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L'année du feu et de l'eau en Colombie-Britannique.
Dame Nature a de nouveau témoigné, en 2021, de sa colère face aux mauvais traitements qui lui sont infligés par les humains.
Par Jean-Benoit Legault – La Presse canadienne
Tout d'abord balayée par une vague de chaleur et dévastée par des centaines d'incendies de forêt, la Colombie-Britannique a ensuite été engloutie sous des inondations sans précédent.
Des tornades, dont au moins une au Québec, ont semé la dévastation et la mort.
Pendant ce temps, ceux qui ont comme mission de protéger la planète ont souvent semblé manquer de détermination. La conférence climatique de la COP26, en Écosse, a accouché d'une déclaration finale que plusieurs ont jugé molle et décevante.
Le climatologue Dave Phillips, d'Environnement Canada, compile depuis 20 ans une liste des dix événements météorologiques de l'année au Canada. En 2021, il accorde les deux premières places respectivement au dôme de chaleur qui a recouvert l'ouest du pays à la fin du mois de juin et aux inondations qui ont frappé la Colombie-Britannique le mois dernier.
Une crête de haute pression d'une intensité sans précédent a balayé l'Ouest au début de l'été, poussant le mercure à un record de 49,6 degrés Celsius dans la ville de Lytton, en Colombie-Britannique. Le lendemain, le 30 juin, la municipalité a été complètement incinérée par un incendie de forêt. Les dommages à Lytton sont évalués à 78 millions $.
On calcule que 1610 incendies de forêt ont détruit 8682 kilomètres carrés entre le 1er avril et le 30 septembre, surtout dans le sud et le sud-est de la province. Environ 300 feux brûlaient chaque jour au plus fort de la crise. En juillet, la canicule et la foudre faisaient apparaître 40 nouveaux sinistres chaque jour. La chaleur a causé la mort de tout près de 600 personnes dans la province.
En date du 10 juillet, des feux de forêt brûlaient hors de contrôle partout au pays, à l'exception du Nunavut et de l'Atlantique.
Cinq mois plus tard, l'équivalent d'un mois de précipitations est tombé en un seul week-end de novembre dans la vallée du fleuve Fraser. Des fermes ont été inondées et des autoroutes emportées. Le premier ministre John Horgan a déclaré l'état d'urgence le 17 novembre.
Le Bureau d'assurance du Canada calcule que la facture des biens assurés détruits par ces inondations s'élèvera à au moins 450 millions $, un montant auquel s'ajouteront les biens non assurés.
Le Canada a été frappé par au moins quatre canicules pendant l'été. Montréal a connu son mois d'août le plus chaud en 150 ans. Le mercure s'est souvent maintenu au-dessus de 20 degrés Celsius la nuit dans plusieurs villes, dont Toronto. À un certain moment, 99 % des Prairies étaient en sécheresse.
Des tornades assez puissantes pour déplacer des maisons et soulever des voitures ont soufflé sur le Québec et l'Ontario en juin et en juillet.
Au Québec, un homme de 59 ans a perdu la vie quand une tornade de catégorie F2 a touché la ville de Mascouche, le 21 juin. Les vents accompagnant le phénomène météorologique ont soufflé entre 180 et 220 kilomètres à l'heure. Deux personnes ont aussi été blessées.
Parmi les autres événements météorologiques qui figurent au palmarès de M. Phillips, mentionnons le temps polaire qui a poussé le mercure à - 55 degrés Celsius, la nuit, dans certaines régions des Prairies; l'ouragan Larry et ses vents de 180 km/h qui ont matraqué l'île de Terre-Neuve; et les vents de plus de 100 kms/h enregistrés en janvier dans 76 sites des Prairies, établissant une quinzaine de records.
La Conférence des Nations unies sur les changements climatiques (COP26), qui a eu lieu à Glasgow, en Écosse, pendant les deux premières semaines du mois de novembre, représentait aux yeux de plusieurs la dernière chance qui s'offrait au monde d'éviter les pires conséquences d'un réchauffement planétaire qui semble maintenant inévitable.
Plusieurs pays, dont les nations insulaires, ont donc été extrêmement déçus que la déclaration finale appelle à une diminution du recours au charbon, plutôt qu'à son élimination, un compromis qui aurait été accepté notamment pour plaire à l'Inde et à la Chine.
Le ministre fédéral de l'Environnement, Steven Guilbeault, a dit que le Canada a donné l'exemple à d'autres grands pays producteurs de pétrole qui ont participé à la conférence, tout en prévenant que «nous ne pourrons pas remporter toutes les batailles dans notre guerre contre les changements climatiques».
Le Canada et une vingtaine d'autres pays se sont engagés à mettre fin aux subventions accordées aux projets de combustibles fossiles à l'étranger.
La multinationale TC Énergie a annoncé, le 9 juin, l'abandon de son projet d'expansion du pipeline Keystone XL, mettant ainsi un terme à une lutte de plus d'une décennie avec des environnementalistes alors qu'elle cherchait à exporter le pétrole des sables bitumineux canadiens.
La construction du pipeline avait été suspendue par le président Joe Biden dès qu'il a pris le pouvoir le 20 janvier.
Le pipeline serait parti de la ville de Hardisty, en Alberta, pour se rendre jusqu'à Steele City, dans le Nebraska, et aurait traversé le Montana et le Dakota du Sud.
TC Énergie a annoncé le 23 novembre qu'elle réclame une compensation de 15 milliards $ en «dommages économiques» au gouvernement américain pour l'annulation du projet.