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Nos enfants voient un personnage dans un accoutrement qu’ils trouvent drôle, sympathique et qui leur raconte une histoire. Ce sont souvent les parents qui peuvent avoir des idées préconçues.
Je parlais avec un ami cette semaine et lui demandait ce qu’il pensait de ce «mouvement» anti-drag que l’on a observé à Sainte-Catherine et qui a pris de l’ampleur sur les réseaux sociaux. Quelle ne fut pas ma surprise lorsqu’il me répondit: «Je ne suis pas totalement en désaccord avec Éric Duhaime sur celle-là. C’est aux parents de choisir!»
Je ne partage pas cette opinion, car je crois que plus l’on expose nos enfants à la diversité sous toutes ses formes, plus ils seront ouverts sur le monde. Aussi, il faut le dire: nos enfants ne sont jamais le problème. Eux ne voient pas de différences. Ils ne voient pas d’amalgames et ne voient pas de complots. Nos enfants voient un personnage dans un accoutrement qu’ils trouvent drôle, sympathique et qui leur raconte une histoire. Ce sont souvent les parents qui peuvent avoir des idées préconçues.
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En même temps, le fait que cet ami informé prenne cette position me démontre que le discours d’Éric Duhaime a fait du chemin et les quelque 22 000 signatures que sa pétition semble avoir me le confirment.
Cependant, quelques questions se posent. Pourquoi ce débat? Pourquoi maintenant? Quels sont les objectifs d’Éric Duhaime?
En effet! Le mouvement contre l’art du drag n’est pas nouveau en Amérique du Nord. Aux États-Unis, en 2022, au moins 141 événements, dont certains violents ont eu lieu contre les drag-queens selon GLAAD.
Ces événements ont d’ailleurs entraîné plusieurs états vers l’adoption de projet de loi contre ce type d’événements. Drôle de hasard, non? Quelques mois plus tard, voici que Éric Duhaime se fait le porte-parole d’une position qui a traversé la frontière depuis plusieurs semaines, notamment sur les réseaux sociaux, où de nombreux militants d’extrême droite présentent l’art du drag comme une campagne de «recrutement», de promotion de leur «théorie des genres» et de diffusion du «wokisme».
La manifestation de Sainte-Catherine n’est pas un hasard ou un mouvement spontané, mais bien une initiative organisée et coordonnée par des influenceurs de l’extrême droite dont on connaît la capacité de mobilisation.
Le chef conservateur s’accroche donc à ce débat venu du sud comme il s’est accroché au mouvement anti-vaccin. Encore une fois, il se rapproche dangereusement d’une certaine désinformation, de quelques amalgames et des doubles discours de certains militants à tendance «conspirationniste».
Cependant, publiquement, monsieur Duhaime a un discours beaucoup plus modéré en faisant valoir l’importance de laisser le choix aux parents, de ne pas utiliser d’argent public et de respecter les choix les uns des autres.
On appelle ça, tenter de normaliser le discours. En même temps, lors d’une diffusion en direct sur les réseaux sociaux, il a comparé l’art de la drag au blackface, ce qui est un acte de mauvaise foi et une preuve d’ignorance.
Ce balancement constant entre l’extrême et le centre, entre le discours respectueux et la propagande, entre l’information et les raccourcis était moins présent dans le discours conservateur depuis l’élection de 2022. Force est de constater qu’il est de retour à un moment où le PCQ est en chute dans les sondages et dans les dons aux partis politiques.
Est-ce un hasard?
Maintenant, il faut cependant être conscient d’une chose. Que ce soit le mouvement, qu’il soit anti-vaccin, anti-drag ou qu’il exulte de revendications anti-wokes, il existe clairement une quantité de gens pour qui certaines décisions politiques ou sociales vont «trop» loin et dérangent leur vision plus «traditionnelle».
Ne pas entendre ces voix ou les ignorer ne fait souvent qu’amplifier le phénomène. D’ailleurs, que ce soit avec les camionneurs à Ottawa où les opposants aux mesures sanitaires à Québec, la pandémie a provoqué des divisions sociales auxquelles Éric Duhaime et Pierre Poilievre se sont accrochés pour mobiliser des citoyens qui se sentaient peu entendus.
Cela leur a donné une popularité dont on ignore encore un peu l’ampleur au niveau canadien et qui a porté Éric Duhaime aux portes de l’Assemblée nationale.
Alors, sans remettre en question les avancements de nos sociétés, il faut certainement profiter de ces occasions pour mieux informer. D’ailleurs, cette semaine, j’ai été heureux de voir les nombreuses interventions d’artistes du drag à travers tous les médias qui ont, avec brio, informé et expliqué ce qu’ils sont.
C’est, pour moi, la seule façon de limiter l’influence de ces mouvements conspirationnistes qui se multiplient depuis la pandémie et des politiciens qui s’y accrochent.