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Je suis pour la liberté de choisir, peu importe, la forme que cela peut prendre chez une femme. On ne devrait pas se faire imposer de faire ou de ne pas faire quelque chose. Pouvoir vivre en toute tranquillité d’esprit face à nos choix.
Elle s’appelait Zhina Masha Amini.
Elle avait 22 ans.
Selon son père, elle souhaitait étudier la microbiologie pour devenir médecin.
Le 13 septembre dernier, elle fut arrêtée par la police en Iran, alors qu’elle y était en visite avec sa famille, en raison de la manière dont elle portait son hijab. C’est que son voile laissait entrevoir une partie de sa chevelure.
Elle fut retrouvée morte le 16 septembre, peu après son arrestation. Selon des médecins et sa famille, elle était déjà dans un coma et dans un état de mort cérébrale à son arrivée à l’hôpital. L’Iran a nié qu’elle fut battue lors de sa détention.
Sa mort a provoqué un vent de protestation dans le pays, une protestation surtout menée par des femmes. Un peu partout sur les médias sociaux, on peut y voir des images et des vidéos de femmes défiant les lois de l’État, et ce, en coupant leurs cheveux ou encore en brûlant leur hijab. Le vent de solidarité avec la colère des Iraniennes s’est étendu dans plusieurs autres pays dont le Canada, la France ou les États-Unis, où des manifestations furent organisées.
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En réponse à cette colère populaire, le gouvernement iranien a bloqué l’accès à internet et à plusieurs applications de médias sociaux. C’est qu’Internet est un outil d’importance pour la mobilisation et l’organisation militante, comme on l’a vu pour plusieurs autres causes sociales comme #BlackLivesMatter ou encore #MeToo.
Ces femmes manifestent au péril de leur vie afin de pouvoir être libres. Plusieurs d’entre elles ont d’ailleurs trouvé la mort en raison de la répression policière.
L’idée ici n’est pas de me prononcer pour ou contre le port du hijab. Je suis surtout inquiète de la manière dont ces manifestations en Iran peuvent être récupérées de manière malveillante pour (re) justifier des lois discriminatoires en Occident, un contexte qui n’a à peu près rien à voir avec l’Iran.
On n’a qu’à penser à la loi 21 au Québec ou encore aux débats qui font rage en France sur le port du voile. Plusieurs de ces lois ont été d’ailleurs adoptées avec l’argument que ce serait au nom de la liberté des femmes. Pourtant, elles restreignent la participation de certaines femmes à la vie publique et sociale.
Ce féminisme xénophobe a d’ailleurs un nom. Dans In the Name of Women’s Rights, le livre ayant été récemment traduit en français chez M éditeur, l’autrice Sara Farris qualifie de « fémonationalisme » cette association entre la montée de la droite et de certains courants féministes qui cherchent à « sauver » les femmes musulmanes d’elles-mêmes et des hommes de leurs communautés. Dans son essai Les Malentendues, publié aux Éditions du remue-ménage, Dania Suleman quant à elle, fait le pari que la religion et le féminisme peuvent être réconciliables et se doivent même de l’être. Que ce ne sont pas deux choses qui sont nécessairement mutuellement exclusives ou antagoniques. Le tout est donc beaucoup plus complexe que ce que l’on pourrait penser au premier abord.
Je suis pour la liberté de choisir, peu importe, la forme que cela peut prendre chez une femme. On ne devrait pas se faire imposer de faire ou de ne pas faire quelque chose. Pouvoir vivre en toute tranquillité d’esprit face à nos choix.
Zhina Masha Amini aurait dû avoir droit à cette liberté. C’est fort regrettable.