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Loin de moi l’idée de critiquer cette annonce qui est une excellente nouvelle pour le Québec [...]. Cependant, il est intéressant aussi de regarder les aspects reliés à l’image, aux communications et les symboliques rattachées à cette annonce.
Avez-vous vu ces visages radieux?
Lorsque l’on annonce le plus important investissement manufacturier de l’histoire du Québec, qu’elle vient de concrétiser les ambitions du gouvernement du Québec de se positionner comme leader de la filière de fabrication de batteries et que l’on «bat l’Ontario» comme l’a dit le premier ministre Legault, il est clair que le niveau de bonheur était assez exceptionnel.
Loin de moi l’idée de critiquer cette annonce qui est une excellente nouvelle pour le Québec et pour le Canada, même si plusieurs vont débattre longtemps du niveau des subventions offertes à cette «jeune» entreprise. Cependant, il est intéressant aussi de regarder les aspects reliés à l’image, aux communications et les symboliques rattachées à cette annonce.
Sans aucun cynisme, il faut reconnaître que l’événement d’hier est avant tout une opération de relations publiques, qui bénéficie aux gouvernements qui ont contribué financièrement au projet ainsi qu’à l’entreprise elle-même. Ces opérations de relations publiques ne sont cependant pas sans utilité sociétale.
Lorsque l’on annonce des investissements comme celui-ci, on permet aussi aux citoyens de mieux comprendre les secteurs porteurs pour l’avenir et les emplois qu’ils représentent. On leur explique où leur argent est investi, combien cela va-t-il rapporter et ce que permettra la réalisation du projet.
Pour l’entreprise, on développe une notoriété de façon extrêmement accélérée et avec une réputation très positive. Leurs investisseurs devaient d’ailleurs sourire autant que nos politiciens en voyant les montants faramineux des appuis financiers qui furent octroyés à l’entreprise suédoise et les éloges envers ses dirigeants.
Finalement, on rend tout le monde heureux en espérant que cela incitera les citoyens réellement touchés par l’annonce, soit ceux de St-Basile-le-Grand, Mc Masterville et les villes avoisinantes, à se rallier à l’effervescence autour de ce projet pour que l’acceptabilité sociale, essentielle à sa réalisation, soit au rendez-vous.
Tout d’abord, au niveau du gouvernement fédéral, on devait trouver une façon d’équilibrer les investissements effectués auprès des géants automobiles Stellantis et Volkswagen pour la construction de leurs usines en Ontario.
Aujourd’hui, le Québec obtient sa part du gâteau avec des investissements comparables avec ceux réalisés par le gouvernement Trudeau ailleurs, permettant ainsi de concrétiser une stratégie pancanadienne autour de l’industrie des véhicules électriques. Pour le fédéral, c’est aussi une opportunité de démontrer l’utilité du gouvernement fédéral afin d’appuyer les ambitions politiques de leurs provinces.
D’ailleurs, à cet effet, ce sera intéressant de voir ce qu’il y aura pour les Maritimes et les provinces de l’Ouest, car la jalousie est un sentiment qui s’installe rapidement dans un grand pays comme le Canada.
Du côté du gouvernement du Québec, on a aussi d’importantes raisons de se réjouir, car cette annonce est la concrétisation de plusieurs des ambitions présentées par le gouvernement actuel depuis son élection en 2018.
Tout d’abord, en ce qui a trait à la compétition avec l’Ontario. Le premier ministre a répété à plusieurs reprises son désir de compétitionner avec son voisin en termes de création de richesse. Il était d’ailleurs fier de dire qu’il avait «battu» son collègue Doug Ford cette fois-ci.
En termes de création d’emplois «payants», la vision du gouvernement est également bien servie par la création de quelque 3000 emplois de qualité. Aussi, depuis quelques années déjà, le ministre Fitzgibbon parle de la fameuse filière batterie directement reliée à l’avènement du véhicule électrique et directement reliée à plusieurs autres annonces dans les derniers mois. Cette filière s’est construite rapidement dans les derniers mois avec des investissements de joueurs majeurs comme GM, Ford et maintenant Northvolt.
Il est vrai qu’il n’y a pas de garanties, mais le potentiel de la filière est énorme et le gouvernement nous dit d’ailleurs que plusieurs annonces représentant des milliards de dollars restent à venir.
En termes de discours économique, le gouvernement ne peut que se réjouir de ces chiffres qui illustrent l’ambition de remplacer les libéraux comme «parti de l’économie».
Il reste un élément qui peut maintenant faire dérailler cette belle annonce et c’est l’acceptabilité sociale dans le secteur.
Nous avons déjà vu les sorties de plusieurs opposants qui ont dénoncé l’empressement à faire des annonces et le manque de considération pour leurs doléances jusqu’à maintenant. Il est clair que les principes élémentaires d’acceptabilité sociale n’ont pas encore été nécessairement appliqués et que le dialogue avec les citoyens de St-Basile-le-Grand, Mc Masterville et les environs devra rapidement s’améliorer, car ça m’apparaît être le maillon manquant de ce projet et celui qui peut le faire dérailler.
Maintenant, quand on sait la concurrence féroce que les pays se font dans ce secteur économique et la vitesse à laquelle la filière se développe, on devra aussi trouver des façons de faire plus rapides en termes de consultation publique.
D’ailleurs, ce projet est plutôt une bonne occasion d’innover non?