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«Le nouveau président de la Chambre des représentants devra s’improviser pompier parce qu’il y a actuellement des dizaines de feux à éteindre. Et ça presse.»
Mike Johnson est passé du statut de politicien quasiment inconnu au troisième politicien le plus puissant du gouvernement américain. Dans les prochains jours, le nouveau président de la Chambre des représentants devra s’improviser pompier parce qu’il y a actuellement des dizaines de feux à éteindre. Et ça presse.
La semaine dernière, après 22 jours de paralysie, les républicains ont désigné Mike Johnson, un élu de la Louisiane, comme remplaçant de Kevin McCarthy pour le prestigieux et surtout puissant poste de président de la Chambre des représentants.
Bien que Johnson n’ait aucune expérience en gouvernance, son absence d’ennemis au sein du parti a semblé peser lourd dans la balance afin de lui permettre de battre tous les autres candidats dotés de CV politiques beaucoup plus impressionnants.
Même s’il siège dans le quasi-anonymat depuis son élection en 2018, il est toutefois bien connu par Donald Trump qui lui a donné son appui en fin de course. Il fait partie de ces républicains qui croient que Joe Biden n’est pas le président légitime tout comme il est membre de ce groupe d’élus qui tentaient d’empêcher la certification de sa victoire, allant même jusqu’à demander à la Cour suprême d’intervenir en 2020.
Mais ce n’est même pas cet élément qui rend le personnage controversé, mais plutôt ses positions très à droite. Tellement à droite qu’il fait paraître certains membres de son parti comme des gauchistes. Dès que sa candidature est passée de surprenante à sérieuse, il était bien évident que les médias, et surtout les démocrates, allaient creuser son passé.
Parmi les propos les plus controversés, notons sa position sur le mariage entre personnes de même sexe et l’homosexualité en général. Au milieu des années 2000, il a affirmé que l’homosexualité était contre nature et que le mariage gai risquait de mener à la fin de la démocratie, rien de moins. Pour ce qui est du renversement de Roe contre Wade et l’interdiction de l’avortement, il voyait cela comme une solution pour aider le marché du travail et financer l’assurance sociale. Comment? En affirmant que les femmes qui font des bébés «fabriquent» en fait de futurs adultes aptes au travail !
Ces affirmations sont un cadeau avant Noël pour les démocrates qui pourront peindre les républicains comme membre d’un parti encore plus extrême que par le passé. En prenant en considération qu’une majorité de la population appuie le mariage gai et l’accès à l’avortement, ça peut devenir rapidement un argument de poids à l’approche de l’élection de 2024.
En plus de devoir défendre son passé, ou à tout le moins tenter de le justifier, Mike Johnson a du pain sur la planche à la Chambre des représentants. Il doit négocier un budget pour éviter la paralysie du gouvernement fédéral à la mi-novembre en plus de devoir faire passer un plan d’aide à l’État d’Israël, un allié incontesté des États-Unis et surtout du parti républicain.
Il ne semble toutefois pas intéressé à jouer en équipe avec Joe Biden et les démocrates. Il rejette le plan du président de 106 milliards de $ pour venir en aide à l’Ukraine et à Israël. Johnson juge que les deux conflits doivent être traités séparément. Il propose pour l’instant de financer la guerre contre le Hamas à la hauteur d’un peu plus de 14 milliards de $, mais de couper dans le budget alloué à l’équivalent de l’Agence du revenu pour le faire. Budget, faut-il préciser, qui est inclus dans le « bébé législatif » de Biden, le Inflation Reduction Act.
Impossible d’imaginer que les démocrates votent en bloc pour cette proposition à la Chambre, encore moins au Sénat. De plus, aucun scénario ne pourrait expliquer que Biden y appose sa signature. Bref, selon toute vraisemblance, voilà un plan cliniquement mort avant même d’avoir été débattu. Les gouvernements israéliens et ukrainiens ne sont pas près d’être rassurés.
Il devra aussi gérer l’épineux et délicat dossier de la possible expulsion de George Santos, élu républicain de New York qui fait face à 23 chefs d’accusation pour fraude et vol d’identité pour ne nommer que ceux-ci. Une véritable épine dans le pied du parti qui cherche à s’en débarrasser.
Santos qui refuse de démissionner pourrait donc être le 6e membre de toute l’histoire de la Chambre à être expulsé. Pour réaliser cet homicide politique, il faudra l’appui des deux tiers des élus. Précisons qu’il ne serait pas uniquement expulsé de son parti, mais aussi du Congrès américain.
Les prochaines semaines risquent d’être fort intéressantes. Jongler avec tous ces dossiers reste délicat, car Johnson peut perdre sa position très facilement si une poignée de membres du parti sont mécontents. Il peut en parler à McCarthy qui a goûté à la médecine de quelques-uns d’entre eux.
L’ancien vice-président Mike Pence a décidé d’abandonner la course à l’investiture républicaine et ainsi son rêve de devenir président. L’ancien numéro deux de l’administration Trump n’a jamais réussi à faire lever sa campagne. Cinquième dans les sondages nationaux et à court d’argent, Pence a pris la sage décision d’abandonner.
Il y a peu de temps encore, Pence était un conservateur très respecté. Mais il a perdu l’appui d’énormément de républicains lorsqu’il a voté en faveur de la victoire de Joe Biden en janvier 2021, défiant ainsi les directives de Donald Trump qui souhaitait s’accrocher au pouvoir.
Pour l’instant, le meneur reste Donald Trump, suivi de très loin par Ron DeSantis et Nikki Haley qui, de son côté, donne assurément des sueurs froides au gouverneur de la Floride en se rapprochant dangereusement de la seconde place.