Début du contenu principal.
C’est ça quand tu habites un pays qui n’est pas un pays, mais l’hiver. L’été n’est qu’une cerise sur notre bonheur. Le mois d’août, le résultat de notre attente. Le fruit mûr d’un arbre qui passe 6 mois sans feuilles.
C’est l’été tout le monde. Pas pour longtemps encore. Nous avons doucement, j’ai bien dit dou-ce-ment, commencé notre descente. À peine. De très fines pattes d’oie se dessinent au coin des yeux de cette saison qui regardent apparaître au loin quelques fournitures scolaires.
Déjà? Et ben oui, déjà. C’est ça quand tu habites un pays qui n’est pas un pays, mais l’hiver. L’été n’est qu’une cerise sur notre bonheur. Le mois d’août, le résultat de notre attente. Le fruit mûr d’un arbre qui passe 6 mois sans feuilles.
J’ai écrit un livre qui s’intitule La vie n’est pas une course et j’ai parfois du mal à m’autoriser à vivre selon les préceptes que j’y avance. Sentir que toute la société continue de pousser dans l’autre sens à vouloir constamment plus de résultats, plus de vitesse, plus de gagnants, est épuisant à la longue. Je pense que l’été, c’est encore plus flagrant.
L’été, au fond, qui veut performer? Personne. On dirait que notre horloge biologique reste programmée longtemps, même adulte, sur le rythme du calendrier scolaire. Celui qui dictait : Hey, c’est l’été, la cloche a sonné, on a besoin des petits au champ, arrêtez d’apprendre et venez récolter des patates.
J’ai parfois l’impression que notre corps a très envie de suivre le rythme naturel du cycle des saisons, de la nature, ce rythme-là, dont au fond on fait partie, mais qui est si contraire à ce que hurlent nos écrans. Ce monde qui nous flashe ce que font les autres de leurs vacances et la radio qui interrompt ces lignes ouvertes pour nous vendre des autos plus grosses et des maisons avec plus de piscines que le voisin ! Respire. Est-ce que c’est ça que l’on est censé suivre? C’est ça qui est censé donner un sens à nos vies?
J’aimerais bien sûr que ça soit aussi simple. Mais j’ai eu l’occasion d’essayer de suivre ce mensonge et j’en ai été malheureuse. Je me sens parfois un peu sotte avec mon bonheur d’Amélie Poulain. Mes petits moments attrapés à la vie qui m’entoure. Mes ruelles avec ma fille et le son des cigales qui me réjouit. Je ne dis pas que j’ai le sourire dans la face du matin au soir, je suis de trop près l’actualité et le monde ambiant bien sûr m’inquiète, mais je me sens parfois écartelée entre la réalité affreuse de tout ce que l’on nous annonce en continuité comme catastrophes et le bonheur simple de voir qu’une abeille a trouvé une fleur.
En tout cas, si le son de la pluie te réjouit encore et que tu passes un été où une simple bière froide et une tomate chaude cueillie sur ce plant qui pousse chez toi t’apportent encore de la joie, si tu te sens un peu con d’être encore de ceux qui aiment les bonheurs simples et se trouvent chanceux quand il les attrape, tu pourras venir sous mon parapluie. Sache que je suis aussi comme toi et je me sens parfois seule.