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Sans être de la fiction, les derniers jours avaient des airs de House of Cards en considérant qu’un groupuscule d’élus ait réussi à destituer le républicain le plus important de tout le congrès, Kevin McCarthy. Une première aux États-Unis.
La journée de mardi aurait rendu Frank Underwood extrêmement fier. Sans être de la fiction, les derniers jours avaient des airs de House of Cards en considérant qu’un groupuscule d’élus ait réussi à destituer le républicain le plus important de tout le congrès, Kevin McCarthy. Un geste qui n’avait jamais été réalisé dans toute l’histoire des États-Unis.
Le président de la Chambre des représentants a carrément été éjecté de son siège par huit républicains et l’ensemble du caucus démocrate qui a fait preuve d’une cohésion parfaite en votant pour lui montrer la porte. Comment en sommes-nous arrivés là ?
McCarthy était dans une position précaire depuis sa nomination comme remplaçant de Nancy Pelosi à la tête de la Chambre des représentants, après que son parti républicain eut repris le pouvoir avec une très mince majorité en janvier dernier.
Quinze tours de votes ont été nécessaires ainsi que plusieurs concessions, afin de rendre possible sa nomination. Tout cela parce qu’un groupe de républicains d’extrême droite n’appréciaient pas son leadership.
Ces républicains sont des membres du Freedom Caucus, groupe d’ultras conservateurs à l’intérieur du parti de républicain. Fondée en 2015, cette organisation regroupe l’aile la plus à droite du parti et prône une faible intervention de l’État, des coupes gargantuesques dans les dépenses du gouvernement ainsi que d’autres idées associées au conservatisme social (avortement, faible immigration, etc.).
Leur influence a toujours été remarquée, mais jamais autant que maintenant. La majorité républicaine est si faible qu’une poignée des membres du caucus peut dicter l’agenda du parti en bloquant les votes lorsque leurs intérêts ne sont pas alignés avec ceux de la majorité.
C’est exactement ce qui est arrivé avec un budget qui a été voté in extremis pour éviter la paralysie du gouvernement fédéral (shutdown). Ce budget est en fait une entente avec des démocrates pour financer le gouvernement pour 45 jours avant de négocier un projet de loi pour le restant de l’année.
Se sentant trahis par McCarthy qui a tendu la main aux «méchants démocrates» et qui s’est finalement entendu avec Joe Biden pour éviter la catastrophe, ils ont mis leur menace favorite à exécution : destituer leur président.
Avec comme leader Matt Gaetz, un élu de la Floride avec de grandes ambitions politiques, une fraction du Freedom Caucus, a voté pour le démettre de ses fonctions, au grand dam du reste de leurs collègues, tout simplement furieux. Furieux parce que cela plonge le Congrès dans un chaos qui n’a jamais été vu parce que jamais dans l’histoire un président de la Chambre n’a été ainsi destitué. La dernière tentative remonte à 1910 et s’était soldée par un échec !
Pendant que le parti adverse lave son linge sale en public, s’échange des insultes, bref s’entredéchire aux yeux de tous, les démocrates sont morts de rire. Les républicains sont les uniques responsables de la situation qui les empêche de reprendre les négociations sur le budget et de voter des projets de loi importants aux yeux des électeurs.
Pour une rare fois dans leur histoire récente, l’ensemble du caucus démocrate a voté dans la même direction sans avoir de débats enflammés et de défections.
Avec l’élection qui approche où l’ensemble des sièges de la Chambre sont en jeu, de nombreux élus s’inquiètent avec raison. La possibilité que les démocrates reprennent le contrôle du Congrès est bien réelle et les trouble-fêtes du Freedom Caucus n’auront qu’eux même à blâmer.
Le rôle de Donald Trump, leader de facto du parti, sera intéressant à suivre. Il appuyait McCarthy et invitait les républicains à ne pas voter pour le destituer. En parallèle, la majorité des membres du Freedom Caucus sont les trumpistes les plus convaincus et s’assurent de faire respecter l’héritage de l’ancien président.
Personne n’a de boule de cristal pour connaître le dénouement de l’impasse, mais une certitude existe : l’automne sera chaud à Washington.