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Chez nos voisins du sud, nul ne peut contester que le climat est inquiétant, que la tension est palpable et qu’il y a quelque chose de véritablement effrayant.
Chez nos voisins du sud, nul ne peut contester que le climat est inquiétant, que la tension est palpable et qu’il y a quelque chose de véritablement effrayant. Il ne s’agit pas d’un retour sur l’Halloween, mais plutôt un constat de la polarisation extrême aux États-Unis, à quelques jours des élections de mi-mandat.
L’exemple le plus récent est l’attaque contre le mari de la présidente de la Chambre des représentants, la démocrate Nancy Pelosi. Elle est non seulement la deuxième dans l’ordre de succession, si Joe Biden n’était plus apte à gouverner, mais elle est aussi l’une des personnalités politiques les plus détestées par la droite américaine.
Selon les détails donnés par la police, un homme armé d’un marteau est entré par effraction dans la résidence familiale des Pelosi à San Francisco vendredi dernier. Vraisemblablement, ce n’était pas une attaque aléatoire : il attendait la femme et avait tout le matériel pour la séquestrer. Nancy Pelosi était à ce moment à Washington D.C. et c’est son mari qui a écopé, subissant une fracture du crâne. Heureusement, il a pu contacter les autorités avant que le pire se produise. L’acte violent a été dénoncé par quasiment tous les élus, autant démocrates que républicains.
Mais une minorité a ridiculisé l’histoire après avoir véhiculé une fausse nouvelle : le mari de Nancy Pelosi a été attaqué par un homme qu’il avait payé pour avoir une relation sexuelle. L’un des fils de Donald Trump a même diffusé sur Twitter une image d’un sous-vêtement masculin et d’un marteau comme suggestion de costume d’Halloween. On parle ici d’une publication de très mauvais goût.
Le FBI et ses partenaires ont publié la semaine dernière un document faisant état d’un niveau de menace élevée contre des «opposants politiques» ou encore envers les gens qui travaillent dans les différents bureaux de vote à travers le pays. Ils ont ajouté que les allégations, encore présentes, de fraude électorale massive lors de l’élection de 2020 contribuent à exacerber la situation.
Un ancien chef au département de la Sécurité nationale a même affirmé à CNN que les élections se déroulaient dans «une période où la nation fait face à l’environnement le plus instable et complexe des dernières années».
L’un des exemples les plus concrets est la présence de personnes qui s’autoproclamant «justiciers» tout en faisant le guet, lourdement armés, devant des bureaux de scrutin ou encore près de boîtes de dépôt de bulletins de vote en Arizona.
De nombreuses plaintes pour intimidation d’électeurs ont été déposées depuis et les membres des forces de l’ordre sont sur leurs gardes. Dans plusieurs bureaux de vote, dans des endroits où les tensions sont palpables depuis la dernière élection, des vitres pare-balles ont été installées, des firmes de sécurité privée ont été engagées pour protéger les scrutateurs ou responsables d’élections, des barreaux ont été installés de même que des vitres teintées pour éviter que des personnes mal intentionnées prennent des images hors contextes pour alimenter les nombreuses théories complotistes.
Crédit photo: Twitter | Maricopa County Elections Department
Ajoutons à cela que des candidats affirment sans gêne qu’ils ne vont pas reconnaître leur défaite en cas de résultats défavorables. C’est le cas de Kari Lake, actuelle candidate républicaine pour le poste de gouverneure de l’Arizona, qui a répété à plusieurs reprises qu’elle allait reconnaître un résultat où elle en sort gagnante.
Cette stratégie préélectorale déstabilise la fragile confiance envers le processus démocratique qui a écopé à la suite de l’élection présidentielle lourdement contestée par Donald Trump en 2020 (et qui l’est toujours). Plusieurs candidats refusant d’accepter la victoire de Joe Biden sont en élection et pourraient avoir des rôles extrêmement importants pour les élections futures.
Dans certains cas, ils seraient responsables des contestations de résultats et pourraient changer les règles du jeu pour les élections futures (comptabilisation des votes manuellement, quels bulletins sont acceptés, etc.).
Depuis des mois des politologues et analystes américains sonnent l’alarme : est-ce que l’élection de 2020 ou celle de 2022 furent les deux dernières élections véritablement démocratiques aux États-Unis ?
On parle depuis des semaines, voire des mois, des élections de mi-mandat. Pourquoi sont-elles aussi importantes ?
Le nom donne un très gros indice : elles se déroulent à la moitié du mandat du président, soit deux ans à la suite de son élection. C’est l’occasion de brasser les cartes et de changer le visage du Congrès américain, l’organe législatif.
Sont en jeu les sièges de 435 représentants fédéraux (soit l’ensemble des membres de la Chambre des représentants), 35 sénateurs (sur 100), 36 gouverneurs (l’équivalent des premiers ministres de provinces) en plus d’une myriade de postes locaux, allant du shérif au coroner. Ces élections sont généralement un référendum sur la présidence. C’était le cas en 2018, alors que Donald Trump polarisait énormément la nation. Le taux de participation n’est pas aussi élevé que pour une élection présidentielle, mais au moment d’écrire ses lignes, plus de 20 millions d’électeurs ont déjà exercé leur droit de vote.
Avec l’enjeu de l’avortement qui n’est plus un droit garanti depuis le renversement de Roe c. Wade en juin dernier, avec la hausse de la criminalité dans plusieurs grandes villes et avec une situation économique difficile et l’inflation qui bat des records, les éléments qui peuvent motiver un Américain à voter se trouvent réunis.
Actuellement le Sénat et la Chambre des représentants sont à majorité démocrate. Or, selon les dernières prévisions, les démocrates seraient en voie de perdre au moins une des deux chambres. Ce qui rendrait la présidence de Biden encore plus difficile avec un congrès qui était déjà hyper polarisé et des républicains qui sont très peu nombreux à vouloir collaborer avec lui.