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Selon la Santé publique, pour les cas relevés au Québec, ces lésions sont situées surtout aux organes génitaux (47%), dans la région anale (26%), au torse (27%), au visage (26%), à la bouche (19%) et aux extrémités (27%).
La variole «du singe» rebaptisée «simienne» est en progression marquée au Québec et ailleurs dans le monde. Hors de l’Afrique, c’est l’épidémie la plus importante de l’histoire. Si on compare, environ 1600 cas sont actuellement recensés, contre les 70 de l’éclosion de 2003 aux États-Unis.
C’est dire qu’il se passe quelque chose, surtout à Montréal, qui semble devenue la ville la plus touchée en Amérique du Nord. Notre santé publique fait état de 132 cas en date du 14 juin 2022, dont 127 à Montréal (79 confirmés, 47 probables et 1 suspect).
La maladie se caractérise par des symptômes d’infection virale suivis d’éruptions cutanées assez spécifiques, qui se présentent sous forme de rougeurs devenant des vésicules, comme la varicelle.
Selon la Santé publique, pour les cas relevés au Québec, ces lésions sont situées surtout aux organes génitaux (47%), dans la région anale (26%), au torse (27%), au visage (26%), à la bouche (19%) et aux extrémités (27%) incluant les paumes de la main (22%) et la plante des pieds (13%).
Pour ce qui est des symptômes rapportés par ces mêmes patients, si quelques personnes ne présentent pas de symptômes généraux, plusieurs mentionnent des ganglions localisés (56%), de la fatigue (51%), des douleurs musculaires ou articulaires (40%), des maux de tête (41%), de la fièvre (38%), des douleurs dorsales (25%), une inflammation du rectum (15%) et des nausées/vomissements (10%).
Trois hospitalisations ont été dénombrées au Québec, dont deux pour des difficultés respiratoires (atteinte de la gorge) et une pour une atteinte aux yeux. Comme lors de l’éclosion de 70 cas en 2003 aux États-Unis, l’épidémie n’aurait toujours pas fait de victimes, le taux de décès en Afrique étant de l’ordre de 3 à 6%.
S’il est possible que le virus qui circule actuellement soit moins virulent, une autre hypothèse est que la capacité de soigner les complications du virus (les surinfections de la peau, les pneumonies et les encéphalites, notamment) demeure plus limitée en Afrique, expliquant un plus haut taux de mortalité.
Quoi qu’il en soit, le virus reste pour l’instant relativement bénin dans nos contrées. Pour qui souhaite en lire plus, le site de l’Organisation mondiale de la santé, régulièrement mis à jour, donne beaucoup d’information sur la maladie.
Il demeure que la progression est encore assez lente, surtout pour nous qui avons été habitués aux courbes fulgurantes de la COVID, comme en fait foi le graphique suivant, tiré du fil de @vaccintracker sur Twitter, qui compile les cas :
Évolution de cas déclarés de variole simienne au Québec. | Crédits photo: Vaccins Tracker QC | Twitter
On dirait une progression linéaire (en «ligne droite») où s’ajoutent des cas jour après jour, bien qu’en réalité, cela pourrait aussi être le début d’une propagation à bien plus grande échelle, même si moins abrupte que celle du variant Omicron de la COVID-19.
Cela justifie d’être sur un pied d’alerte, ce qui est à la fois le cas chez nous, dans beaucoup de pays (environ 40 sont actuellement touchés) et dans le monde entier, l’OMS réfléchissant actuellement à déclarer l’épidémie qui touche jusqu’ici 1600 personnes «urgence sanitaire internationale».
De fait, la progression mondiale est bien réelle, quoique graduelle, le nombre de cas par jour étant passé de 40 (fin mai) à 80 ces jours-ci. Reste à voir si cette tendance se maintiendra ou non.
Progression du nombre de par jour dans le monde. | Crédits photo: https://ourworldindata.org/monkeypox
Si la courbe est moins abrupte que pour les poussées de la COVID, c’est sans doute en raison de la moindre contagiosité du virus lui-même, mais aussi d’une longue phase d’incubation de 5 à 21 jours (le délai entre l’infection et les symptômes) bien plus que pour la COVID.
Pour l’instant, les personnes touchées appartiennent surtout à un groupe spécifique, les hommes homosexuels ayant des partenaires multiples, et non la population entière. De sorte que le virus a pour ainsi dire moins de «choix» dans les personnes qu’il peut infecter.
Sauf que la variole simienne n’est pas une ITSS proprement dite, la transmission s’effectuant plutôt par contact direct et avec les sécrétions respiratoires, aussi probablement par aérosol, comme le pense la santé publique de la Grande-Bretagne, bien que ce mode n’ait pas été mentionné par notre santé publique. Une transmission par les vêtements et les draps serait aussi possible.
On peut en effet se demander pourquoi une telle épidémie survient dans un grand nombre de pays où le virus ne s’était jamais manifesté auparavant. Cela pourrait être un effet des habitudes de voyage et des changements de comportements. On pourrait penser que le virus n’est pas exactement semblable à celui retrouvé depuis longtemps en Afrique. Est-ce qu’il aurait muté ? Il n’y a pas d’évidence en ce sens actuellement.
Enfin, si certains évoquent une faiblesse immunitaire induite chez les personnes ayant subi la COVID-19, il n’en existe aucune démonstration. Et encore moins, bien entendu, sur la myriade de théories complotistes qui ont accompagné la nouvelle épidémie.
En plus de la diffusion d’informations à propos du virus et de l’infection qu’il cause, les autorités de santé publique pratiquent une opération ciblée de vaccination, avec le vaccin contre la variole «classique», maladie disparue au début des années 1980.
Nous disposons de 40 000 doses au Québec. Jusqu’ici, 3080 ont été administrées depuis le 27 mai, recommandées pour toute personne ayant eu un contact «peau à peau» avec un cas au cours des 14 derniers jours et aux hommes ayant eu deux partenaires sexuels masculins et plus dans les deux dernières semaines.
Ce vaccin, sécuritaire pour les gens non immunosupprimés, est efficace à 85% contre la version simienne de la variole, a cessé d’être administré en 1972 en Amérique du Nord.
Peut-être qu’une des raisons expliquant la taille modeste de l’éclosion de 2003 est que toute personne de plus 30 ans était bien protégée par le vaccin, alors qu’aujourd’hui, à peu près personne de moins 50 ans ne l’a reçu. Heureusement, il fallait être prévoyant et il nous en restait quelques doses…
Le Dr Alain Vadeboncoeur abordait mardi la question de la fin de l'obligation vaccinale pour les voyageurs et les fonctionnaires et de la situation de la variole au Québec en entrevue avec Sabrina Rivet au bulletin de Noovo Le Fil 22. Voyez l'entrevue dans la vidéo ci-haut.