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Plusieurs commencent à trouver que notre premier ministre pousse le bouchon un peu loin.
En mission en France, François Legault en a rajouté une couche sur le débat déjà bien lourd concernant le grand nombre d’immigrants temporaires. Bien que le choix de mots fasse parfois défaut, les demandes de Québec sont légitimes et Ottawa aborde ces enjeux importants avec une légèreté pour le moins déconcertante.
«Déportation». «Déshumanisation». «Détention». «Déracinement».
Autant de mots durs qui ont jailli à la suite d’une mêlée de presse du premier ministre durant laquelle il a relancé l’idée de répartir les demandeurs d’asile dans d’autres provinces canadiennes. Sans doute inspiré par son voyage en France, M. Legault a abordé l’idée de créer des «zones d’attente».
Plusieurs commencent à trouver que notre premier ministre pousse le bouchon un peu loin et qu’il politise l’enjeu à outrance. Mais pourquoi donc persiste-t-il dans cette voie?
Le gouvernement Trudeau n’a jamais été très proactif. Au contraire, on ressent bien le mépris dans plusieurs des réponses données par Trudeau et Miller face aux demandes du Québec.
Marc Miller a plusieurs fois remis en question les chiffres avancés par Québec. Il a récemment suggéré que François Legault fasse lui-même ses représentations auprès des autres premiers ministres pour les inciter à en faire plus en matière d’accueil des demandeurs d’asile. Il avait aussi traité des premiers ministres de provinces de «nonos» à la suite de leur refus d’accueillir davantage de demandeurs d’asile.
Et à ajouter à l’équation: l’ambiance glaciale entre Québec et Ottawa depuis l’appel à faire tomber le gouvernement, on s’en doute bien.
Mais qu’en est-il des partis d’opposition?
Du côté de Pierre Poilievre, c’est silence radio. Le chef conservateur a commencé à aborder les enjeux d’immigration lors de ses tournées au Québec, mais pour l’instant, il nous offre le minimum syndical.
Le Bloc québécois a, quant à lui, choisi ses chevaux de bataille: la gestion de l’offre et les aînés. Je n’ai entendu aucune question sur l’immigration à la Chambre des communes depuis un bon moment. Yves-François Blanchet n’a aucune intention de rendre service à François Legault et ça se voit.
Et il n’y a aucune attente à avoir envers le NPD, on s’entend.
Legault avait émis le souhait que l’immigration soit la question de l’urne lors de la prochaine élection fédérale, et c’est bien mal parti. Il est seul à garder l’enjeu vivant et à pousser sur Ottawa, alors il en «beurre épais».
Plusieurs sont prompts à dénoncer l’aspect «inhumain» de déplacer les demandeurs d’asile. Soyons honnêtes, ce n’est pas l’idéal. Les personnes immigrantes ne sont pas des pions, elles ne sont pas des colonnes de chiffres. Ce sont des personnes, jamais on ne doit l’oublier.
Cependant, personne ne planifie d’envoyer qui que ce soit au goulag non plus. Le ministre Roberge l’a bien précisé: on ne fera pas exprès de déchirer des familles ou de briser des vies. En fait, on ne sait pas trop comment cela pourrait fonctionner ni du point de vue logistique ni du point de vue légal. Le gouvernement du Québec brainstorm à haute voix…
Mais je vais vous dire ce que je trouve inhumain. Ce sont les délais inacceptables de traitement des demandes d’asile. Deux ans pour savoir si oui ou non quelqu’un pourra obtenir un statut de réfugié, ce n’est pas acceptable.
Bien sûr que les gens ont le temps de s’enraciner et de se construire une vie ici. L’une des clés sera d’améliorer les processus et de repenser les programmes, la façon dont on gère les permis de travail et d’étude. Mais avec une absence totale de volonté du côté fédéral, j’ai bien du mal à être optimiste. Et j’arrive inévitablement à la conclusion que ce pays ne fonctionne tout simplement pas.