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«Nous ne voulons pas nécessairement renoncer à la protection contre d'autres variants, car nous ne savons pas quel sera le prochain», précise toutefois une microbiologiste.
Alors que le déploiement de la troisième dose de vaccin contre la COVID-19 s'accélère au Canada, certaines juridictions offrent une quatrième dose pour leurs populations les plus vulnérables. Certains se demandent maintenant si tout le monde aura besoin d'une injection supplémentaire pour se protéger contre le virus dans un avenir proche.
Le premier ministre Justin Trudeau a déclaré lundi que le pays disposera de troisième et quatrième doses pour tous les Canadiens admissibles, si ou quand ils en auront besoin, grâce aux contrats signés avec Pfizer-BioNTech et Moderna jusqu'en 2024.
Allison McGeer, microbiologiste et consultante en maladies infectieuses à Toronto, a indiqué que le Canada n'en est pas au point où une quatrième dose est nécessaire pour la population générale. Il est toutefois possible que le pays arrive à ce point un jour.
«Je ne sais pas où est ce point, a-t-elle précisé. Nous savons qu'avec d'autres vaccins, il faut parfois trois ou quatre doses pour obtenir un effet prolongé et stable. Mais vraiment, la réponse est que nous allons simplement devoir voir comment se passe la protection et décider sur cette base si des doses supplémentaires sont valables.»
Le Comité consultatif national de l'immunisation (CCNI) du Canada a d'ores et déjà recommandé que les personnes modérément ou gravement immunodéprimées reçoivent une quatrième dose au moins six mois après leur troisième injection.
Des provinces ont commencé à offrir des quatrièmes doses aux personnes immunodéprimées en décembre ou début janvier, notamment la Colombie-Britannique, la Saskatchewan et le Manitoba, tandis que l'Ontario a récemment ajouté les résidents des foyers de soins de longue durée à cette liste d'admissibilité.
Le médecin-hygiéniste en chef de Terre-Neuve-et-Labrador a annoncé mercredi que la province avait également commencé à offrir une quatrième dose aux personnes immunodéprimées.
Ces mesures font suite à des preuves que les niveaux d'anticorps ont tendance à diminuer plus rapidement chez les personnes âgées, ajoutant que les résidents des établissements de soins de longue durée ont également l'inconvénient d'être dans des environnements à haut risque de propagation, selon Mme McGeer.
«En vieillissant et en devenant plus fragile, vous réagissez moins bien aux vaccins. C'est une vérité générale, a expliqué Mme McGeer. Donc, pour ce groupe de personnes, au milieu d'Omicron, c'est a un bon argument de leur donner une quatrième dose pour les amener au niveau de protection où d'autres personnes sont avec une troisième dose.»
Israël offre une quatrième dose aux travailleurs de la santé et aux plus de 60 ans alors que le pays fait face à une montée en flèche des cas de COVID-19. Les taux d'hospitalisation restent faibles en Israël, bien que les données montrent que les admissions hebdomadaires aux soins intensifs ont récemment augmenté.
Les données d'Israël suggèrent que la protection peut diminuer chez les personnes âgées environ trois à quatre mois après leur troisième dose, a observé Mme McGeer.
De nombreuses provinces du Canada ont initialement autorisé les personnes à recevoir des rappels de la troisième dose six mois après leur deuxième injection, mais ont raccourci ce délai à trois mois en raison de la montée rapide d'Omicron.
Mme McGeer a indiqué que des intervalles plus longs entre les doses sont généralement meilleurs avec la plupart des vaccins.
«Mais, s'il y a beaucoup d'activité virale, vous pourriez être prêt à échanger une durée de protection plus longue pour une meilleure réponse maintenant, a-t-elle expliqué. Face à une vague Omicron, il semblait préférable d'opter pour un intervalle plus court.»
Le futur déploiement de la quatrième dose pourrait être compliqué par la possibilité qu'un vaccin spécifique à Omicron puisse bientôt apparaître.
Pfizer a récemment déclaré qu'un vaccin mis à jour pourrait être prêt d'ici mars, mais Mme McGeer a souligné qu'il devra être testé et ne serait probablement pas prêt pour le public avant juin. Il n'est toujours pas clair si une injection spécifique à un variant serait utile, selon elle.
«Nous ne voulons pas nécessairement renoncer à la protection contre d'autres variants, car nous ne savons pas quel sera le prochain», a précisé Mme McGeer.
Le développement de vaccins spécifiques à un variant pourrait être particulièrement difficile avec le virus de la COVID-19, qu'Earl Brown, immunologiste à l'Université d'Ottawa, a décrit comme «une cible mouvante». C'est différent du vaccin contre la grippe que les scientifiques peaufinent chaque année.
«Si vous aviez fabriqué un vaccin Delta, il serait arrivé maintenant et (...) vous auriez manqué la cible, car ce n'est plus l'histoire de Delta, c'est l'histoire d'Omicron, a-t-il exposé. C'est assez difficile avec des cibles mobiles et, jusqu'à présent, ces variants arrivent très vite.»
Une quatrième dose est une stratégie peu judicieuse, surtout si elle détourne l'approvisionnement des pays à faibles revenus où de nombreuses personnes n'ont pas encore reçu leur premier ou deuxième vaccin, selon Zain Chagla, un expert en maladies infectieuses à Hamilton. Il ajoute que trois doses montrent une forte protection contre les maladies graves avec Omicron.
«Nous pensions que nous n'étions plus en danger en distribuant deux doses. Les choses allaient bien quand nous avions affaire à Delta. Omicron a tout changé en trois semaines, a-t-il constaté. Si nous ne prenons pas soin des gens du reste du monde, si nous n'empêchons pas ce virus d'évoluer, cela va vraiment avoir de graves effets sur nous.»