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La pression s'accentue sur le ministre de la Santé, Christian Dubé, afin qu'il dépose un projet de loi pour élargir l'aide médicale à mourir (AMM) aux personnes souffrant d'Alzheimer.
Jeudi, l'opposition a tenu un point de presse conjoint avec Sandra Demontigny, elle-même atteinte d'une forme précoce d'Alzheimer, et Georges L'Espérance, de l'Association québécoise pour le droit de mourir dans la dignité.
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Ils ont exhorté le ministre Dubé à donner suite au rapport unanime qui lui a été remis le 8 décembre dernier par la commission spéciale sur l'élargissement de l'AMM, et ce, avant la fin de session qui se termine le 10 juin.
«Il est vraiment minuit moins une», a déclaré la péquiste Véronique Hivon.
«Si on ajourne, c'est foutu, a renchéri Vincent Marissal, de Québec solidaire, parce qu'il va falloir qu'on ait les élections, qu'on forme le nouveau gouvernement, redépose des projets de loi. On n'a pas à perdre cette année-là.»
Mme Demontigny a témoigné pour sa part qu'il ne lui restait que deux-trois années de vie «acceptable» à vivre. Pour une deuxième fois depuis mars, elle a publiquement pressé le ministre d'agir.
«Il y a des gens comme moi, puis on est plusieurs milliers de personnes, notre compte à rebours, il est parti puis il n'arrête pas», a-t-elle déclaré, la voix nouée par l'émotion.
Au Québec, pour l'instant, il faut être apte à consentir au moment d'obtenir l'AMM, sauf exception. La commission recommande de permettre aux personnes souffrant d'Alzheimer, par exemple, de signer une demande anticipée.
«Si moi je savais, aujourd'hui, que je peux faire une demande anticipée, et puis qu'au moment où je l'aurai choisi, je pourrai dire «O.K. c'est maintenant», c'est clair que je dormirais mieux la nuit», a ajouté Sandra Demontigny.
Plus précisément, il est recommandé «qu'une personne majeure et apte puisse faire une demande anticipée d'AMM à la suite de l'obtention d'un diagnostic de maladie grave et incurable menant à l'inaptitude».
Lors de la rédaction d'une telle demande anticipée, le médecin devrait s'assurer «du caractère libre» et «éclairé» de la décision de la personne, sans pressions extérieures.
La personne pourrait modifier la demande tant qu'elle est apte.
Elle devrait «désigner un tiers de confiance chargé de faire connaître sa demande anticipée d'AMM et de réclamer en son nom le traitement de la demande au moment opportun».
Avant d'administrer l'AMM, le médecin devrait s'assurer que la personne respecte certains critères, comme avoir «des souffrances physiques ou psychiques (...) constantes, insupportables et qui ne peuvent être apaisées».
Selon le Dr Georges L'Espérance, 80 % de la population québécoise est en faveur de l'élargissement de l'AMM.
«Il faut aller de l'avant, a-t-il insisté, jeudi. On pourra montrer une voie très progressiste pour aider tous les gens qui vont souffrir de maladies neurodégénératives cognitives.»
L'idée n'est pas de «faire l'économie» de l'étude d'un projet de loi, a précisé le libéral David Birnbaum. Mme Hivon affirme que l'opposition est prête à siéger «jour et nuit» pour faire avancer le dossier.
Il ne reste que 14 jours de travaux parlementaires, ce qui est peu considérant que tout éventuel projet de loi sur l'AMM devra être étudié en détail. M. Dubé pilote déjà trois projets de loi en santé.
Interpellé par La Presse Canadienne jeudi, le bureau de Christian Dubé a affirmé que le ministre allait déposer un projet de loi «avant la fin de la session».
«L'élargissement de l'AMM est un enjeu sensible et délicat. Nous sommes fiers que l'Assemblée nationale ait trouvé un consensus. (...) Un projet de loi sera déposé (...) dès que possible», a déclaré Marjaurie Côté-Boileau.