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«La charge mentale liée à la période des Fêtes incombe (encore) aux femmes.»
Qui achète les cadeaux chez vous? Qui fait tout le magasinage et trouve le bon présent ? Vous savez, ce magnifique présent qui fera sourire et qui fera plaisir? Qui emballe, décore, pense au menu, invite, cuisine? On associe les Fêtes au père Noël, mais ce sont les femmes, les mères, qui se tapent pas mal tout le boulot.
La charge mentale liée à la période des Fêtes incombe (encore) aux femmes. Dans bien des chaumières, ce sont elles qui sont à la tête du projet « Noël » et se plient en quatre pour faire plaisir à tout le monde.
«Mon conjoint souhaite s’investir dans l’organisation, mais tout le monde passe par moi», m’écrit Jannyck, mère d’un bébé de sept mois qui habite dans l’est de Montréal.
La liste de choses auxquelles penser, les trucs à planifier, à organiser, à gérer et à faire est sans fin. C’est un travail invisible, intangible, silencieux et constant. Et c’est un travail incontournable : on ne peut pas annoncer à la famille que cette année, oups, on a passé tout droit. On n’a pas eu le temps de préparer Noël, désolé.
Et c’est peut-être pour cela que les Fêtes pèsent tant à de nombreuses mères : elles ressentent la pression de faire de Noël une réussite.
De grâce, ne me dites pas qu’elles se mettent elles-mêmes de la pression. Ne me dites pas : « Oh, mais les femmes doivent lâcher prise ! » C’est insultant.
Les femmes ne prennent pas ce rôle parce qu’elles ont de meilleures habiletés ou de meilleures qualifications pour les tâches liées aux Fêtes. Elles n’ont pas une passion dévorante pour commander le buffet, trouver LE bon jouet ou courailler les aubaines.
Elles héritent de tout cela parce que… c’est attendu d’elles. Depuis la nuit des temps. Et déconstruire ce qui est attendu, en lien avec un genre, ça prend des années, voire des décennies.
« Ce n’est pas compliqué, je fais pas mal tout, confie Anne-Marie, de Lévis, mère d’une fille de 14 ans. Mon chum, lui, il fait la fête. »
Bon, je vous entends rouspéter. Oui, dans certaines chaumières, il y a des personnes qui sont gagas des Fêtes et y plongent sans retenue, incluant la fabrication maison de cartes de Noël et la préparation de biscuits.
Sauf que… Sauf qu’il y a un malaise voire un mal-être chez bien des femmes lasses, écœurées, fatiguées, épuisées en décembre.
Ces voix-là, on les entend peu. Est-ce tabou de dire qu’on n’aime pas la frénésie des Fêtes, à cause de la lourdeur de la tâche ? Je pense que oui. Pour une femme ? Encore plus. Même en 2024.
« Je fais TOUT, raconte Geneviève. Je fais les achats de cadeaux pour tout le monde, je gère le calendrier, je planifie les menus des soirs où on reçoit, j’envoie des listes d’idées cadeaux pour nos enfants à nos proches et je dois même trouver des idées pour la famille de mon chum… »
Épuisant, vous dites ?
Certaines familles font le choix de revenir à la simplicité — ce qui est une belle idée, encore faut-il être assez discipliné pour s’y tenir. La liste de choses à faire gonfle vite à coup de « tant qu’à… ». Les mères en paient souvent le prix, de leur santé mentale, physique, émotionnelle, de leur énergie, de leur joie de vivre.
Elles y perdent, en quelque sorte, l’esprit des Fêtes. L’essence n’est-elle pas de se retrouver ensemble, tout simplement ?
Je peux affirmer sans l’ombre d’un doute que le meilleur cadeau à offrir à ces femmes, à ces mères qui tiennent à bout de bras le succès des festivités, c’est… de leur sacrer patience.
Donnez-leur du temps. Du répit. Libérez-les.
Offrez une escapade, une nuitée en solo quelque part, loin des tâches, des responsabilités et de la charge mentale. Encore mieux : une semaine. C’est impossible ? Une soirée seule sans enfants à la maison alors !
« Je veux du temps, seule chez moi sans enfants, dit Jade, une Lavalloise mère de trois enfants de 10, 7 et 5 ans. Je veux du sommeil, un café chaud, un peu plus de spontanéité et un peu plus de reconnaissance. Rien de bien compliqué. »
Rien de compliqué, en effet. Le Père Noël peut sûrement arranger ça.