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Est-ce que le chef caquiste sera en mesure de reprendre le contrôle du narratif en 2024?
Lors des traditionnels vœux de fin d’année à l’Assemblée nationale, le premier ministre Legault disait à la blague avoir demandé une boussole au père Noël. Au-delà de sa capacité d’autodérision, est-ce que le chef caquiste sera en mesure de reprendre le contrôle du narratif en 2024?
Le premier mandat du gouvernement caquiste fut marqué principalement par la pandémie. Points de presse quotidiens, taux de popularités soviétiques, communications gouvernementales centralisées, oppositions éludées… C’est dans ce contexte bien particulier que certains plis se sont pris dans les costumes du cercle de confiance de François Legault.
2023 fut une année pivot. L’usure normale du pouvoir, combinée avec des gaffes évitables (louvoiements sur le troisième lien, subvention aux Kings, déclarations maladroites du PM lors des négociations avec le secteur public), aura fait perdre à la CAQ et au premier ministre de nombreuses et précieuses plumes.
Quand on part de si haut, la chute semble d’autant plus brutale…
Le principal risque pour le gouvernement est de ne pas être capable de s’ajuster à ce nouveau contexte dans lequel il navigue.
Dans les communications du gouvernement, on peine à déceler une vision cohérente, ficelée par un fil conducteur compris par tous. Certes, il lui reste du temps! Mais le temps a cette manie de nous filer rapidement entre les doigts. La CAQ ne peut pas se permettre une deuxième session parlementaire catastrophique.
Dans son premier mandat, le contraste était évident après un cycle de mandats libéraux: Fierté, identité, laïcité, nationalisme faisaient une entrée fracassante dans le paysage politique. Cela s’ancrait dans un narratif de nouveauté et il s’en est suivi une longue lune de miel pour François Legault, exacerbée et prolongée par la pandémie.
Maintenant qu’il n’est plus la nouveauté et qu’il a déployé la majorité de ses promesses phares caquistes (réformes en immigration, refonte de la Charte de la langue française, loi sur la laïcité, maisons des aînés), maintenant aussi que plusieurs promesses ont été plus ou moins abandonnées (troisième lien, maternelles 4 ans, maisons bleues), le gouvernement doit se trouver un projet et, c’est la réalité en politique de nos jours, avoir une bonne stratégie de marketing pour la vendre aux citoyens. Les défis ne manquent pas! Logement, services publics sous pression, impression de perte de contrôle en immigration font partie de la liste.
La crise du logement, l’inflation et la difficulté d’accès à des services publics de qualité ont des impacts réels sur le quotidien des citoyens, et il est difficile pour les gouvernements en place, autant à Ottawa qu’à Québec, d’éviter d’en porter le blâme. Les premiers ministres savent bien que lors de la prochaine échéance électorale, la question qui tue sera encore et toujours: «est-ce que votre vie est meilleure qu’il y a quatre ans?».
Le 24 janvier prochain, nous saurons si la banque du Canada commencera à renverser la vapeur sur les taux d’intérêt, ce qui pourrait contribuer, à condition que l’atterrissage ne soit pas trop brutal, à redonner un peu d’espoir aux citoyens qui ont vu leur anxiété financière augmenter dans la dernière année. Nous verrons bien si les gouvernements en place en profiteront un tant soit peu.
La rumeur d’un remaniement ministériel à Québec circule depuis quelques mois déjà. Cette opération peut permettre à des gouvernements de se redonner un élan. Mais ce n’est pas si facile que ça.
D’abord, François Legault semble ne pas beaucoup aimer les remaniements. Non seulement il n’a effectué qu’un mini remaniement lors du premier mandat, dont l’objectif principal était de changer de ministre de la Santé, mais le premier ministre a reconduit plusieurs ministres dans leur ancien rôle lors de la formation de son conseil des ministres en 2022. Legault aime la stabilité.
Ensuite, qui pense que les ministres sont les premiers responsables des problèmes du gouvernement caquiste? Certes, le premier ministre a dû recadrer quelques fois les propos maladroits de certains ministres, mais de façon générale, c’est sa performance et celle de son équipe à lui à qui incombe la reprise du narratif politique. C’est au cabinet du premier ministre de développer une vision et de s’assurer d’une cohérence dans les communications et politiques gouvernementales.
Il est possible qu’un remaniement ministériel survienne, si jamais certains ministres ténors souhaitaient quitter, par exemple. Nous verrons bien.
Mais en attendant, il reste un peu moins de trois ans avant la prochaine échéance électorale. Trois ans pour gouverner et nous proposer une vision pour le Québec. Les troupes caquistes doivent absolument arriver d’attaque pour la nouvelle session parlementaire si elles aspirent à ralentir la chute.
On observera ça le 30 janvier prochain!