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Ils affirment que les équipes étaient au courant.
Le témoignage et l’action collective intentée par Carl Latulippe ne seraient que la pointe de l’iceberg. Sous le couvert de l’anonymat, plusieurs anciens joueurs de la Ligue de hockey junior Maritimes Québec (LHJMQ) ont dénoncé les actes barbares qu’ils auraient subis lors de leur première saison dans le circuit.
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Dans une demande introductive d’instance déposée mardi au palais de justice de Québec – dont le contenu a d’abord été rapporté par La Presse –, les ex-joueurs allèguent sous le couvert de l’anonymat avoir été victimes de gestes «abominables et abusifs». Les faits reprochés se seraient produits à différents moments dans les années 1970 à 2000. Les victimes présumées étaient mineures à l’époque.
Raisin dans l’anus, beuverie, relations sexuelles à la chaîne avec une femme, etc. L’histoire du membre «C.» est particulièrement troublante.
Recrue de 17 ans ayant joué dans la LHJMQ vers le milieu des années 1980, le plaignant dit avoir été victime d’abus lors du camp d’entraînement de sa formation.
«Les recrues ont également été contraintes de participer à une «course humiliante», connue sous le nom de grape race. Il s'agissait pour les recrues de courir ensemble dans une série de courses, flambant nues, avec un raisin dans l'anus», peut-on lire dans le document judiciaire.
Selon le récit, le perdant de chaque course était obligé de manger son raisin et ceux des autres participants.
Les joueurs mineurs auraient ensuite été emmenés dans un bar. L’un des membres du personnel de l’équipe les auraient fait boire «jusqu’à l’ivresse».
Par la suite, les joueurs auraient dû se rendre dans une maison afin d’avoir des relations sexuelles avec une femme, et ce, l’un après l’autre.
«Certains joueurs ont quitté la pièce où se trouvait la femme en pleurant et en disant qu’ils ne voulaient pas le faire, manifestement traumatisés par ce qu’ils avaient été contraints de faire par le membre du personnel», peut-on lire.
Les plaignants soutiennent que les entraîneurs étaient bel et bien au courant de ce qui se produisait à l’extérieur du vestiaire de l’équipe, mais «personne n’en parlait».
L’ancien joueur «D.» appuie les propos de «C.», disant avoir également été obligé de participer à une «course au raisin» vers la fin des années 1980. Il dénonce l’inaction du personnel de l’équipe.
De son côté, le membre «E.» mentionne avoir été victime «d’abus humiliants et dégradants», mais au cours des années 1990.
Lors de sa première saison, «E.» affirme avoir été obligé de se mettre complètement nu, à l’instar des autres recrues. Ils auraient dû se rendre dans la toilette de l’autobus de l’équipe et devaient y rester jusqu’à ce qu’ils aient une érection.
«Pendant la saison, il y avait une hiérarchie claire entre les vétérans et les recrues, peut-on lire. Le climat était toxique. Le membre E. avait peur des joueurs vétérans et avait peur quand il était dans le vestiaire», mentionne le document.
«A.» a été de passage dans la LHJMQ au cours des années 1970. Il soutient que les vétérans de son club ont placé un glaçon dans son anus et ont mis des couteaux à beurre congelés sur ses parties génitales.
Selon les allégations, «un produit chaud, appelé heat par les joueurs, a été frotté sur les parties génitales du membre A. Cela a provoqué une sensation de brûlure très douloureuse.»
«A.» aurait participé à ce que les vétérans appelaient «la chambre de la torture», où il aurait dû se dénuder et se coucher sur une table.
«Les vétérans ont cassé des œufs sur son corps, pour ensuite l’enduire d’un mélange d’œufs cassés, de moutarde en poudre, de farine et d’huile. Puis, il devait se lever avec le mélange collant, marcher et aller s’asseoir sur une chaise, où les abus continuaient.»
«B.» aurait aussi été dénudé, immobilisé sur une table, puis rasé «de la tête aux pieds», incluant les parties génitales.
Le juge Jacques Bouchard de la Cour supérieure du Québec avait autorisé une action collective le 10 avril dernier au nom de joueurs ayant subi ayant subi des abus lorsqu’ils étaient mineurs et qu’ils évoluaient au sein de la LHJMQ depuis 1969.
La LHJMQ avait porté la décision en appel, mais le tout a été rejeté la semaine dernière par la juge Sophie Lavallée.
L’ancien joueur des Saguenéens de Chicoutimi Carl Latulippe réclame quant à lui 650 000$ aux défendeurs et 15 millions de dommages-intérêts punitifs et exemplaires collectifs, avait rapporté La Presse.