Début du contenu principal.
Faisons un peu le tour de ce que nous pourrions entendre cet automne dans le Salon rouge...
Cette semaine, du côté des partis politiques provinciaux, on prépare la rentrée parlementaire avec les caucus présessionels. C’est donc la semaine de préparation des messages politiques que nous entendrons durant l’automne 2024.
Faisons un peu le tour de ce que nous pourrions entendre cet automne dans le Salon rouge puisque, pour cause de rénovations, le traditionnel Salon bleu sera remplacé par le Salon rouge, le lieu qui abritera les débats pour les deux prochaines années ou plus.
Les derniers sondages le démontrent assez clairement : la chute de la CAQ dans les intentions de vote est terminée et on entrevoit même une certaine remontée. Celle-ci coïncide avec une plus grande « discrétion » du premier ministre et du gouvernement dans notre espace médiatique depuis les derniers mois.
En plus d’être plus sélectif dans ses sorties publiques, le gouvernement a également bénéficié d’avoir réglé ses conflits avec les syndicats dans le monde de l’éducation et d’avoir repoussé à l’année prochaine, les mesures de retour à l’équilibre budgétaire.
Cet automne, deux priorités m’apparaissent donc évidentes. D’abord, le gouvernement doit régler les négociations plus que difficiles avec la FIQ. Celles-ci risquent de noircir l’automne du gouvernement si on repart une bataille contre le syndicat qui représente 95 % des infirmières et infirmiers du réseau. Ensuite, ils devront remettre le développement économique à l’avant-plan, car la croissance économique est le meilleur allié pour un gouvernement qui devra présenter son plan de retour à l’équilibre budgétaire. Tout cela en espérant ne pas devoir demander trop de sacrifices à sa population.
Du côté du Parti Québécois, on ne nous fera pas de grandes surprises puisque le chef a annoncé un plan drastique de réduction de l’immigration permanente et temporaire en octobre prochain. Ce plan viendra bonifier le message du PQ sur l’importance de diminuer l’immigration pour protéger les services publics, l’économie, la langue et j’en passe.
Que l’on soit en accord ou pas avec ces propositions, le PQ a été d’une redoutable efficacité depuis 2022 pour imposer ses messages dans l’espace public. Cependant, avec les annonces en immigration du gouvernement Legault et Trudeau durant les dernières semaines, j’ai hâte de voir comment ils réussiront à nouveau à se démarquer. À deux ans d’une élection provinciale, le PQ a encore du temps pour se positionner comme un gouvernement en attente, mais il devra commencer à se démarquer dans les grands sujets qui font et défont les gouvernements soit santé, éducation et économie.
Pour le PLQ, une course se prépare et c’est déjà une excellente nouvelle pour ce parti qui ne semblait pas le plus attirant pour des personnalités désireuses de faire de la politique provinciale. Avec la confirmation récente de Charles Milliard, celle qui est évidente de Frédéric Beauchemin et celle annoncée en juin par Denis Coderre, il y a déjà une belle course assurée. Elle sera encore plus intéressante si les rumeurs se confirment et que le ministre fédéral Pablo Rodriguez s’ajoute à la liste cet automne ou au début 2025. Plusieurs souhaitent qu’une femme de renom permette d’éviter une course sans candidate. Cependant, quelle que soit la bonne humeur des libéraux, heureux des candidatures annoncées, il reste que les derniers sondages placent toujours le parti à 6-7 % chez les francophones, ce qui rend une perspective de victoire ou de reconstruction très difficile. La priorité des députés en place et des candidats à la direction du parti doit donc absolument être de trouver les sujets et les propositions qui feront bouger l’aiguille chez les francophones. Je m’attends donc à ce que l’on insiste beaucoup sur le terrain de l’économie et de la rigueur budgétaire pour les libéraux, tout en se positionnant comme les seuls défenseurs de la fédération canadienne dans l’échiquier actuel. Des messages plutôt naturels pour le PLQ dans l’histoire, mais desquels le parti s’est éloigné depuis quelques années.
Finalement, du côté des solidaires, après un printemps houleux et divisif, ils auront certainement à cœur de propager d’abord des messages d’unité et de cohésion. D’ailleurs, contrairement aux libéraux qui espèrent plus de candidats dans leur course, je ne suis pas convaincu que le désir solidaire soit le même dans la course pour le poste de porte-parole féminine du parti. Ruba Ghazal est la seule candidate annoncée pour le moment et il serait probablement bénéfique pour le parti si ce processus se finissait par un couronnement. Ils pourraient alors se concentrer sur ce qui m’apparaît comme le sujet le plus naturel pour les solidaires après les événements climatiques de l’été : la résilience climatique et le plan d’action que le gouvernement et les villes devront adopter pour s’adapter aux changements que l’on observe.
Bien entendu, l’actualité donnera des munitions à tous les partis pour diversifier les sujets et répondre à leur besoin d’être présent auprès de la population et de faire valoir leurs idées. Cependant, il est essentiel de définir les messages que l’on désire transmettre avant que l’on soit happés par le tourbillon de l’actualité. C’est ainsi que l’on réussit à se démarquer, mais surtout à établir une communication qui soit cohérente avec ses valeurs.
Et maintenant, place aux débats !