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Chronique |

Grandeur et misère de la troisième voie

«Comme l’indépendantisme, cette troisième voie vivra des hauts, des bas et des traversées du désert tant que le Canada tel qu’on le connaît continue d’exister.»

En fin de semaine, j’ai lu « À la conquête du pouvoir », livre qui a provoqué des débats sur la pertinence et la durabilité de l’autonomisme comme positionnement sur la question nationale.

Ce livre écrit, par Pascal Mailhot et Éric Montigny. Il s’agit du récit de la naissance et de la montée de la troisième voie politique au Québec : l’autonomisme. 

L’autonomisme mis à l’épreuve 

Cet ouvrage paraît dans un contexte bien particulier, alors que la CAQ vit des difficultés, que Justin Trudeau vient tout juste de refuser des pouvoirs supplémentaires au Québec en matière d’immigration et que le PQ et premier dans les intentions de vote. J’ai interrogé Pascal Mailhot à ce sujet dans le cadre d’une entrevue à mon balado. Lui demeure positif quant aux gains de l’approche autonomiste mise en pratique par François Legault.

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Mais plusieurs pensent que l’autonomiste n’est pas viable. Qu’il s’agit en fait d’une forme de fédéralisme, qu’il s’agit finalement de faire fonctionner le Canada.

Je me suis sentie interpellée par le débat puisque je suis indépendantiste, mais que je suis également confortable avec le positionnement nationaliste et l’idée de tenter de faire des gains pour notre nation, en l’absence d’un contexte favorable à un troisième référendum. Je suis loin d’être la seule… 

Plusieurs croient que le Québec a tout pour être un pays, mais considèrent que l’histoire et le contexte ne sont pas favorables à l’accession à l’indépendance. Ils et elles ont donc choisi d’embrasser l’idée d’un nationalisme sans rupture, et de travailler ensemble dans un contexte où la question nationale était en quelque sorte plus endormie.  

À VOIR | Sondage catastrophique pour la CAQ: les clés pour que Legault redresse le navire

Il n’est pas étonnant qu’ils et elles soient maintenant nombreux à revenir au PQ devant l’usure du gouvernement caquiste. En effet, il y a certains vases communicants. L’autonomisme peut convenir à des fédéralistes plus nationalistes, tout comme aux souverainistes moins pressés ou découragés. Plusieurs d’entre eux en avaient assez des gouvernements libéraux à répétition et se sont accommodés du narratif de fierté offert par la CAQ de François Legault.

Il est encore tôt pour faire le bilan des mandats caquistes, mais il faudrait être de mauvaise foi pour ne pas reconnaître un legs tangible. Bien que ce legs peut sembler insuffisant pour les indépendantistes les plus pressés et/ou convaincus, il n’en demeure pas moins que des gestes forts d’affirmation ont été posés.

L’indépendance redevenue «hip» ?

De mémoire, jamais je n’ai entendu autant d’espoir dans les discussions politiques des souverainistes. Je pense que la route, si elle n’est pas carrément une impasse, est encore longue jusqu’au grand soir. Mais nous devons néanmoins réaliser qu’il y a quelque temps, on ridiculisait l’idée dans les médias et on méprisait les indépendantistes convaincus en les traitant de déconnectés.

Même si les sondages ne présagent pas une victoire du oui à court terme, l’idée ne provoque plus autant de rires ou d’hostilité qu’auparavant. 

Et comment expliquer que le Parti québécois soit premier dans les sondages alors qu’il prône ouvertement la tenue d’un troisième référendum alors qu’une majorité de Québécois indiquent qu’ils voteraient non, et qu’une partie des électeurs qui appuieraient le PQ se disent fédéralistes ? 

La première explication est mathématique. Dans notre système électoral, pour obtenir une majorité de sièges, pas besoin d’une majorité absolue d’électeurs. On peut accéder au pouvoir avec 35 % des voix. 

La deuxième explication est de l’ordre du climat politique. L’idée fait moins peur qu’avant, le mélodrame de 1995 est presque oublié. Certains électeurs disent voter « non », mais ils ne sont pas nécessairement complètement hostiles et fermés à l’idée. Qui sait, même si rien n’est gagné pour le PQ d’ici 2026, leur intérêt pour PSPP ouvrira peut-être leur esprit à l’idée et l’aiguille pourrait ainsi bouger ?

La troisième voie s’est imposée

L’idée de l’indépendance ne sera jamais dépassée tant que le Canada tel qu’on le connaît existera. Elle aura ses hauts et ses bas, mais elle ne mourra pas. La dernière consultation populaire avait lieu il y a bientôt 30 ans. Tous ceux qui sont nés après 1977 n’ont jamais voté à ce sujet. 

Mais l’autonomisme n’est pas voué à disparaître non plus et cette troisième voie aura été mise à l’épreuve dans la réalité avec le passage de la CAQ au pouvoir. Et, tout comme l’indépendantisme, cette troisième voie vivra des hauts, des bas et des traversées du désert tant que le Canada tel qu’on le connaît continue d’exister.