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«L'ambiance festive est plus dans l'attitude des gens et dans le fait qu'on soit tous dans le même bateau pour passer Noël ensemble.»
La majorité des Québécois se réunissent en famille ou entre amis le soir de Noël, mais plusieurs corps de métier nécessitent que des gens restent en poste en tout temps, dont le personnel du réseau de la santé. Des urgences aux ambulances en passant par les différents départements hospitaliers, l'ambiance des Fêtes réussit tout de même à s'immiscer dans les quarts de travail.
«L'ambiance est vraiment agréable. Plusieurs paramédics et employés, on a des tuques de Noël. Il y en a beaucoup qui décorent le devant des ambulances avec des guirlandes et des lumières, alors ça apporte une ambiance vraiment festive à la journée», décrit Adrianne Venne, ambulancière auprès d'Urgences-santé, à Montréal.
À l'intérieur des hôpitaux, il y a quelques petites décorations, mais tout n'est pas permis en raison de la prévention des infections. Mais ce n'est pas le plus important, selon Audrey-Anne Turcotte Brousseau, cheffe de département pour le CIUSSS de l’Estrie – CHUS. Elle est urgentologue à l'Hôpital Fleurimont et à l'hôpital Hôtel-Dieu.
«L'ambiance festive est plus dans l'attitude des gens et dans le fait qu'on soit tous dans le même bateau pour passer Noël ensemble. C'est plus dans le cœur des gens et comment on interagit entre nous qui fait en sorte que c'est une ambiance de temps des Fêtes qui est différente d'un quart de travail standard», explique Dre Turcotte Brousseau.
Entre employés, les repas-partage semblent être une tradition pour plusieurs centres hospitaliers. Autant à Noël qu'au jour de l'An, le personnel est invité à amener un plat et à le partager avec ses collègues à la pause.
Fares Massaad est infirmier clinicien au CHU Sainte-Justine, à Montréal. Il a travaillé par le passé au département d'hémato-oncologie et il est désormais aux urgences. «Avec le personnel, l’ambiance est souvent plus festive autant en hémato-oncologie qu’à l’urgence. On commande de la nourriture le 24 et le 25 on fait un potluck.C’est la tradition à l’urgence si on travaille à Noël. En hémato c’était la même chose, on faisait un potluck le 24 et le 25», raconte-t-il.
La coutume est similaire en Estrie, comme en témoigne Dre Turcotte Brousseau.
«C’est un quart de travail qui, malgré qu’on est loin de nos proches, finit par être super agréable, poursuit-elle. Et les patients sont tellement reconnaissants qu’on soit là. Il y a un petit esprit très spécial cette soirée-là.»
Du côté paramédical, on festoie aussi comme on peut. Mme Venne indique que les ambulanciers s'organisent entre eux pour se rencontrer dans le stationnement d'un hôpital et au coin d'une rue pour manger ensemble. Chacun amène un petit plat de la maison et partage avec les autres. La fondue au chocolat et le moût de pomme sans alcool sont assez populaires, a fait savoir Mme Venne.
Le personnel hospitalier célèbre aussi l'arrivée de la nouvelle année. «Le 31, souvent pendant le décompte, les infirmières vont rester sur le département. Nous, on termine les quarts de travail vers 23h30, alors au lieu que tout le monde aille à la maison et prenne la chance de célébrer dans le métro tout seul, souvent, on va rester sur le département et faire le décompte avec nos collègues de nuit», raconte M. Massaad.
Même son de cloche de la part de Dre Turcotte Brousseau. «Généralement aux alentours de minuit, à moins qu’il arrive un patient très instable, on se prend quelques minutes pour se dire bonne année et après ça, on recommence à travailler», dit-elle.
Pour les ambulanciers la situation semble un peu différente. «Les jours de l'An, c'est vraiment l'inverse de Noël. À Noël c'est assez tranquille et au jour de l'An c'est vraiment... le bordel», lâche Mme Venne en rigolant. «Avant minuit c'est relativement correct, mais quand le Nouvel An arrive, il y a beaucoup d'intoxication», rapporte-t-elle.
De manière générale, il est vrai que l'achalandage est plus élevé à la nouvelle année qu'à Noël. «Les 22, 23, 24 et 25 [décembre] les gens essaient de rester avec leur famille et [d'endurer] leur problème pendant un moment. Ce qu'on voit par la suite c'est une recrudescence de l'achalandage avec des patients qui ont parfois retardé un petit peu avant de consulter en essayant d'étirer le tout pour ne pas avoir à passer Noël à l'hôpital. On voit ce type de patients entre Noël et le jour de l'An», indique Dre Turcotte Brousseau.
«Et aussi dû au fait que les familles se rassemblent, se rapprochent, s'embrassent... c'est le partage des virus. Donc, un petit peu plus tard pendant le temps des Fêtes, autour du jour de l'An, on voit les pathologies infectieuses, les grippes, les nez qui coulent, les fièvres qui durent depuis quelques jours. On voit un achalandage beaucoup plus marqué au jour de l'An entre autres dû à cet élément-là.»
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D'autre part, bien que la météo ait une influence toute l'année sur l'achalandage aux urgences, une plus grande proportion de gens se déplacent sur les routes pendant les Fêtes, ce qui augmente le risque d'accident.
«C'est sûr que ça augmente considérablement le nombre d'appels. Beaucoup de chutes sur la glace, des gens qui tombent, beaucoup d'accidents de voiture», prévient Mme Venne.
Dre Turcotte Brousseau souligne que lors des grosses tempêtes de neige, l’achalandage aux urgences est souvent réduit à cette raison. «On voit une modulation de la clientèle en fonction de la météo de façon assez quotidienne», dit-elle.
Les membres du personnel du réseau de la santé sacrifient pour la plupart un moment de réunion, mais ils sentent une reconnaissance des patients. M. Massaad a raconté qu'il recevait parfois un petit cadeau ou des chocolats au département d'hémato-oncologie. «Même à l’urgence, même si c’est une clientèle qui n’est pas suivie sur le long terme, le personnel reçoit beaucoup de gratitude d’être présent, que ce soit le soir de Noël ou le jour de l’An», témoigne-t-il.
Mme Venne se sent aussi utile pour briser l'isolement. Elle indique que plusieurs personnes appellent au 9-1-1 parce qu'ils sont tristes. Mêlés à l'alcool ou d'autres substances, ils peuvent avoir des idées noires. «Je comprends que ce n'est pas une urgence vitale, mais ça reste des gens qui ont besoin de support émotionnel», fait valoir l'ambulancière. Elle se fait un devoir de les traiter avec empathie alors qu'ils traversent une période difficile.