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Le bébé, originaire de la communauté atikamekw de Manawan, a été admis à l’ancien hôpital St-Eusèbe de Joliette à la fin septembre 1973.
La famille Echaquan s’est rassemblée là où la petite Laureanna Echaquan aurait été enterrée il y a de cela 51 ans.
Le bébé atikamekw, originaire de Manawan, a été admis à l’ancien hôpital de Joliette en 1973. Elle n’est jamais rentrée à la maison.
«Ma sœur n’a pas été enterrée au cimetière. Ma mère m’a dit qu’elle avait été enterrée ici. C’était un champ de maïs avant», illustre Viviane Echaquan-Niquay, la sœur aînée. Devant elle, un terrain de soccer. «Mon père avait demandé; peut-on mettre une croix? Une plaque? Ils lui ont dit non.»
Une cérémonie s'est tenue jeudi matin pour marquer une étape importante: la famille ira de l’avant avec des fouilles, et si elles s'avèrent concluantes, l’inhumation de la dépouille de Laureanna au lieu.
«On est au tout début de notre mandat. Il faut d’abord consulter des cartes d’époques pour déterminer où auront lieu les fouilles», explique l’archéologue Stéphanie Lavallée.
Après plus de 40 ans de recherche, la famille a enfin pu obtenir les documents qu’elle se faisait refuser par les institutions, et ce, notamment grâce à la loi 79: certificat de naissance, acte de décès, dossier médical, etc. Si tranquillement les pièces du casse-tête se mettent en place, des questions subissent:
«Lorsque ma mère a vu le corps de son enfant, le bébé était grand et gros. Elle disait que ce n’était pas son bébé», témoigne Viviane Echaquan.
«Le certificat de décès à l’état civil, c’est le 28 octobre. Et au presbytère de Manawan, c’est le 27 octobre. Pis celui de l’autopsie, avec la date et l’heure du décès, c’est le 30 octobre», explique Viviane Echaquan-Niquay en feuilletant les documents rangés précieusement dans un grand cartable.
Si un petit corps est retrouvé, il sera vraisemblablement exhumé. La famille souhaite en avoir le cœur net. Les recherches, comme les autres étapes à venir, se font avec l’aide de la Direction de soutien aux familles, mise en place par Québec, et l’organisme autochtone Awacak. La famille Echaquan n’est pas la seule à s’être lancée dans cette quête de vérité. Au total, 116 familles autochtones ont levé la main pour retrouver un total de 199 enfants. Selon la directrice d’Awacak, Françoise Ruperthouse, plusieurs familles souhaiteraient exhumer la dépouille de leur proche pour d’abord l’identifier et ensuite, le rapatrier dans sa communauté. Deux exhumations d’enfant Innu ont eu lieu l’an passé à Pessamit sur la Côte-Nord.
La quête de la famille Echaquan est loin d’être terminée. Entre 1964 et 1973, trois sœurs de la fratrie de 11 enfants, dont Laureanna, sont disparues après un séjour à l’hôpital; deux à Joliette et une à La Tuque.
En attendant, Viviane Echaquan-Niquay transporte avec elle trois Tikinagen ; des porte-bébés autochtones. Ils sont vides. Un symbole fort de sa quête pour retrouver ses sœurs et les ramener auprès de ses parents, maintenant décédés et enterrés à Manawan.
La Loi 79 est une loi autorisant la communication de renseignements personnels aux familles d’enfants autochtones disparus ou décédés à la suite d’une admission en établissement. Elle est en vigueur depuis septembre 2021.
Note de la rédaction: la version initiale de cet article inscrivait Laurianna pour parler du bébé alors que la bonne orthographe est Laureanna. Pour plus d’information, consultez les normes éditoriales de Noovo Info.