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Les organisateurs des Jeux l’ont joué de main de maître.
Les Jeux olympiques de Paris viennent tout juste de se terminer. On s’en remet juste à peine. Des Jeux qui, il faut le dire, ont fait ben jaser sur le parvis de l’église. Bien sûr, pour les incroyables performances des athlètes, mais aussi pour bien d’autres raisons. On a qu’à penser à la Marie-Antoine sans tête sur fond de musique métal, la dernière cène ou pas la dernière cène, un trouple qui frenchent comme des fous en se lisant de la vieille poésie et un bonhomme bleu qui se trémousse dans un buffet de la Casa Corfu. Oh surprise! Tout ça n’a pas fait l’unanimité mondiale. Cependant, ce qui a rallié la planète tout entière, c’est NOTRE Céline. Ce soir-là, beding bedang, elle a cassé la baraque!
Les organisateurs des Jeux l’ont joué de main de maître. La nouvelle n’a jamais fuité comme on dit dans le domaine du divertissement. Tout le monde a fermé sa grande gueule. Est-ce que c’était pour créer la surprise totale qui allait faire capoter tout le monde ou se garder une gêne au cas où Céline ne puisse pas pousser la note à cause, bien entendu, de sa maudite maladie? Sûrement que la réponse se trouve à mi-chemin entre les deux.
Mais peu importe. Elle était là. Visiblement aussi heureuse qu’une enfant qui tombe la face dans un bac de barbe à papa. La joie dans la voix et le sourire étampé dans le visage, elle a fait de petites visites un peu partout en ville comme si elle découvrait Paris pour la première fois. Les fans, au rendez-vous, lui garrochait de l’amour aussi concentré que les polluants dans La Seine. Céline est back solide.
Mais quiconque a vu son documentaire sur la chaîne Prime Je suis : Céline Dion, et on est une saprée grosse gang à l’avoir vu, se demandait: pourra-t-elle vraiment chanter? Chantera-t-elle en direct? Quand on sait que toute source de stress peut lui infliger une sévère crise, on était en droit d’avoir une petite inquiétude. Même si on sait à quel point Céline est professionnelle et qu’elle n’aurait pas accepté l’invitation si elle ne s’était pas sentie prête.
Mais bref, ce n’était pas nécessairement gagné d’avance. Un peu comme un coureur américain qui vend la victoire avant d’avoir vu nos Canadiens se donner le relais comme s’il n’y avait de lendemain.
Il aura fallu attendre la fin des cent ans qu’a duré la cérémonie d’ouverture pour voir Céline apparaître dans sa robe blanche Dior au beau milieu de la tour Eiffel à la pluie battante. Au piano, juste à côté, son complice musical de longue date, Scott Price.
Je ne sais pas pour vous, mais moi, je me suis avancé sur le bord de mon sofa. J’ai retenu mon souffle. Je suis convaincu que je l’ai retenu plus longtemps qu’une nageuse synchronisée. J’en suis sûr. Et là, elle s’est mise à chanter. Mais pas juste chanter, mais chanter divinement. Une voix claire qu’elle ne nous a pas offerte depuis un bon bout de temps. Une voix forte et pleine d’émotion. Rien de nasillard.
Malgré la pluie qui lui fouettait le visage, elle avait clairement du plaisir. Elle vivait le moment. Et nous aussi. J’ai versé assez de larmes pour aller chercher un mouchoir. Scott Price la regardait en souriant. Ses yeux avaient l’air de lui dire : go girl! Elle a fait un sans faute jusqu’à la fin de la chanson. Un moment de grâce, vu par le monde entier, en direct.
Un comeback digne d’une fin de film hollywoodien. Le genre de film où l’héroïne vit des moments difficiles et où dans l’acte final, elle gagne son pari dans une explosion de joie. Un happy ending! C’est exactement ça qui est arrivé.
Céline a dû se coucher ce soir-là avec un grand sentiment de fierté en plus d’avoir gagné une bataille contre sa monstrueuse maladie. Je ne connais pas les plans de Céline pour l’avenir, mais on est en droit de penser qu’on pourra la voir performer de nouveau. Et nul doute que c’est ce qu’elle souhaite aussi. Laissons-la amadouer sa bête intérieure et croisons-nous les doigts.
Petit potin: il paraît qu’elle portait des espadrilles sous sa robe. Plancher glissant, pluie et robe lourde ou c’était un hommage caché aux athlètes?
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