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Deux sorties publiques portent à croire que le gouvernement veut changer le ton.
Depuis quelques mois, la CAQ est enlisée dans une impopularité à laquelle ses élus n’étaient guère habitués. Durant les derniers mois, les stratèges caquistes ont pris plusieurs mesures afin de stopper la chute du gouvernement dans les sondages et de tenter de retrouver une certaine satisfaction auprès de l’électorat. Cette semaine, deux sorties publiques m’ont particulièrement marqué et me portent à croire que le gouvernement veut changer le ton et mettre plus d’empathie dans ses communications.
Tout d’abord, au niveau du logement, la ministre Duranceau a changé son fusil d’épaule et a annoncé un moratoire sur les évictions ainsi qu’un élargissement de la loi « Françoise David » qui protège les aînés des évictions. Elle a ainsi expliqué vouloir s’assurer de traverser la crise «de façon plus humaine». Un discours qui déteint de ce que l’on a entendu de la part de la ministre depuis le début de son mandat. Nombreux sont les observateurs qui ont justement fait ressortir son manque d’empathie face aux gens empêtrés dans cette crise du logement et sa tendance à regarder ce dossier sous un œil plus rationnel qu’humain. D’ailleurs, dans une entrevue récente avec Véronique Prince de Radio-Canada, elle indiquait elle-même: «J’ai bien compris que je dois travailler plus sur le côté rassurant et pas juste sur le côté rationnel […]. Mon message n’est pas emballé, je vais droit au but et je conçois que ça peut être blessant».
La lucidité de la ministre l’honore et elle semble avoir apporté certains correctifs cette semaine. On oublie qu’elle est à son premier mandat et que le rôle de porte-parole dans un dossier comme le logement et la crise que l’on connaît actuellement sont des défis très difficiles qui viennent avec leurs lots d’apprentissages. L’accueil positif réservé à sa sortie de cette semaine va certainement l’aider à poursuivre sur la voie de la communication plus empathique.
Un autre élu caquiste a également revu le ton de ses interventions cette semaine et ce n’est pas le moindre : le premier ministre lui-même. En effet, devant les mairesses et maires réunis aux assises de l’UMQ, ce dernier a indiqué vouloir «faire la paix» avec les municipalités. Il était temps, car les derniers mois ont plutôt été marqués par des débats plutôt houleux avec les représentants des villes. Alors qu’il les avait traités de «quêteux» en avril, il préfère maintenant rappeler qu’ils travaillent tous pour les mêmes gens et proposer d’arrêter «les guerres de mots».
C’est un ton qui plaira certainement plus à la population québécoise en général. Les mairesses et les maires ont fait la manchette durant les derniers mois pour dénoncer les attaques dont ils ou elles sont victimes et le ton particulièrement violent de celles-ci. Dans ce contexte, les chicanes publiques et les accusations lancées avec le gouvernement du Québec n’aidaient pas à la santé de notre démocratie. Le premier ministre l’a certainement compris.
Cette semaine, nous avons donc eu deux exemples flagrants du désir de la Coalition avenir Québec de radoucir la conversation avec ses interlocuteurs et avec le public. Pour ce faire, l’empathie est un outil de communication essentiel à mettre en valeur. En se plaçant dans les souliers de celui ou celle à qui l’on parle afin d’évaluer comment il ou elle va percevoir ce que l’on dit, on évitera certainement des débats inutiles pour le gouvernement et on améliorera la perception du public.
La CAQ a construit sa marque de commerce autour de l’efficacité et du pragmatisme. C’est un gouvernement où l’on a mis en valeur les gens d’affaires qui sont reconnus pour livrer des résultats. Cependant, après 6 ans au pouvoir, les résultats ne sont pas toujours au rendez-vous et on se rend probablement compte du côté du gouvernement que les gens ont aussi besoin d’un gouvernement qui les écoute, qui les accompagne et qui les protège.
Les prochaines semaines nous diront si le changement de ton de cette semaine est durable. Face à la montée du PQ, il est certainement essentiel pour la survie du gouvernement.
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