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Léa Stréliski: Reprenez Ottawa, voyons, c’est quoi ça ?
«C’est flippant, non ? Ce qui se passe à Ottawa ? Très naïvement, je ne pensais jamais que ça durerait aussi longtemps.»
C’est flippant, non ? Ce qui se passe à Ottawa ? Très naïvement, je ne pensais jamais que ça durerait aussi longtemps. Et en même temps, bien sûr que cette situation s’est embourbée comme un camion dans une ruelle glacée du Plateau ! Évidemment que c’est ce qui est arrivé. Cette espèce de non-situation, cette sorte de « meh » très Canadien.
Ce qui me fait « flipper » dans tout ça, c’est à quel point avec quelques véhicules lourds, une poignée de « dudes » peuvent paralyser l’appareil politique, provincial, fédéral, municipal ET policier de tout notre pays. C’est quand même complètement scandaleux !
Donc, c’est ça, là ? C’est tout ce que ça prend ? Une petite brigade d’hommes hirsutes coiffés d’une tuque Canada, vêtus de vestes à l'allure vaguement militaire, la clope au bec, qui peuvent juste débarquer comme des marmottes dans un potager et littéralement ankyloser notre capitale ? Pour vrai, là ? Genre on les laisse faire ? On ne fait absolument rien ? On y va de petites implorations polies comme un «nerd » qui s’excuserait de demander que son « bully » relâche le caleçon par lequel il le tient bien haut dans les airs ?
Mais qu’est-ce qui se passe ? J’ai connu des écureuils qui se battaient plus fort que la police d’Ottawa ! Je n’ai jamais vu une situation aussi pathétique être juste abandonnée à elle-même. Mais voyons donc, on dirait que notre capitale est une mère dépressive qui a plus la force de se lever. Allô ?? Vous faites quoi ? Pourquoi personne n’offre aucune résistance ? Pourquoi la police semble-t-elle être un témoin sympathique de cette triste parade qui nous fait avoir l’air d’une belle gang de désorganisés que tu peux juste assaillir quand ça lui tente ?
Je ne sais pas à quel point c’est une bonne idée face aux autres puissances mondiales d’envoyer ce message d’un mois qui répète en boucle : « Heille ! En passant, si jamais vous voulez envahir notre capitale, c’est possible. Faites juste venir et prendre ce que vous voulez, on n’a pas de force. Servez-vous. »
Ça me fait flipper aussi, parce que c’est dérangeant à quel point on a vu beaucoup de policiers être sympathiques avec cette manifestation qui, on le sait, se fait souffler sur ses braises par des vents assez radicaux, d’extrême-droite et de conservatisme nationaliste plus que douteux, voire dangereux.
Bien sûr, je suis une femme blanche naïve qui entretient encore un rapport à la police qui est confortable et je suis franchement désolée si vous n’êtes pas blanc et notre désillusion actuelle face à la police vous fait bien rire. J’avais déjà été complètement découragée, quand sans aucune honte, le 6 janvier 2021, on avait vu des policiers laisser complètement pénétrer les forces de Trump dans l’enceinte du Capitole à Washington. Les manifestations d’Ottawa sont un autre coup dur pour la méfiance que la population entretient envers les forces de l’ordre.
Si vous êtes un policier qui fait sa job ou un camionneur raisonnable, je vous remercie et je suis sûre que vous aussi, en ce moment, vous avez honte de tout ce travail mal fait. Je suppose que la situation va finir par rentrer dans l’ordre, mais maudit que l’image de bien du monde souffre en ce moment. À commencer par celle de notre pays. Agissez Bon Dieu, ça presse.