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L’école doit jouer son rôle de promotion du savoir et de la curiosité lors d’une journée comme celle-ci.
8 avril 2024. Une journée très particulière dans l’univers de l’astronomie.
En effet, pour la première fois depuis 1972 et la dernière avant 2205, une éclipse solaire totale traversera le ciel québécois. Un phénomène rare qui plongera durant quelques minutes une grande partie de la province dans l’obscurité et qui sera suivi par des millions de personnes.
Quand j’étais à l’école secondaire, j’ai eu la chance d’en voir une éclipse partielle, le 3 novembre 1994. J’habitais alors au Chili et nous avions entendu parler de l’éclipse plusieurs semaines avant et quelques semaines après. Lectures, expériences scientifiques, fabrication de boîtes de visionnement et mathématiques reliées à l’éclipse! Tous les moyens étaient déployés pour profiter de l’engouement pour le phénomène et le transformer en expérience éducative.
Vous imaginez donc que quand j’ai su qu’il y avait une éclipse totale le 8 avril prochain, j’étais énervé et curieux de découvrir les activités qui seraient offertes à nos enfants sur le sujet.
Mais j’avais oublié que nous étions après une pandémie, que le ministère est débordé et que l’on n’avait pas prévu cette journée tellement prévisible au ministère de l’Éducation. Résultat: une éclipse scolaire plutôt que solaire comme l’a dit mon collègue débatteur Rodolphe Husny, puisque de nombreux centres de services scolaires ont décrété des journées pédagogiques ou tout simplement fermeront leurs écoles lors de cette journée historique.
S’il y a bien une journée durant laquelle je voudrais que mon enfant soit avec ses amis et avec des professionnels de l’enseignement, c’est bien une journée d’éclipse. Que ce soit pour poser des questions, partager avec ses amis sur le sujet, faire des bricolages ou tout simplement échanger sur le sujet, l’école doit jouer son rôle de promotion du savoir et de la curiosité lors d’une journée comme celle-ci.
Je suis d’ailleurs convaincu que les professeurs regorgent d’idées pour récupérer cette journée au bénéfice de l’apprentissage. D’ailleurs, les activités sont nombreuses lors de journées comme la Saint-Valentin, Noël ou Pâques pour ne citer que quelques fêtes célébrées en grande pompe dans les écoles.
Fermer volontairement les écoles lors d’une exceptionnelle et rarissime éclipse solaire totale, c’est comme fermer une patinoire quand il fait trop froid. R-I-D-I-C-U-L-E !
Enjeux de sécurité, transport scolaire sans contrôle, impossibilité de surveiller tous les enfants. Ce sont là quelques exemples des raisons qui sont données pour justifier la journée pédagogique du 8 avril. Et pourtant, il existe une solution très simple pour faciliter la gestion de cela: des lunettes de protection. Vous pouvez en trouver au coût de 2-3$ sur plusieurs sites internet ou dans des magasins reliés à l’astronomie. Alors la question que je me pose est assez simple.
Pourquoi les centres de services scolaires ou le ministère de l’Éducation n’ont-ils pas acheté des lunettes de protection pour tous les élèves du primaire et du secondaire?
À un prix de 5$ chaque paire de lunettes, la facture totale se situerait autour des 5 millions de dollars ! Une aubaine pour la sécurité de nos enfants et pour que l’on puisse jouer le rôle éducatif de nos écoles.
Alors que l’on vient de sortir d’un conflit terrible pour les élèves affectés par les grèves et que tous les intervenants nous ont dit vouloir mettre l’éducation en priorité, c’est triste de voir que nous préférons fermer les écoles que de créer une célébration éducative autour de l’éclipse. La peur, le manque de flexibilité des services et un manque de préparation vont priver nos enfants d’une expérience unique.
Espérons que les enfants de 2096, date de la prochaine éclipse partielle, auront droit à des gestionnaires plus accommodants ou flexibles que ceux d’aujourd’hui ! Heureusement, ils ont un peu de temps pour s’y préparer.
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