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Celui qui a longtemps été surnommé le «Trump de la Floride» pourrait déranger son ancien mentor lors de primaires pour l’élection présidentielle de 2024.
«Trump était le Terminator original, Ron DeSantis est comme le T-1000». C’est ainsi que l’humoriste Trevor Noah a présenté le gouverneur de la Floride lors du traditionnel souper des correspondants à la Maison-Blanche.
Celui qui a longtemps été surnommé le «Trump de la Floride» pourrait déranger son ancien mentor lors de primaires pour l’élection présidentielle de 2024.
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Malgré une victoire en 2018 (avec une très faible marge sur son adversaire démocrate de 0,4 %), Ron DeSantis est aujourd’hui très populaire chez les républicains, mais aussi chez les Floridiens avec un taux d’approbation frôlant les 60%. Cela peut s’expliquer par son énorme visibilité dans les médias, par l’absence de mesures restrictives en pandémie et par plusieurs lois qui rendent l’État de plus en plus conservateur, un état qui jadis, fut démocrate.
En mars dernier, la Floride a voté pour une loi surnommée par ses détracteurs «Don’t say gay» (ne dites pas gai). Grossièrement, celle-ci interdit l’enseignement et les discussions entourant les questions de genres et d’orientations sexuelles dans les écoles primaires de l’État. S’en est suivi une vague de contestations et de pressions sur les grandes entreprises présentes en Floride, comme Disney. Celle-ci s’est finalement positionnée contre la mesure disant qu’elle pouvait violer des droits fondamentaux.
Crédit photo: The Associated Press
Erreur.
Les conséquences pour Disney ont été quasi immédiates. Des manifestants ont pris d’assaut l’entrée du vaste parc de Walt Disney World à Orlando en faisant de dangereux raccourcis: la société Disney est pro pédophile et dangereuse. DeSantis a même qualifié Disney d’entreprise trop woke, pour reprendre un mot à la mode. Il s’est vite vengé en votant, avec l’appui de la majorité républicaine dans les deux chambres du congrès, la fin du statut particulier octroyé à Disney depuis 1967.
Si vous avez déjà eu la chance de visiter les installations du parc de Walt Disney World, vous avez vous-même constaté qu’il s’agit d’une ville en soi, voire un micro gouvernement. Grâce à son statut, Disney gère la police, les pompiers, les paramédicaux, les routes, l’aqueduc et j’en passe. Cela permet d’éviter d’être assujettie à plusieurs lois de l’État et d’être autonome dans sa gestion. Pendant des années, cette entente a fait l’affaire de tous: Disney est l’employeur le plus important de l’État et les retombées économiques sont dans les centaines de millions de dollars.
La question est maintenant de savoir si DeSantis et les républicains ont agi trop rapidement. Dans les derniers jours, la compagnie américaine a rassuré les investisseurs en affirmant que l’État de la Floride, et plus précisément les deux comtés où se trouve le parc d’attractions, aura à payer une facture très salée en raison d’années de gestion des infrastructures essentielles. À quel point la facture sera salée? Un milliard de dollars pourraient être remboursés à Disney et les résidents des deux comtés ont peur de devoir payer pour la vengeance de leur gouverneur avec des comptes de taxes faramineux. Des négociations auront très certainement lieu d’ici à la fin du statut particulier, en juin 2023.
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La Floride fait aussi partie des États qui ont récemment voté pour des lois restreignant l’accès à l’avortement, pourtant protégé par la célèbre décision Roe c. Wade de 1973. Cette protection constitutionnelle pourrait être sur le point de tomber.
La Cour suprême s’apprêterait à infirmer la décision phare et faire ainsi reculer le pays de près de 50 ans. Dans une ébauche de la décision obtenue par le média numérique Politico on constate qu’un vote privé des 9 juges confirmerait les craintes des organismes de défense des droits des femmes.
Crédit photo: The Associated Press
La majorité conservatrice aurait penché pour un renversement de la loi disant qu’elle était « inconstitutionnelle », « faible » et « avait conduit à de lourdes conséquences ». La décision de 1973 s’appuie sur le 14e amendement et la renverser pourrait aussi vouloir dire que d’autres droits sont potentiellement menacés comme celui de se marier avec une personne de même sexe, peu importe l’État où on se trouve.
Il ne s’agit pas de la décision officielle, prévue à la fin juin, donc un changement de direction est toujours possible, même si peu probable. Une fuite de cette ampleur, jamais vue dans l’histoire moderne de la Cour suprême, est peut-être justement une tentative de choquer l’opinion publique et de faire pression sur les juges. Chose certaine, l’avenir n’est pas rose pour les Américaines.
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