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Donald Trump a perdu de son prestige et les déplorables résultats aux élections de mi-mandat ont prouvé que le parti devait se remettre en question. Finalement, d’autres personnalités politiques ne cachent pas leur intérêt pour l'investiture républicaine.
Il y a juste les fous et les folles qui ne changent pas d’idée. L’ancienne ambassadrice américaine des Nations Unies et ex-gouverneur de la Caroline du Sud, Nikki Haley, est la première candidate sérieuse à oser se présenter contre Donald Trump pour l’investiture républicaine.
La femme de 51 ans avait auparavant affirmé que jamais au grand jamais, elle n’allait se présenter contre Trump, son ancien patron. Il faut souligner à quel point les choses ont changé en quelques mois : Donald Trump a perdu de son prestige et les déplorables résultats aux élections de mi-mandat ont prouvé que le parti devait se remettre en question. Finalement, d’autres personnalités politiques ne cachent pas leur intérêt à obtenir la nomination, que le 45e président soit dans la course ou non.
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Nikki Haley est une habile politicienne qui a su quitter à temps l’administration Trump, avant que le navire coule. Il faut dire qu’elle a occupé son poste d’ambassadrice à l’ONU de janvier 2017 au 31 décembre 2018, mais qu’elle a su y laisser sa marque.
Comme gouverneure, elle s’est fait connaître au niveau national lorsqu’elle a décidé de retirer le drapeau confédéré du Capitole de son État après l’horrible tuerie de Charleston en 2015, et ce, malgré les pressions au sein de son parti qui militaient en faveur du statu quo.
Fille d’immigrants indiens, elle fait de son genre et ses origines le centre de sa campagne. Elle a annoncé sa candidature le jour de la Saint-Valentin en affirmant vouloir être le changement générationnel à Washington. Elle est ce qu’on peut appeler une républicaine plus traditionnelle.
Get excited! Time for a new generation.
— Nikki Haley (@NikkiHaley) February 14, 2023
Let’s do this! 👊 🇺🇸 pic.twitter.com/BD5k4WY1CP
Antiavortement, elle milite pour un gouvernement moins présent dans la vie des Américains, pour une frontière plus étanche. Elle s’affirme pro-Israël et contre un rapprochement avec l’Iran. Elle fait partie des républicains qui ont, par contre, mis de côté beaucoup de leurs principes lorsque Trump était à la Maison-Blanche (un homme qu’elle avait ouvertement critiqué avant qu’il soit élu), jusqu’à l’insurrection du Capitole qui a créé une certaine coupure au sein du parti.
Elle a fait énormément parler d’elle en évoquant la possibilité de faire passer des tests de compétences aux politiciens de plus de 75 ans ainsi qu’aux candidats. L’âge ici n’est pas choisi au hasard. Donald Trump a 76 ans et Joe Biden a 80 ans bien sonnés.
Les aptitudes cognitives de Joe Biden sont déjà quotidiennement remises en question et son prédécesseur avait eu un traitement semblable. Les réactions à sa proposition étaient mitigées. Certains n’y voient aucun problème tandis que d’autres sont carrément contre. C’est le cas de Bernie Sanders, sénateur du Vermont et ancien candidat à l’investiture démocrate, qui à 81 ans trouve l’idée complètement absurde.
La réaction la plus controversée est venue d’un homme de 56 ans seulement, Don Lemon, présentateur du réseau CNN. En réaction à l’idée de Haley qu’il qualifiait de ridicule, il s’est enfoncé le pied dans la bouche (jusqu’au genou) !
En direct, et dans un moment qui va le hanter jusqu’à sa retraite, il a dit que Nikki Haley ne devrait pas se prononcer sur la question, comme elle-même n’est plus dans son « prime » comme femme. Ouf…
Les deux collègues féminines de Don Lemon n’ont pas su cacher leur indignation à l’écran. L’homme s’est encore plus enlisé en ajoutant que les femmes étaient dans leur « bonne période » dans la vingtaine, la trentaine ainsi que la quarantaine en se défendant que ce n’était pas lui qui le disait, mais bien Google.
Est-ce que le « prime » chez une femme veut dire le moment où elle peut concevoir et ainsi mener à bien son rôle biologique (à lire ici avec une dose de sarcasme) ? CNN a indiqué que son animateur avait appris sa leçon, après avoir suivi une formation sur le féminisme. Eh bien.
Nikki Haley, visée par le commentaire, a habilement répondu de cette façon : «pour être claire, je ne demandais pas de tests de compétence pour les présentateurs sexistes de CNN d’âge moyen, mais plutôt pour ceux qui votent nos lois, âgés de 75 ans et plus».
Don Lemon lui a donné le plus beau cadeau politique. Elle multiplie depuis les entrevues à ce sujet et sa campagne a même créé des items y faisant référence.
For all of you who took issue with the haters saying that we are past our prime... this one’s for you.
— Nikki Haley (@NikkiHaley) February 21, 2023
We’ve got this. 👊🏽🇺🇸
Order yours today: https://t.co/iGXhvfdzom pic.twitter.com/VIbPn6YcL7
Pour l’instant, elle bénéficie d’une bonne couverture des médias conservateurs comme Fox News et des analystes conservateurs. Le réseau est d’ailleurs au cœur de l’actualité des derniers jours après que l’on ait appris que la chaîne a ouvertement menti à ses téléspectateurs afin de gagner les cotes d’écoute perdues après la défaite de Donald Trump à la présidentielle en 2020.
En raison d’une poursuite judiciaire entamée par la société Dominion Voting Systems, nous avons eu accès à de nombreux échanges entre les vedettes du réseau Fox et la direction de l’entreprise médiatique. Une situation qui n’aide pas à regagner la confiance des Américains envers les médias traditionnels, une confiance qui est, disons-le, déjà au plus bas. Cette fascinante saga, qui mérite d’être approfondie, fera d’ailleurs l’objet d’une chronique à part entière sous peu.