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Une chose est sûre, le chemin Roxham n’est que l’arbre qui cache la forêt. Le fermer représente la pose d’un pansement sur une hémorragie. Sans discussion de fond sur ces questions, le pire restera, malheureusement, à venir.
À la fin du mois dernier, le président des États-Unis, Joe Biden, a effectué une visite officielle éclair au Canada. C’est dans ce contexte que le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, a annoncé la fermeture du chemin Roxham à la suite de la mise en place de nouvelles modalités sur l’Entente sur les tiers pays sûrs qui lie les deux pays. Cette fermeture du chemin Roxham, à St-Bernard-de-Lacolle, était réclamée par plusieurs avec plus d’intensité au cours des derniers mois, notamment par le premier ministre du Québec, François Legault.
Par cette nouvelle mouture de l’Entente, d’autres — dont les néo-démocrates fédéraux — y voient plutôt une forme de « mur invisible » à la Donald Trump. Depuis, de nombreux groupes de défense des droits des personnes migrantes sonnent l’alarme sur les conséquences dramatiques que la fermeture du chemin Roxham génère déjà.
Bien qu’elle n’y soit pas directement reliée selon des sources officielles, la découverte de huit corps — dont ceux de deux enfants — près de la réserve d’Akwasane il y a quelques jours à peine n’est que la pointe de l’iceberg de ce qui nous attend collectivement et mondialement. Jusqu’ici, nous avions pu éviter un tant soit peu le sujet d’une façon que les Européens ne peuvent le faire. Or, la crise migratoire frappe à nos portes et elle ne fait que commencer.
Il faut s’interroger sur le pourquoi de ces déplacements qui ne sont que le symptôme d’un mal plus profond. Le plus souvent, nombreux sont celles et ceux qui aimeraient rester chez eux s’ils en avaient la possibilité et la capacité. Or, ce sont la violence, la guerre, la famine, la pauvreté, la persécution politique ou en raison de l’identité de genre et/ou de l’orientation sexuelle qui poussent des gens à quitter leur chez-soi. Les changements climatiques et les catastrophes naturelles font déjà également augmenter significativement le nombre de réfugiés.
Selon l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, ce sont 89,3 millions de personnes qui ont été déracinées de leurs milieux à travers le monde à la fin de l’année 2021, un chiffre record qui illustre une tendance à la hausse depuis dix ans. Les pays occidentaux ont une grande part de responsabilité dans la déstabilisation civile, politique, économique et climatique qui afflige de nombreux pays. Bien que l’on puisse reconnaître ce fait, les solutions à ce constat sont loin d’être simples ou faciles à appliquer.
Nous aurions pu profiter de la situation actuelle pour élargir et élever le débat. Le problème semble avoir réglé un problème alors que c’est tout le contraire. Ces migrants ne feront que chercher d’autres points d’entrée, beaucoup plus risqués et dangereux, et ce, au péril de leur vie. On se rappellera notamment la mort de Fritznel Richard, cet haïtien qui a tenté de traverser vers les États-Unis pour rejoindre sa famille et qui en est mort gelé. D’autres drames se produiront dans l’état actuel des choses.
Une chose est sûre, le chemin Roxham n’est que l’arbre qui cache la forêt. Le fermer représente la pose d’un pansement sur une hémorragie. Sans discussion de fond sur ces questions, le pire restera, malheureusement, à venir.