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Le ministère de la Défense nationale affirme qu’une soixantaine de militaires qui refusaient de se faire vacciner ont été expulsés de l’armée jusqu’ici et que des centaines d’autres risquent de subir le même sort.
Le chef d’état-major de la défense, le général Wayne Eyre, avait ordonné l’automne dernier que tous les militaires canadiens soient pleinement vaccinés d’ici la mi-octobre. Cet échéancier avait été ensuite repoussé à la mi-décembre.
Le ministère de la Défense indique que plus de 98 % des militaires sont vaccinés, mais des centaines d’autres ne le sont pas. Ces soldats sont maintenant obligés de quitter l’armée.
Le porte-parole du ministère de la Défense, Daniel Le Bouthillier, a indiqué jeudi dans un courriel qu’en date de mercredi, 58 militaires avaient été expulsés de l’armée pour avoir refusé de se faire vacciner. De plus, des « avis d’intention » ont été remis à 246 autres militaires non vaccinés, ce qui signifie que le processus officiel a maintenant commencé pour les expulser s’ils ne changent pas d’avis d’ici là, a indiqué M. Le Bouthillier.
Par ailleurs, 66 autres militaires non vaccinés ont volontairement quitté les Forces armées canadiennes, a ajouté le porte-parole. Les données n’étaient pas disponibles jeudi sur le nombre de réservistes qui ont été expulsés de l’armée ou qui risquent de l’être.
Ces mesures sans précédent font suite à des mois d’avertissements, de rencontres avec les non-vaccinés et d’autres efforts pour convaincre ces militaires de changer d’avis. Plus tôt ce mois-ci, des responsables de la Défense nationale déclaraient qu’un millier de militaires avaient reçu de tels avertissements.
Rien pour régler le manque d’effectifs
Ces « libérations » ne manqueront pas d’exacerber par ailleurs la pénurie continue de personnel militaire, qui s’est aggravée encore pendant la pandémie _ les centres de recrutement et les écoles de formation ont été contraints de fermer ou de restreindre leurs activités.
Alors que les Forces armées canadiennes devraient pouvoir compter sur environ 100 000 militaires, les chiffres du ministère de la Défense montrent qu’à la fin novembre, il manquait environ 10 000 soldats. En même temps, 10 000 autres soldats ont été répertoriés comme indisponibles pour le service parce qu’ils n’étaient pas adéquatement entraînés, qu’ils étaient malades ou encore blessés.
Ces pénuries surviennent à un moment où la pandémie et l’instabilité croissante dans le monde font que les militaires sont de plus en plus sollicités au Canada et à l’étranger.
Dans une entrevue en novembre, le chef d’état-major Eyre reconnaissait que les Forces armées canadiennes étaient « une organisation fragile en ce moment à cause de nos effectifs en baisse, à cause du rythme (opérationnel), à cause de cette crise d’inconduites » sexuelles.
L’avocat et colonel à la retraite Michel Drapeau soutient que les militaires qui refusent de se faire vacciner pourraient faire l’objet d’accusations, mais M. Le Bouthillier n’a pas pu dire dans l’immédiat s’il y en avait eu.
Quoi qu’il en soit, M. Drapeau, qui se spécialise en droit militaire, a rappelé qu’il y avait des implications importantes, et à long terme, sur les pensions et autres avantages financiers des militaires qui quittent l’armée avant d’avoir servi pendant 25 ans.
« Je suis totalement d’accord avec la décision de l’armée canadienne de libérer les militaires qui refusent d’être vaccinés, parce qu’ils ne sont plus universellement employables et déployables, ce qui est au cœur même de la profession militaire », a expliqué Me Drapeau dans un courriel.
Plusieurs militaires ont tenté de contester la vaccination obligatoire en Cour fédérale, le mois dernier. Mais dans un nouveau revers judiciaire pour les employés fédéraux qui contestent la vaccination obligatoire, la juge Janet Fuhrer a rejeté leurs arguments.