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J’ai passé la fin de semaine à penser aux projets de société qui nous sont proposés par les principaux partis politiques sur la scène québécoise.
On entend souvent les gens se plaindre que les partis n’ont plus de vision. Que l’on ne rêve plus. Qu’on fait de la politique de petites annonces qui flashent, mais que l’on ne nous propose plus de grands projets de société. Est-ce vraiment le cas?
Un tweet de Frédéric Bérard a attiré mon attention vendredi, après l’annonce de la fermeture du chemin Roxham. Le premier ministre a qualifié l’entente de victoire pour le Québec, et le juriste, toujours très critique du gouvernement caquiste, ironisait que «Maintenant que Roxham est fermé, c’est quoi, notre nouveau projet de société? Clencher le PIB de l’Ontario?»
Cela m’a fait réfléchir à l’état actuel des choses. J’ai passé la fin de semaine à penser aux projets de société qui nous sont proposés par les principaux partis politiques sur la scène québécoise.
À mes yeux, le projet de société du Parti québécois est assez évident. Plusieurs indépendantistes se sont également risqués à dessiner les contours d’un Québec post victoire référendaire. Quant à Québec solidaire, le parti porte une idéologie assez claire qui en soi pourrait être considérée comme un projet de société. Étant beaucoup plus à gauche que les partis s’étant alternés au pouvoir, la mise ne application de son programme amènerait inévitablement la société ailleurs. Ah oui et QS est également indépendantiste, semble-t-il…
Au Québec, les projets de société qui ressortent le plus à mes yeux sont les réponses à la crise climatique. Pendant que QS flirt avec la décroissance, le PLQ et la CAQ nous ont présenté de grands projets alliant décarbonation et prospérité.
Dominique Anglade nous a offert un grand projet avec tout le marketing qui venait avec. Cela m’a beaucoup fait penser au fameux «Plan Nord» de Jean Charest. Le projet ECO se voulait une véritable «révolution énergétique», visant la carboneutralité du Québec en 2050 en misant sur notre eau, notre électricité et l’utilisation de l’hydrogène vert.
Ce projet avait sans doute ses faiblesses, et Dominique Anglade n’aura peut-être été qu’une cheffe de transition, mais à mes yeux, le projet ECO se qualifie comme «grand projet de société».
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L’équivalent caquiste n’a pas été packagé dans un grand projet avec son logo et son slogan. Peut-être que cela viendra? En campagne électorale, François Legault avait annoncé le plus grand chantier économique et écologique de l’histoire du Québec, ajoutant qu’ «il va falloir construire un demi-Hydro-Québec dans les prochaines années». Bien que depuis, le premier ministre a cessé de parler de nouveaux barrages, misant plutôt sur l’éolien et sur une meilleure utilisation des barrages actuels, ce sera néanmoins vraisemblablement l’électrification et la décarbonation qui aura été le plus grand projet du deuxième mandat de Legault. Les caquistes y voient des occasions d’affaires, la filière batterie notamment.
La vision du gouvernement en matière d’énergie demeure un peu confuse à l’heure actuelle et aurait cruellement besoin d’être clarifiée afin d’offrir une meilleure prévisibilité à tous. La CAQ n’aime pas trop insister sur la crise climatique dans son discours. Elle est prête à agir, certes, mais en allant aussi loin que possible sans trop déranger les habitudes des citoyens, laissant probablement cet odieux à un autre gouvernement.
Les actions entreprises et les moyens investis dans la transition énergétique se qualifient comme grand projet de société, pour autant que ce soit un tout cohérent et bien expliqué. C’est quand même plus excitant que de réduire l’écart de richesse entre le Québec et l’Ontario!
En matière de projet de société packagé, rappelons-nous du livre de François Legault, Le projet Saint-Laurent, duquel sont nées les zones d’innovation. Mais on n’y fait plus beaucoup référence, la CAQ semble avoir tourné la page.
Les grands projets existent encore et ils ont toujours le potentiel de faire rêver. Dans un univers où tout va vite, où l’on ne lit souvent que les grands titres, où l’on écoute des clips de 30 secondes sur Instagram ou Twitter.
Quelle place fait-on à des projets de grande envergure qui ne se résument pas en 140 caractères? Quelle écoute a-t-on en dehors de la controverse du jour et de la seule performance des chefs? Après tout, sans vouloir jouer la moralisatrice, on a les politiciens qu’on méritons!