respect pour les membres de la commission, l'heure n'est plus aux discussions mais à l'action. Il y a une réelle urgence d'agir pour la protection du Nitassinan et de Minashkuau-atiku, un animal sacré pour le peuple innu», a précisé Jean-Marie Vollant.
La désignation d'aires protégées permettrait de sauver le caribou forestier, mais aussi d'effectuer un premier pas vers la réconciliation entre les peuples, selon le Conseil des Innus de Pessamit.
Selon Jean-Luc Kanapé, assistant à la recherche sur le caribou forestier dans le Pipmuacan pour le Conseil des Innus de Pessamit, si le caribou pouvait parler, il dirait: «aidez-moi».
Devant les commissaires nommés par le gouvernement, Jean-Luc Kanapé a dénoncé l'industrie forestière, qui, selon ses observations, affecte notamment le territoire naturel servant à la mise bas des femelles.
Il a expliqué qu'au fil du temps, l'industrie forestière a enlevé une grande partie de la vieille forêt et l'a remplacée par des arbres plus jeunes, privant ainsi le caribou de son habitat et de sa nourriture. Également, les chemins forestiers favorisent le déplacement des prédateurs naturels du caribou comme le loup.
«Dans les années 90, quand on voyait une trace de loup, on était surpris», a expliqué Jean-Luc Kanapé, en ajoutant que «les nouvelles pousses de feuillus» attirent l'orignal, qui lui, attire le loup.
«C'est le caribou qui écope à la fin», a précisé M. Kanapé en ajoutant que pour le protéger, il faut créer des aires naturelles protégées.
C'est également ce que réclame depuis longtemps Jérôme Bacon St-Onge, vice-chef du Conseil des Innus de Pessamit, qui a signalé aux commissaires que «notre population est mobilisée plus que jamais» pour protéger le caribou forestier.
«Le caribou est menacé. Il nous a permis de survivre pendant des millénaires, c'est à nous maintenant de le protéger», a indiqué Jérôme Bacon St-Onge, en rappelant que sa communauté a fait plusieurs efforts au fil des ans pour protéger l'espèce.
Il dénonce le refus du gouvernement de protéger certains territoires dans le secteur du lac Pipmuacan.
«Ce projet apporterait des retombés considérables pour notre communauté et permettrait au gouvernement d'effectuer un premier pas vers la réconciliation de nos peuples. Rappelez-vous de toutes les mesures d'assimilation qu'a subies notre peuple», a indiqué le vice-chef du Conseil des Innus de Pessamit.
La Commission indépendante sur les caribous forestiers et montagnards a entamé ce printemps une série d'audiences publiques régionales et elle s'est terminée mardi à Baie-Comeau.
Le Conseil des Innus de Pessamit a indiqué dans un communiqué qu'il rencontre les commissaires mercredi lors d'une audience spéciale, en précisant que "dans sa forme actuelle, la commission ne constitue pas un cadre qui permette au gouvernement du Québec de se décharger de son obligation de consulter de façon distincte la Première Nation" et que "le Conseil a choisi de participer à cette audience afin de s'assurer que soient clairement exprimées ses positions à l'égard du respect des droits des Innus".
Les commissaires ont sondé l'opinion des participants sur deux scénarios théoriques de gestion adaptée de l'habitat des caribous. La commission est dirigée par Nancy Gélinas - une experte en économie forestière -, mais ne comprend aucun expert du caribou, ce que déplorent les groupes environnementaux.
De son côté, l'Assemblée des Premières Nations Québec-Labrador (APNQL) avait critiqué en avril dernier l'absence de considération pour les droits et les intérêts des Premières Nations par le gouvernement du Québec pendant cette consultation.