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«Le tout ressemble à un film hollywoodien: le FBI perquisitionne à la résidence privée d’un ancien président américain.»
Le tout ressemble à un film hollywoodien: le FBI perquisitionne à la résidence privée d’un ancien président américain en croyant y retrouver des documents top secret qui ont été illégalement sortis de la Maison-Blanche.
C’est pourtant ce qui s’est produit à Mar-A-Lago, mythique demeure de Donald Trump en Floride, mardi. C’est ce dernier qui a annoncé la perquisition en ajoutant que le tout était une attaque qu’on aurait pu imaginer dans un pays du tiers monde et qu’il y avait une instrumentalisation du département de la Justice par les démocrates.
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Si on lit entre les lignes: une chasse aux sorcières orchestrée par les démocrates qui ont commandé la perquisition pour freiner ses ambitions politiques en 2024.
Fait important à noter d’entrée de jeu, ce n’est pas une décision qui a été prise à la légère. Décider de fouiller la résidence privée d’un ex-président c’est non seulement du jamais vu, mais potentiellement dangereux en prenant en compte les grandes divisions au sein du pays. Le tout a dû être approuvé par un juge fédéral qui n’a certainement pas donné son accord en lisant en diagonale sur un coin de table. Il y avait assurément des motifs raisonnables et crédibles et une possibilité claire que des preuves se trouvent sur place.
Ce qui m’amène à mon deuxième point. Le tout semble n’avoir aucun lieu direct avec l’enquête sur la tentative de renversement de l’élection de 2020 ou encore les fraudes fiscales potentielles, aussi sous enquête. Il s’agit plutôt d’une histoire qui peut sembler banale à première vue, la manipulation de documents normalement confiés aux Archives nationales. Pour résumer le tout simplement: après un mandat, le président sortant n’est pas propriétaire des documents politiques, les Américains le sont. Ce sont les archivistes qui déterminent ce qui peut être considéré comme un souvenir, quelque chose de bon pour un musée ou encore, un document confidentiel qui sera classifié dans une cinquantaine d’années.
Déjà 15 boîtes avaient été récupérées en début d’année à la résidence de M. Trump. Par déduction, le département de la justice a des raisons de croire que l’ancien président a refusé de remettre tous les documents et en a conservé de façon illégale. Est-ce des documents liés à l’élection de 2020? Est-ce des documents touchant à la politique étrangère ou encore à la sécurité nationale? Nous devrions être en mesure de le savoir un jour.
L’histoire entourant cette perquisition fait le tour de la planète et a déjà été reprise par les républicains, qui y voient une nouvelle occasion de dénoncer les démocrates, de parler d’un FBI à la solde de Biden (quand Trump a nommé l’actuel directeur après avoir congédié le précédent) et de demander de l’argent pour les aider à reprendre le contrôle du Congrès et ainsi, enquêter sur la perversion alléguée du département de la Justice. Si rien ne ressort de cette fouille de Mar-A-Lago, il y a une forte possibilité que le tout se retourne contre les démocrates, même si les élus n’ont pas leur mot à dire dans une perquisition, encore moins une de cette envergure.
La grande question qui demeure concerne l’avenir politique de Donald Trump et la possibilité d’accusations formelles contre ce dernier. Détruire, voler ou falsifier des documents appartenant au gouvernement est criminel. Certains ont même fait de la prison. Il y a aussi une disposition qui empêche un individu reconnu coupable de se présenter pour un poste électif au fédéral. Ceci est extrêmement théorique, parce qu’il est très prévisible que l’invocation de cette disposition soit analysée par les tribunaux, si appliquée, et qu’on testerait la constitutionnalité devant la Cour suprême au besoin.
Est-ce que d’autres ennuis juridiques pourraient freiner les ambitions de Trump? Est-ce que ces adversaires républicains potentiels pourraient l’utiliser à leur avantage? Possible. Tout va dépendre de ce qui a été trouvé (ou non) par les agents du FBI et la suite de l’enquête.
Je devrais peut-être dire la suite des enquêtes, parce que n’oublions pas que des avocats travaillent très certainement à temps plein sur le dossier de fraudes liées à la Trump Organization ou encore sur l’enquête tentaculaire entourant l’assaut du Capitole de janvier 2021.