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Comme si, tout d’un coup, le Québec en entier prenait connaissance du phénomène des influenceurs.
Si nous devions décrire le mois de janvier 2022 en un seul mot, ça ne serait ni omicron ni couvre-feu d’ailleurs. Quoique c’est passé proche. Ce ne serait ni hospitalisation ni confinement. Non.
Le mot qui semble avoir retenu l’attention de tout le monde en janvier, c’est bien influenceurs.
Comme si, tout d’un coup, le Québec en entier prenait connaissance du phénomène des influenceurs, ces personnes qui sont payées pour créer du contenu, pour partager leur quotidien et qui font miroiter des capsules de vies idylliques et photogéniques sur les réseaux sociaux.
Voyez-vous, durant le mois de janvier, tout le monde a partagé son avis sur eux. Que ce soit les chroniqueurs ou notre voisinage, nous nous sommes tous plu à regarder la désormais fameuse débâcle du voyage Sunwing et nous nous sommes tous abonnés à ODScoop et drama.qc dans l’espoir d’avoir des bribes de drama presque aussi divertissantes qu’une série qu’on dévore un samedi par -30.
Comme plusieurs, moi aussi, j’ai regardé le tout avec un sourire en coin. J’ai ri et je me suis amusée à partager avec les gens autour de moi. Finalement, lorsque la poussière est retombée et qu’on a commencé à discuter des gens sur le vol, nous nous sommes vite rendu compte que malgré la présence d’un petit groupe d’influenceurs, il y avait des gens, comme vous et moi, qui n’en étaient pas, mais qui consomment cette culture faite pour Instagram, prêt à tout pour avoir un goût de cette vie presque irréelle, mais étrangement vécue par d’autres.
Mais pourquoi vouloir à tout prix être influenceur ?
Récemment, je suis tombé sur un article du New Yorker écrit par Naomi Fry intitulé Fake Famous and The Tedium of Influencer Culture (La Fausse célébrité et la monotonie de la culture d’influence, en français). Dans celui-ci, l’autrice parle d’un documentaire de HBO sur la quête à l’influence (ou la célébrité) où le producteur décide de choisir 3 personnes volontaires sans histoire et de les transformer en influenceurs du jour au lendemain, littéralement.
Des personnes pour qui être populaire sur les réseaux sociaux n’est pas un objectif, mais un levier pour atteindre leur but ultime : celui d’être une célébrité, d’être connu, de faire une carrière. Mais encore plus que tout ça, à travers ce documentaire, ce qui ressortait le plus, c’est ce désir d’avoir de l’attention.
De l’attention, on en veut tous.
Nous aussi, on prend des photos de nos plus beaux voyages, on attend que nos amis prennent en photo un plat dans le restaurant le plus trendy du moment avant qu’on puisse prendre une bouchée. On se prend en photo devant un mur conçu spécialement pour être vu sur Instagram. Lorsque la notification rentre et qu’on voit ce précieux like dans un écran, on se sent plus important, plus cool, comme si on faisait partie de la gang. On publie nos stories en essayant d’avoir des réactions. Et on partage notre point de vue sur toutes les questions, nos moments intimes, nos vies, sans trop penser aux conséquences.
Parce que des conséquences, il y en a. Si depuis un mois, on parle d’influenceurs, on n’en parle peut-être pas pour les bonnes raisons. Parce qu’à travers l’attention qu’on leur donne, on finit par les alimenter et à en faire des médias à part entière. Des médias avec un public monstre, une attention monstre. Des médias où souvent la frontière entre la réalité et le faux se mêle dangereusement, assez pour qu’on s’y perde nous-mêmes.
Peut-être que le problème n’est pas l’influenceur de 19 ans qui faisait le party dans un avion. Peut-être que le problème réel, c’est qu’il l’a fait dans l’espoir d’avoir, lui aussi, un peu plus d’attention de la part des autres. Comme un cri dans un vide de gens qui cherchent tous la même chose.
Un moment de célébrité pour mieux se propulser.