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Mais pour une rare fois dans l’histoire, une entente entre les deux camps, républicain et démocrate, est à portée de main.
Le populaire adage « il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué » peut s’appliquer lorsqu’on aborde le délicat sujet d’une législation bipartisane sur les armes à feu. Mais pour une rare fois dans l’histoire, une entente entre les deux camps, républicain et démocrate, est à portée de main.
Dimanche, un groupe de vingt sénateurs provenant des deux grandes familles politiques américaines a annoncé avoir réussi à s’entendre sur une législation sur les armes à feu. Nous sommes très loin de la « liste d’épicerie » souhaitée par Joe Biden lors de son discours à la nation il y a quelques jours où il affirmait vouloir faire passer de 18 à 21 ans l’âge légal pour se procurer une arme semi-automatique ou encore de carrément les bannir comme ce fut le cas pendant une décennie, de 1994 à 2004.
L’un des éléments de la future législation concerne la vérification d’antécédents élargie pour les moins de 21 ans qui souhaiteraient acquérir une arme ainsi que l’aide aux États pour mettre en place ce qu’on appelle les « red flag laws », lois permettant de retirer des armes des mains d’individus ayant des antécédents criminels ou des problèmes de santé mentale connus.
L’entente inclut également une aide fédérale pour que les États puissent mieux s’outiller en santé mentale ainsi qu’une sécurité accrue dans les écoles, malheureusement cibles de nombreuses fusillades dont la plus récente à Uvalde au Texas.
Pour que l’entente devienne un projet de loi puis officiellement une loi, il faut tout d’abord soixante sénateurs sur cent votants en sa faveur. En théorie, les dix sénateurs du comité bipartisan qui ont entériné l’entente sont suffisants pour permettre de passer à la prochaine étape. Tout ça en considérant que le texte n’est toujours pas écrit et qu’il y a urgence d’agir pour éviter qu’un sénateur change d’idée et fasse tomber le fragile château de cartes.
Par la suite, la Chambre des représentants doit voter également, mais à majorité simple. Les démocrates sont majoritaires, mais la grande question qui subsiste est « Est-ce que l’aile progressiste va voter en sa faveur » ? À entendre Alexandria Ocasio-Cortez au cours du week-end, la réponse est « sûrement oui ». Oui, s’il s’agit d’un pas sincère dans la bonne direction, aussi petit soit-il, pour paraphraser l’élue de New York.
Finalement, la signature du président est nécessaire. Joe Biden a déjà donné son accord dans une déclaration sur Twitter, affirmant toutefois qu’il considérait que le projet n’allait pas assez loin pour éviter d’autres tragédies…
Tout ceci s’est déroulé au lendemain de marches pour un meilleur contrôle des armes à feu dans 45 dans 50 États américains. Un symbole notable pour les activistes qui souhaitent depuis des années une législation touchant les armes à feu. Les survivants de la tuerie de Parkland, qui sont à l’origine du mouvement « March for our Lives » qui coordonnaient les manifestations samedi, sont bien placés comme témoins de l’inaction du gouvernement les années précédentes. Après Sandy Hook en 2012, un tireur est entré dans leur école secondaire située dans une banlieue cossue de la Floride armé d’une AR-15. Le même genre d’arme qu’à Sandy Hook, qu’à Buffalo et que celle utilisée pour la tuerie d’Uvalde.
Malgré les bonnes intentions des élus des deux camps, les tueries de masse ne semblent pas être en décroissance et il est difficile d’évaluer si les mesures considérées pourront véritablement faire une différence. Au moment d’écrire ces lignes, nous en sommes à 267 tueries pour l’année 2022 et que seulement 164 journées se sont écoulées depuis le début de l'année.
Reste aussi à savoir comment l’argent investi, pour mieux encadrer les armes à feu et la santé mentale, sera utilisé concrètement !