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Trump n’a pas manqué une occasion de rabaisser le premier ministre canadien en le surnommant «gouverneur du Canada».
Il n’a peut-être pas eu son 51e État, mais il peut savourer la démission de celui qu’il surnomme le «gouverneur du Canada».
Nous n’avons jamais eu droit à une bromance entre les deux, même pas une relation qui arrive à la cheville de ce qu’on voyait entre Barack Obama et Justin Trudeau à une certaine époque. J’ose même dire que Trump avait plus d’admiration pour Kim Jong-Un, dictateur nord-coréen, que pour notre premier ministre.
Bien sûr qu’il y a eu l’incident à la fin du G7 de Charlevoix en 2018, les commentaires de Trudeau en campagne électorale sur le retour potentiel du républicain à la Maison-Blanche, mais l’événement qui coula leur relation a été la menace d’imposer le 25% de tarifs à tous les biens venant du Canada, alors que Justin Trudeau avait, si on se fie aux sondages, déjà un genou au sol.
Voyez l'analyse du professionnel en relations publiques Raphaël Melançon avec l'experte en politique américaine Valérie Beaudoin dans la vidéo ci-contre.
S’en ai suivi le psychodrame qui alimenta l’actualité des dernières semaines. À commencer par le souper à Mar-A-Lago à la fin du mois de novembre où Trump et Trudeau ont échangé sur le sujet au tour d’un pain de viande. Lors de ce repas, Trudeau a plaidé pour l’économie canadienne et a rappelé les relations économiques extrêmement liées des deux pays voisins. C’est lors de ce même souper que Trump a lancé, à la blague, l’idée que le Canada pourrait devenir le 51e État américain and the rest is history.
Depuis ce souper, Trump n’a pas manqué une occasion de rabaisser le premier ministre canadien en le surnommant «gouverneur du Canada» et en parlant des avantages de devenir un État américain pour la population canadienne. Elon Musk, qu’on surnomme le co-président de Trump, n’a pas fait dans la dentelle. Sur X, il a parlé de Trudeau comme d’un «épais insupportable» après que ce dernier eut commenté la défaite de Harris se disant extrêmement déçu. L’homme le plus riche de la planète, ainsi que des futurs membres de l’administration Trump, n’ont pas caché leur désir de voir Pierre Poilievre à la tête du pays.
L’objectif très peu subtil de Trump était de démontrer sa supériorité face à Trudeau et de forcer la main aux Canadiens pour qu’ils plient à ses demandes. L’effet a été le suivant: le souper de Trudeau à Mar-A-Lago a été vu par plusieurs comme un dîner de con. Et tous ces éléments ont eu pour effet de mettre une pression quasi insoutenable sur notre gouvernement et d’énormes points d’interrogation quant à la capacité de Trudeau de négocier sans être respecté par son homologue.
Trudeau a démissionné, le parlement ne siège pas, l’avenir du parti Libéral est dans les limbes et une élection devrait avoir lieu sous peu. Dans ce contexte d’incertitudes, comment est-ce possible de faire avancer les intérêts des Canadiens? Il existe bien sûr un jeu de coulisse qui ne s’arrêtera pas pendant cette période houleuse, mais Trump va-t-il préférer négocier avec le prochain chef du gouvernement plutôt qu’avec une administration qui est sur le respirateur artificiel?
Le 20 janvier, journée d’assermentation de Donald Trump, est à nos portes. Les hauts fonctionnaires canadiens ainsi que les premiers ministres des provinces vont aussi devoir jouer leur part dans un ballet de négociation qui sera tout sauf tranquille.
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