Début du contenu principal.
Le professeur de relations internationales à l'Université Temple à Tokyo, Benoît Hardy-Chartrand, a affirmé que ces manifestations ont quelque chose de spécial, elles qui critiquent directement le président Xi Jinping. Une première depuis trois décennies
Les manifestations contre la politique «zéro COVID» se poursuivent toujours en Chine, devenant ainsi la plus grande contestation à l’endroit du Parti communiste chinois depuis 1989, qui s’était terminée tragiquement avec le massacre de la place Tiananmen, à Beijing.
Le professeur de relations internationales à l'Université Temple à Tokyo, Benoît Hardy-Chartrand, a affirmé que ces manifestations ont quelque chose de spécial et critiquent directement le président Xi Jinping — une première depuis trois décennies.
À lire également:
«Le quotidien des Chinois est difficile, car on se lève un matin sans savoir à quoi s’attendre, sans savoir si notre bâtiment, si notre quartier va être confiné, donc c’est une réalité qui est très difficile depuis trois ans, a expliqué M. Hardy-Chartrand en entrevue au bulletin Noovo Le Fil Week-end. On peut comprendre pourquoi plusieurs d’entre eux montrent de plus en plus leur exaspération.»
Plusieurs vidéos des manifestations ont été filmées, montrant notamment des étudiants universitaires, sans masque, demander la fin du régime de Xi Jinping.
«Plusieurs ont déjà subi des conséquences ou vont en subir, mentionne M. Hardy-Chartrand. Mais on voit des efforts de propager, de montrer non seulement aux autres Chinois ce qu’il se passe, mais également au monde entier et de faire part de leur exaspération de cette situation.»
Malgré la hausse de la colère au sein du pays, le professeur de relations internationales ne croit pas que le «Parti communiste soit en danger», bien que ce type de contestation est extrêmement rare.
«On est très loin de ce qu’on a vu en 1989, mais ça démontre quand même un mécontentement dans une bonne partie de la population», a-t-il ajouté.
Alors que les manifestations se succèdent, la Chine semble vouloir alléger les mesures sanitaires, sans toutefois imiter la majorité des pays occidentaux. Pourquoi?
Selon M. Hardy-Chartrand, lever immédiatement les mesures sanitaires ferait tout simplement exploser le système de santé chinois.
«Le système de santé chinois n’est pas considéré comme étant suffisamment prêt à une éclosion ou à une explosion du nombre d’infections en Chine, donc si on ouvrait comme on le voit chez nous, ça mènerait à une explosion de cas qui pourrait faire écrouler le système de santé chinois», a-t-il expliqué.
Le professeur mentionne également que les deux vaccins principaux chinois ne sont pas aussi efficaces que les vaccins occidentaux, augmentant le risque de propagation au sein du pays.
«Si on met fin à la politique zéro COVID, ça va faire en sorte qu’on va avoir des millions d’hospitalisations, surtout que la population âgée en Chine n’est pas vraiment vaccinée. Ça fait en sorte que le gouvernement chinois n’a pas vraiment de bonne option pour avancer.»
La Chine est désormais le seul grand pays qui tente encore d'arrêter la transmission du virus qui a été détecté pour la première fois dans la ville centrale de Wuhan à la fin de 2019.
Le chef normalement favorable de l'Organisation mondiale de la santé a qualifié la politique «zéro COVID» d'«insoutenable». Pékin a qualifié les remarques d’irresponsables, mais l'acceptation publique des restrictions s'est effritée.
Les personnes mises en quarantaine chez elles dans certaines régions disent manquer de nourriture et de médicaments. Et le parti au pouvoir a été durement critiqué pour la mort de deux enfants dont les parents ont déclaré que les contrôles antivirus avaient entravé les efforts pour obtenir des soins médicaux d'urgence.