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Un garçon sur cinq fréquentant l’école publique a décroché pendant la pandémie. Ça ne vous scandalise pas?
Un garçon sur cinq fréquentant l’école publique a décroché pendant la pandémie. Dans certaines régions, on parle de 30 %. Cela devrait tous nous scandaliser, pourtant, c’est une nouvelle qui est passée presque inaperçue la semaine passée.
Depuis le début des années 2000, le taux de décrochage était en décroissance au Québec. Il a toutefois connu une remontée à partir de 2015 et un «soubresaut» durant la pandémie, comme le démontrent les données du ministère de l’Éducation rendues publiques récemment.
La pandémie a été extrêmement difficile pour de nombreux jeunes. Pourtant, dès la levée des mesures sanitaires, c’est comme si on avait plus voulu en entendre parler. Je trouve que nous sommes vite passés à autre chose et on ne prend pas vraiment le temps de se demander quelle est la véritable ampleur de ces difficultés et de leurs conséquences sur la santé mentale et la réussite des jeunes.
Comment peut-on accepter qu’autant de jeunes ne terminent pas leur parcours scolaire sans obtenir leur qualification ou leur diplôme? Est-ce qu’on leur offre véritablement tous les services et le soutien dont ils ont besoin? Est-ce que les organismes qui offrent des services aux jeunes et aux parents ont tous les moyens nécessaires pour faire face à la demande?
Il est facile de se tourner vers le gouvernement et dénoncer le manque de ressource. Mais la question que je vous pose aujourd’hui, c’est: est-ce que ça vous scandalise?
Comme dirait François Legault, «personne ne se bat dans les autobus» pour la lutte au décrochage scolaire. Le gouvernement va pourtant s’occuper en priorité des enjeux pour lesquels les citoyens, les médias, les groupes de pression vont crier.
Or, je n’entends qu’un silence assourdissant.
On le sait, le réseau scolaire ne va pas bien. Les enseignants sont débordés. Les défis sont nombreux. Mais je n’ai encore jamais vu l’éducation être réellement une priorité, ni pour les gouvernements ni pour les citoyens. L’éducation n’a jamais été «la question de l’urne» (ne me parlez pas de la crise étudiante de 2012, ça n’a rien à voir).
Certes, on voit bien que le gouvernement et le milieu scolaire tentent de mettre en place des choses, notamment du tutorat, de l’aide aux devoirs, des activités parascolaires, des parcours qui font de la place à la formation professionnelle, le sport-étude, etc. L’école est obligatoire jusqu’à 16 ans. Mais devrait-on la rendre obligatoire jusqu’à 18 ans? Certains experts suggèrent l’idée.
La récente initiative législative du ministre de l’Éducation permettra peut-être d’avoir les données de décrochage plus rapidement. Car à l’heure actuelle, nous obtenons les données de décrochage quand les jeunes ont quitté l’école depuis longtemps. Cela étant, la tendance est déjà connue et rien ne laisse croire que les choses vont s’améliorer d’elle-même.
On est en droit de s’inquiéter pour nos garçons. Pendant ce temps, les filles avancent, elles performent mieux à l’école, elles prennent leur place dans plus en plus de secteurs traditionnellement réservés aux hommes. Et c’est une bonne chose.
Au début des années 1990, le Québec s’est tanné de se priver des cerveaux de toutes ces femmes qui restaient à l’écart du marché du travail. Nous avons opéré un rattrapage incroyable qui a su bénéficier aux femmes, au premier chef, mais aussi à nos universités, à nos entreprises, bref à tout le Québec.
Combien de temps allons-nous encore accepter de nous priver des cerveaux et de la réussite de nos garçons?
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