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«Croit-il réellement à ses chances de ravir un quatrième mandat?»
Les chefs de parti terminent rarement leur carrière sur une bonne note. Ils quittent généralement sur une défaite ou sur une démission forcée. Alors que Justin Trudeau fait face à du grenouillage interne, il doit penser à comment il souhaite clore son chapitre comme 23e premier ministre du Canada et comme chef du PLC.
Que souhaite-t-il laisser comme dernière impression? Croit-il réellement à ses chances de ravir un quatrième mandat? Dans quel état laissera-t-il son parti en cas de défaite?
L’histoire du personnage débute à l’an 2000, alors qu’il prononce l’oraison funèbre de son père. Claude Ryan dira que l’on assiste alors à la première manifestation d’une dynastie. Le jeune enseignant ne semble pas attiré par la politique. Or, l’histoire prendra un tout autre tournant.
On avance la cassette jusqu’à 2015. Cet été-là, une interminable campagne électorale est déclenchée sur fond du scandale Duffy. À la fin de la « décennie Harper », ce sont les néo-démocrates qui forment l’opposition officielle avec la vague orange. Le PLC n’a que 34 sièges au Parlement et ce parti joue le rôle de l’underdog.
Justin Trudeau mènera ses troupes à la victoire. On retiendra de la « décennie Trudeau » la légalisation du cannabis, l’instauration de la taxe carbone, la signature de l’ALENA 2.0 et la gestion de la pandémie.
Alors que tout indique que le cycle politique se termine, il est maintenant venu le temps d’en écrire la chute.
Essayons de l’imaginer.
Après trois mandats, les espoirs d’en ravir un quatrième semblent irréalistes. Justin Trudeau croit néanmoins qu’il est le meilleur pour mener ses troupes et il croit également que le temps est son allié. Il pense que le momentum de Pierre Poilievre ne peut que s’effriter et, qui sait, ce dernier finira peut-être par se décrédibiliser. Les Canadiens finiront bien par comprendre qu’il n’a pas l’envergure d’un premier ministre. Avec ses plus proches conseillers, il planifie une séquence pour reprendre le contrôle du narratif : prorogation, discours du trône, budget. Puis, le gouvernement tombe. Trudeau mène ses troupes lors d’une campagne dans laquelle il est de nouveau l’underdog de 2015.
…et il gagne !!! Contre toute attente, il fait mentir les sondages, les chroniqueurs, l’histoire électorale canadienne ! Justin Trudeau est finalement un OVNI politique, du genre qu’on rencontre une seule fois dans notre vie. Il peut se retirer, fier d’avoir vaincu quatre chefs conservateurs.
…ou bien il perd. La tendance était claire et lourde. Conformément au message envoyé lors des dernières élections partielles, la base électorale libérale s’est effritée comme peau de chagrin et seuls les plus convaincus vont voter. Il laisse son parti à peu près dans le même état qu’il l’a trouvé, replié sur ses bases électorales du Québec et de l’Ontario. La reconstruction s’annonce longue et pénible. Tout le monde dira « on le savait », et il quittera en laissant cette impression qu’il n’a pas su poser le geste qui s’imposait : quitter.
La fin de l’histoire pourrait aussi se lire comme suit:
Après une marche dans la neige, Justin Trudeau comprend que le temps lui est compté. Il pense à la suite des choses pour son parti. Il est trop tard pour lui, mais peut-être pas pour le PLC. Il souhaite offrir à un nouveau chef du temps pour préparer la bataille à venir. Il proroge la Chambre, puis quitte. À quelqu’un d’autre de préparer le discours du Trône, à quelqu’un d’autre de faire les choix budgétaires, à quelqu’un d’autre de faire campagne. Le nouveau chef se lance…
…et il gagne ! Comme ce fut le cas aux États-Unis, la base électorale s’est mobilisée à nouveau avec l’arrivée d’un nouveau chef et tout le monde reconnaît le sacrifice personnel de Trudeau. En rendant possible un quatrième mandat libéral, il aura mis les intérêts du Parti avant les siens et aura passé le bâton à une nouvelle génération de leaders libéraux.
…et il perd. Le pendule de l’alternance était irrépressible, mais la mobilisation aura permis d’aller chercher plusieurs comtés que l’on croyait perdus il y a quelques mois à peine. Le parti pourra se reconstruire comme cela a déjà été fait dans le passé, et tous salueront le geste de sacrifice de Trudeau qui a au moins donné la chance au coureur.
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Bon, assez de politique fiction. Nous ne sommes pas dans la tête de Justin Trudeau. Néanmoins, comme de plus en plus de libéraux semblent le croire, le gazon électoral est peut-être plus vert pour le PLC si Justin Trudeau devait quitter.
Les conservateurs doivent espérer que Trudeau s’accroche, eux qui ont devant eux une cible fortement impopulaire.
Et vous, quel scénario croyez-vous le plus probable ? Si vous étiez à la place de Justin Trudeau, quelle fin écririez-vous à cette histoire ?