Début du contenu principal.
Bien sûr, la rêveuse que je suis, issue de la génération qui a marché dans les rues en 2012 pour mettre les Libéraux dehors, ne songeait pas exactement à la naissance d’une CAQ.
C’est quand même impressionnant cette politique de masse. Je viens d’une famille de communication. Mon père l’enseigne à l’université et avant ça, il a travaillé de longues années à bâtir des agences de publicité. Ma mère était productrice dans le même domaine et moi, ma sœur et mon frère avons tous les trois œuvrés dans le milieu selon nos compétences respectives (mots, musique, management). J’aime le marketing bien fait, j’aime les mots qui portent le bon message et j’aime bien sûr la communication et le marketing de la politique. Ce n’est pas si facile de convaincre les foules. Même avec les meilleures intentions du monde.
On a bien vu pendant la pandémie (et il suffit d’avoir enfanté un ou deux humains pour le savoir), influencer les gens à faire ce que l’on veut, c’est pas simple. La bonne communication est primordiale. Quel que soit ton métier, si tu le fais aussi bien qu’un comparable, mais que tu sais mieux t’exprimer, tu risques d’avancer plus vite.
Un de ces exemples flagrants que l’on observe ces temps-ci, c’est le coach par intérim des Canadiens. Que vous suiviez ou non notre Sainte-Flanelle, il est fascinant de voir à quel point Martin St-Louis s’est installé rapidement dans son rôle. Oui, bien sûr, il avait déjà tout un bagage de joueur, mais pas de coach ! Ça aurait pu très mal se passer !
Moi qui suis assez jeune dans ma passion pour le Canadien et qui ne possède donc pas la connaissance, la mémoire et l’expertise pour comprendre les stratégies de jeux, je suis restée estomaquée de constater dès le départ à quel point je comprenais les images dont se servait le nouveau coach pour expliquer le chemin de l’équipe.
St-Louis est un bon communicateur, ça lui fait sauter des étapes… On verra s’il a les joueurs et le momentum pour que ça le propulse. Ce qui me ramène à la CAQ. Shirley Dorismond a remporté son pari dans Marie-Victorin et avec elle François Legault, de déloger ce fameux château fort du PQ laissé vacant par Catherine Fournier. Est-ce que je suis surprise ? Non. Mais tout de même passionnée de voir à quel point la CAQ a su comprendre exactement à quelle croisée des chemins se trouvait politiquement le Québec. Qu’on aime ou pas, il faut saluer le fait que François Legault ait su tiré de son expérience en politique et en affaires pour observer l’échiquier et composer la suite des vieux partis que l’on connaissait jusqu’à lors.
Bien sûr, la rêveuse que je suis, issue de la génération qui a marché dans les rues en 2012 pour mettre les Libéraux dehors, ne songeait pas exactement à la naissance d’une CAQ. Le Québec moderne que je voyais, prônant l’éducation plus accessible, débarrassé de certains vieux principes du 20e siècle et de son tout puissant capitalisme qui détruit la planète. Si j’avais voulu le dessiner, François Legault n’aurait pas été le rejeton de cet idéalisme.
Mais mes 40 ans sonnants savent maintenant, 10 ans plus tard, que le progrès est lent. Là, le Québec est occupé à aimer la soupe de nationalisme qu’on lui sert. Ça panse les blessures béantes de certaines générations giflées deux fois par des référendums. Ajoutez à ça un monsieur rassurant qui vient du milieu des affaires, un peu d’écologie bien ancrée dans la philosophie mercantile et le tour est joué. Vous avez créé de nouvelles pantoufles pas trop loin des anciennes que l’on peut tous enfiler.
D’un point de vue de récupération de l’air du temps, je ne peux qu’admirer cette force de message. C’est bien tricoté. Et ce nationalisme québécois que représente le premier ministre rassure une si grande partie de la population que d’après moi, on n’est pas proche d’en sortir de ce château fort.