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La «Trudeaumanie» de 2015 a cédé la place à une véritable «Trudeauphobie».
Un nouveau sondage fédéral, dévoilé par Philippe J. Fournier lundi en fin de journée, fait grand bruit. En effet, selon cette enquête menée par Mainstreet, le Parti conservateur du Canada atteint un chiffre astronomique de 47 % dans les intentions de vote, se plaçant 30 points devant les libéraux et le NPD, ces deux derniers étant à égalité à 17 %.
De tels résultats sont rares dans l’histoire politique fédérale canadienne. Le seul score supérieur qui me vient à l’esprit est celui de Brian Mulroney lors de l’élection de 1984, il y a 40 ans!
Qu’est-ce qui explique cette avance écrasante?
La réponse semble claire: la «Trudeaumanie» de 2015 a cédé la place à une véritable «Trudeauphobie» — une lassitude marquée par la peur de voir Justin Trudeau rester au pouvoir pour quatre années supplémentaires.
On a tendance à l’oublier, mais l’histoire politique canadienne est jalonnée d’alternances. Depuis la Seconde Guerre mondiale, la durée maximale des mandats consécutifs pour un gouvernement a été de 11 ans et demi. La plupart des premiers ministres ont gouverné entre 8 et 10 ans. Bien que Pierre Elliott Trudeau ait occupé ce poste pendant 15 ans, il y a eu un intervalle entre son deuxième et son troisième mandat.
Il existe donc une sorte de «date d’expiration naturelle» pour un gouvernement après une décennie au pouvoir. La pandémie a peut-être repoussé cette échéance en 2021, mais aujourd’hui, le changement semble inévitable. Peut-être Justin Trudeau pensait-il que son nom de famille lui permettrait de prolonger cette limite naturelle. Cela ne semble toutefois pas être le cas.
Un autre problème majeur pour les libéraux est l’absence d’une bonne raison pour laquelle les électeurs devraient leur accorder un nouveau mandat. En écoutant les discours des députés et des ministres libéraux, on constate que leur message se concentre essentiellement sur des attaques contre le style ou les idées de leur adversaire, qualifié de trop à droite ou populiste.
En d’autres termes, leur stratégie repose davantage sur un vote contre quelqu’un que sur un vote pour quelque chose. Or, comme l’ont démontré les élections aux États-Unis, ce type de rhétorique ne porte pas ses fruits.
Pierre Poilievre n’est pas Donald Trump, mais lui aussi impose les thèmes de la campagne à venir. Il aborde des enjeux qui préoccupent directement la classe moyenne: l’inflation, le coût de la vie, la sécurité et le logement. Sa capacité à se montrer proche des préoccupations des Canadiens renforce son message.
Avec le désir de changement exprimé dans les sondages, il y a de fortes chances que la stratégie conservatrice porte ses fruits.
Le sondage publié par Mainstreet constitue une véritable catastrophe pour les libéraux. Leur chef, usé par dix ans de pouvoir, n’a aucune intention de se retirer. Même lorsqu’il annonce des aides financières pour les Canadiens, il se heurte à une opposition croissante. Désormais, les libéraux risquent même d’être devancés par le NPD. Ils manquent autant de soutien populaire que d’un message clair pour espérer faire bonne figure.
De leur côté, les conservateurs ont le vent en poupe. Ils sont en tête par 30 points au Canada, deuxièmes au Québec avec une avance de cinq points sur les libéraux, et possèdent le message le plus cohérent parmi les partis. De plus, 46 % des électeurs estiment que Pierre Poilievre est le mieux placé pour négocier avec Donald Trump.
Bien sûr, les conservateurs ne sont pas invincibles et rien n’est encore joué. Par contre, quand le peuple est fatigué et qu’il ne veut plus d’un politicien, ça prendra un énorme raz-de-marée pour changer les prévisions. Pour le moment, ce sera une vague conservatrice qui va déferler sur le Canada en 2025.