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J’avais entendu dire, à propos des gens qui entrent dans la cinquantaine, qu’un certain «Je m’en fous!» s’installait.
J’avais souvent entendu dire, à propos des gens qui entrent dans la cinquantaine, qu’un certain « Je m’en fous ! » s’installait. Comme pour les genoux qui font de drôles de sons au lever du divan, c’était une espèce de nouveauté qui s’intégrait peu à peu dans notre personnalité de personne supposément mature.
Je trouvais ça très cliché. Comme si tout à coup, notre cerveau se mettait en mode Woodstock-on-se-calme -peace-man-plus-rien-à-glander-de-tout-ça.
Eh bien, je suis forcé d’admettre que c’est plutôt vrai. Du moins, dans mon cas. Je ne parlerai pas au nom de tous (de toute façon, ils s’en foutent), mais j’ai comme l’impression que je ne suis pas le seul à atteindre ce nouveau palier de relaxation du ciboulot et du tempérage de l’émotion.
Non pas un «je m’en fous!» au sens où plus rien n’a d’importance, la Terre peut bien être désintégrée par une bande d’extra-terrestres pas gentils. Pas non plus dans le sens où plus rien ne m’intéresse, j’attends la fin de ma vie dans ma chaise berçante en comptant les voitures rouges qui passent dans la rue. Ce n’est pas non plus dans le sens où ceux qui m’entourent peuvent bien disparaître dans un cratère de volcan en fusion, ça ne me dérange pas.
Ça ressemble plus à: je choisis mes combats au lieu de monter au front chaque fois que c’est possible pour être sûr d’être entendu. En fait, je ne ressens plus le besoin absolu de dire mon avis sur tout comme si c’était un must incontournable. Maintenant, je dis ce que je pense quand ça m’interpelle vraiment, quand je le sens dans mes tripes.
Je n’ai jamais été celui qui veut toujours avoir raison. J’ai toujours préféré la discussion et l’argumentation à la victoire qui me permet d’imposer mon point de vue. C’est plus enrichissant. Et c’est encore plus vrai depuis mon nouvel état d’esprit. Je dirais même que de plus en plus souvent je me dis: arrangez-vous donc avec vos affaires, plutôt que de prendre place dans l’arène de la discussion houleuse.
Je n’ai jamais été celui qui accordait beaucoup d’importance à ce qu’on pense de moi, dans la vraie vie et sur les réseaux sociaux. J’ai toujours eu la couenne dure là-dessus. Pas par prétention d’être mieux qu’un autre, loin de là, mais plus parce que j’ai compris vite que c’est impossible de faire l’unanimité, point barre.
Bien entendu, à certains moments, des commentaires m’ont fait mal. C’est normal, je suis un humain, pas un cyborg. Maintenant? Je ne m’en suis jamais autant câlicé! Tu ne m’aimes pas? C’est ben correct. Je n’ai pas envie de te convaincre que je suis tellement une bonne personne. Passons chacun notre chemin. La Terre est remplie de personnes avec qui on peut avoir des affinités. Focalisons là-dessus.
Tu n’aimes pas ma touffe de cheveux frisés «grichous»? Pas de problème. Tu sens le besoin de me l’écrire sur Facebook? Vas-y, si ça t’aide à mieux vivre, j’aurai contribué à ton bien-être. Tu ressens le besoin viscéral de me dénigrer sous une publication de site à potins? Paie-toi la traite, ça glisse sur moi comme sur le dos d’un imperméable jaune criard. On vit trop souvent en fonction du regard des autres.
Quant au final, ces personnes ne sont pas moins ou mieux que nous. Vous essaierez, c’est très libérateur. Prenez de l’avance sur votre cinquantaine.
Pourtant, je ne suis pas reconnu comme étant la personne qui a toujours eu le plus de patience dans la vie. Y restait pas grand-chose dans le sac à patience quand ma mère a pigé dedans. Or, sais-tu quoi? J’en ai encore moins. Je ne m’impatiente pas plus qu’avant, pas du tout, je vais seulement couper court plus vite de façon générale dans ma vie. Sur tout. Je ne veux plus perdre de temps où je n’ai pas besoin d’en perdre.
J’ai toujours été une personne plutôt franche. Je le suis encore plus. Et être franc ne veut pas dire blessant. Ça n’a rien à voir. Mais je préfère ne plus perdre de temps à faire des détours qui, de toute façon, m’amèneront au même point. Je n’ai plus envie de traîner en longueur. Je le dis.
Bref, je crois que, justement, le dénominateur commun derrière tout cela, c’est le temps. Inévitablement que j’en ai moins devant que derrière. Pas je souhaite trépasser demain matin ou dans 15 ans, mais il reste que le sablier est un peu plus plein à sa base. Cette envie de savourer à plein régime ce qui est devant est totalement en équation avec ce «je m’en fous!» et ce besoin de ne plus m’enfarger dans les fleurs de l’inutile.
On élague pour aller le plus possible à l’essentiel. Sans pour autant tout jeter par-dessus bord et devenir un cliché de zénitude nouvel âge. Juste trouver son nouvel équilibre. Et cet équilibre peut aisément varier d’une personne à l’autre. Je m’en fous… tant qu’on le trouve.
Bon! Maintenant que tout ça est clair et net, j’attends impatiemment mon démon du midi pour m’acheter une Mustang rouge et partir en road trip avec un jeune de 24 ans.