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«L’année dernière, pour le même nombre de patients, le taux d’occupation était environ 30% plus bas», affirme le Dr Boucher qui précise que la pression est forte dans les hôpitaux.
L’automne est toujours une période achalandée dans les hôpitaux du Québec, mais actuellement les taux d’occupation dans les urgences explosent. Michel Bherer a discuté de la situation mardi au bulletin Noovo Le Fil 22 avec le Dr Gilbert Boucher, président de l’Association des spécialistes en médecine d’urgence du Québec.
Selon des données du ministère de la Santé publiées en soirée le mardi 18 octobre 2022, le taux d’occupation de l’urgence de l’hôpital Royal Victoria de Montréal s’élevait à 239% alors qu’il était de 230% pour le centre hospitalier régional de Lanaudière, de 172% à l’urgence du centre hospitalier Anna-Laberge de Châteauguay et de 171% pour l’hôpital de l’Université de Montréal.
Le Dr Gilbert Boucher est d’avis qu’il ne s’agit pas d’une situation «normale» pour un mois d’octobre.
«L’année dernière, pour le même nombre de patients, le taux d’occupation était environ 30% plus bas», affirme le Dr Boucher qui précise que la pression est forte dans les hôpitaux.
«C’est extrêmement difficile, on pensait qu’avec le retour des vacances d’été d’avoir plus de travailleurs, d’être capable d’offrir un meilleur service à la population et malheureusement ça ne se passe pas. Depuis la mi-août, on est très congestionné, nos urgences sont en train de devenir des outils d’hospitalisation. Nous avons de la difficulté à nous occuper des nouveaux patients.»
Le manque de personnel dans les établissements de santé en province est l’un des facteurs qui aggravent la situation dans les urgences, estime le Dr Gilbert Boucher.
«La COVID, le nombre de patients qui vient aux urgences n’est pas supérieur à l’année dernière, c’est vraiment qu’on manque de personnel.»
Le Dr Boucher est d’ailleurs plutôt pessimiste face à la situation.
«On le voit dans les dernières semaines que nous n’avons pas le personnel pour nous occuper des patients qui se présentent chez nous, nous n’avons pas les lits, nous avons encore beaucoup de lits fermés dans les hôpitaux et les ressources intermédiaires aussi manquent de personnel, alors il y a une congestion : on se ramasse à avoir juste des unités d’hospitalisation dans nos urgences et c’est ça qui fait peur», affirme-t-il.
Le Dr Gilbert Boucher est formel, la situation actuelle compromet la mission première des urgences, soit de s’occuper des gens malades.
«Au-dessus d’un taux d’occupation de 150%, il faut comprendre que les urgences deviennent très dysfonctionnelles alors qu’on peut prendre jusqu’à 20 minutes seulement pour trouver une civière pour un patient. On ne parle même pas de le voir, juste de le coucher sur une civière.
Ça devient très problématique», raconte le Dr Gilbert.
Les prochains mois s’annoncent très difficiles alors que la période hivernale approche et que peu de solutions semblent possibles.
«Il n’y a pas énormément de solutions avec le manque de ressources humaines. La seule chose que nous espérons c’est qu’il y ait un peu de diffusion de la pression. Actuellement, l’encombrement est surtout aux urgences, il faut que le restant de l’hôpital prenne un petit peu plus de patients en charge pour nous donner une chance», croit le Dr Gilbert Boucher.
Statistique Canada révélait mardi que 15% des adultes canadiens qui ont contracté la COVID-19 ressentaient encore des symptômes plus de trois mois après avoir été infectés.
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Le Dr Gilbert Boucher parle de patients qui ont de véritables symptômes non spécifiques : problèmes de sensation, tachycardie, fatigue, maux de tête.
«Il faut s’assurer que rien d’autre ne se passe, mais c’est malheureux, c’est un côté caché de la COVID», précise le Dr Boucher.
Rédigé par Jennifer Gravel pour Noovo Info
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