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Est-ce que le milieu du sport est particulièrement toxique, fait-il en sorte qu’il broie les athlètes et les sportifs les plus prometteurs de la planète ?
Survivre au sport.
C’est le titre d’un nouveau documentaire diffusé depuis le 23 janvier dernier sur les ondes de Noovo. Animée d’une quête, on peut y voir la journaliste Noémi Mercier partir à la rencontre d’expert.es pour comprendre la crise de santé mentale qui secoue le monde du sport d’élite.
Rappelez-vous. En 2021, la gymnaste Simone Biles (surnommée the G.O.A.T., acronyme de Greatest of All Time) et la joueuse de tennis de renom Naomi Osaka s’étaient retirées de compétitions majeures en raison de problèmes de santé mentale. Biles avait affirmé avoir l’impression de porter le poids du monde sur ses épaules. Quant à elle, Osaka a exprimé vivre une très grande anxiété sociale, notamment lorsqu’elle doit s’adresser à la presse après ses tournois. Plus près de chez nous, le gardien de but Carey Price a également fait une pause en raison de souci du même ordre, et ce, après avoir mené le Canadien de Montréal en finale de la coupe Stanley, une première en près de 30 ans.
Est-ce que le milieu du sport est particulièrement toxique, fait-il en sorte qu’il broie les athlètes et les sportifs les plus prometteurs de la planète ?
Les problèmes de santé mentale sont monnaie courante au sein du monde du sport d’élite.
Selon le documentaire, près de 70 % des sportifs et sportives vivent des enjeux de cet ordre allant de troubles alimentaires, d’idéations suicidaires, d’anxiété de performance, de problèmes de consommation et j’en passe.
Or, en 2021, quelque chose semble avoir changé. En écoutant les Biles, Osaka et Price de ce monde, force est de constater qu’il était rarissime de voir des individus de cette stature parler de leurs démons intérieurs publiquement, et ce, avec une vulnérabilité qui contraste avec l’impression d’invincibilité qui leur est insidieusement attribuée.
Bien que le documentaire se concentre sur le domaine du sport, les réflexions qui m’animent après l’avoir visionné le dépassent. Je suis persuadée que de nombreux écrivain.es, musicien.nes, artist.es ou toute personne jouissant d’un grand rayonnement dans un domaine de prédilection peut poser des questionnements analogues à ceux démontrées dans Survivre au sport.
Il existe une solitude très singulière (et à la fois partagée) qui caractérise le parcours des individus dotés de grandes capacités et qui parviennent à exceller dans leur domaine. Cette solitude est rarement prise au sérieux, voire incomprise, car ces vedettes semblent ne manquer de rien.
Si le talent force l’admiration du commun des mortels, la médisance, la jalousie et l’exclusion font aussi du lot et du poids qui accompagne la notoriété, particulièrement, à l’ère des médias sociaux.
Pour se rendre au niveau des Biles, Osaka et Price, force est d’admettre qu’il y a beaucoup d’appelés et peu d’élus. À force de travail acharné, d’un accès à de nombreuses ressources, mais aussi en raison d’aptitudes innées, une minorité se retrouve sur les marches du podium. Ainsi, lorsqu’on se distingue de la sorte, le prix à payer est élevé dans les autres sphères de sa vie.
Au final, je trouve qu’il faudrait revoir socialement notre rapport à l’authenticité, la vulnérabilité et la force pour comprendre que ces différents éléments peuvent coexister chez un même individu.
Après tout, même les plus exceptionnels d’entre nous demeurent des êtres humains. Il ne faudrait pas l’oublier.